Une frappe aérienne en Syrie tue un important narcotrafiquant et sa famille
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme a attribué la frappe à la Jordanie qui lutte depuis des années contre le trafic transfrontalier de stupéfiants
Une frappe aérienne a tué lundi un important narcotrafiquant et sa famille dans le sud de la Syrie, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) qui est basé au Royaume-Uni, attribuant la frappe à la Jordanie voisine qui lutte depuis des années contre le trafic transfrontalier de stupéfiants.
« Toute mesure prise en vue d’assurer notre sécurité nationale ou d’affronter toute menace sera annoncée au moment opportun », s’est borné à affirmer le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi, sans confirmer ni nier cette frappe.
« Les drogues constituent une grande menace pour le royaume, la région et le monde », a-t-il ajouté, soulignant « l’augmentation des opérations de contrebande ».
« Marai al-Ramthan, sa femme et ses six enfants ont été tués dans une frappe de l’aviation jordanienne » dans l’est de la province de Soueida, près de la frontière syro-jordanienne, a affirmé l’OSDH.
« Al-Ramthan est considéré comme étant le trafiquant de drogues, notamment de captagon, le plus connu dans la région, et le contrebandier numéro un vers la Jordanie depuis cette zone », a souligné l’OSDH qui dispose d’un vaste réseau de sources sur le terrain en Syrie.
Le captagon, amphétamine dérivée d’un médicament, est destiné essentiellement aux pays du Golfe, faisant de la Jordanie une voie de transit pour son commerce.
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« Personne ne pouvait faire passer quoi que ce soit à travers la frontière à l’insu de al-Rathman », a déclaré, sous couvert d’anonymat, à l’AFP un activiste de la province syrienne de Soueida.
« Cette frappe devrait avoir un impact considérable sur les opérations de contrebande », a-t-il indiqué, ajoutant que plusieurs trafiquants de la région avaient fui leur domicile après le raid.
« Renforcer la coopération »
Une enquête de l’AFP en novembre avait révélé que le captagon avait fait de la Syrie un narco-État avec une industrie illégale de plus de 10 milliards de dollars, qui soutient le régime du président Bashar el-Assad, mais aussi plusieurs de ses adversaires.
Le 1er mai, lors d’une rencontre réunissant des ministres arabes des Affaires étrangères à Amman, Damas s’est dit prêt à « renforcer la coopération » avec les pays voisins « affectés par le trafic de drogues et la contrebande à travers la frontière syrienne ».
La Syrie coopérera avec la Jordanie et l’Irak pour identifier les sources de production de drogue et du trafic depuis ses frontières, avait alors indiqué un communiqué officiel publié à Amman à l’issue de la réunion.
Les trois pays s’engagent aussi, selon le communiqué, à « prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux opérations de contrebande ».
L’année dernière, l’armée jordanienne avait fait état d’un trafic de drogue devenu « plus organisé » à travers la frontière syro-jordanienne, avec la protection de groupes armés.
Lors des deux premiers mois de 2022, Amman a déjoué des opérations de contrebande de plus de 16 millions de pilules de captagon.
La Jordanie a déjà mené des frappes ciblant des narcotrafiquants en Syrie, certaines remontent à 2014.
Dimanche, la Ligue arabe a réintégré en son sein le régime syrien, qui avait été écarté de l’organisation en 2011 après le début de la guerre civile en Syrie.