Une galerie allemande restitue des portraits volés aux héritiers d’un marchand d’art juif
Les nazis avaient saisi la prestigieuse maison d'édition et la galerie d'art de Bruno Cassirer en 1938 ; les œuvres de Max Liebermann et Max Slevogt seront exposées dans un musée national

Deux tableaux spoliés par les nazis ont été restitués par la plus grande fondation culturelle d’Allemagne et seront exposés dans un musée national.
La Stiftung Preussischer Kulturbesitz (SPK) a annoncé lundi avoir restitué les deux œuvres aux héritiers du marchand d’art et éditeur berlinois Bruno Cassirer. La fondation a ensuite racheté les tableaux, qui seront exposés à l’Alte Nationalgalerie, sur l’île aux musées de Berlin.
Le Portrait de Bruno Cassirer de Max Liebermann rejoindra dès mardi l’exposition permanente du musée. Quant à Le père de Bruno Cassirer sur son lit de mort, de Max Slevogt, il sera présenté au public l’an prochain.
Bruno Cassirer, né à Breslau en 1872, était une figure influente du monde de l’art berlinois, à la tête d’une maison d’édition prestigieuse et d’une galerie située dans le quartier de Tiergarten, où il représentait notamment Max Liebermann et Max Slevogt. Après la prise de pouvoir par les nazis en 1933, Cassirer a été persécuté en raison de ses origines juives et radié de la Chambre de littérature du Reich. Contraint à l’exil, il a émigré en Angleterre en 1938. Ses biens, dont sa collection d’art, ont été confisqués et vendus aux enchères par le régime nazi. Cassirer est décédé à Oxford en 1941.
Les deux tableaux avaient été acquis dans les années 1960 par les musées d’État de Berlin-Ouest auprès du marchand d’art et éditeur Wolfgang Gurlitt. Bien qu’aucune de ces œuvres ne portait de marque de provenance directement liée à Cassirer, des preuves substantielles indiquent que Gurlitt les avait achetées lors d’une vente forcée de la collection Cassirer en 1944.
Fin 2023, la SPK a contacté les héritiers de Cassirer au sujet des deux tableaux et a conclu avec eux un accord équitable pour leur rachat, a précisé la fondation. Celle-ci, qui gère les principaux musées, bibliothèques et archives de Berlin, avait déjà restitué plusieurs œuvres aux héritiers en 2002 et en 2016.
« La Fondation du patrimoine culturel prussien assume sa responsabilité face aux crimes commis par l’Allemagne sous le régime national-socialiste », a déclaré Martin Hoernes, secrétaire général de la Fondation Ernst von Siemens pour l’art. « ‘Le portrait de Bruno Cassirer’ par Max Liebermann restera ainsi une œuvre essentielle de l’exposition. »