Israël en guerre - Jour 398

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Une « marche pour la paix » interconfessionnelle pour contrer la marche des drapeaux

Des responsables religieux libéraux - Juifs, musulmans, chrétiens et druzes - dénoncent une rhétorique religieuse faisant la promotion de la guerre

Les leaders religieux à la tête d'une marche interconfessionnelle en soutien à la paix et aux droits de l'Homme dans la rue Jaffa, à Jérusalem, le 3 juin 2024. (Crédit : Jacob Lazarus/Rabbis for Human Rights)
Les leaders religieux à la tête d'une marche interconfessionnelle en soutien à la paix et aux droits de l'Homme dans la rue Jaffa, à Jérusalem, le 3 juin 2024. (Crédit : Jacob Lazarus/Rabbis for Human Rights)

Environ 200 personnes – avec en tête de cortège des rabbins, des sheikhs ou des prêtres – ont défilé lundi soir dans le centre de Jérusalem, pour afficher une solidarité interconfessionnelle contre la guerre actuellement en cours à Gaza et contre la marche des drapeaux prévue mercredi à l’occasion de Yom Yerushalayim.

Selon les organisateurs de ce défilé interconfessionnel, la marche des drapeaux est devenue « un symbole de violence et de l’occupation » au fil des années. Cette dernière attire, chaque année, des milliers d’Israéliens appartenant au mouvement nationaliste-religieux et elle est souvent marquée par des discours de haine et par des actes de violences à l’encontre des Palestiniens.

« Nous avons décidé de mettre en place une marche, tous ensemble, qui transmet le message opposé – un message de paix, de justice et d’égalité », a déclaré le directeur du groupe Rabbis for Human Rights, Avi Dabush, évacué du kibboutz Nirim qui a survécu au massacre perpétré par le groupe terroriste du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre.

Les participants se sont retrouvés sur la place Sion, dans le centre-ville, où une série de discours ont d’abord été prononcés. Ils ont ensuite défilé dans la rue Jaffa, chantant des chansons israéliennes sur la paix comme « Salam » ou « Shir LaShalom » en marchant.

Contrairement à la marche des drapeaux, le cortège n’est pas entré dans la Vieille Ville, et l’événement s’est terminé devant la porte de Jaffa avec de nouveaux discours et des prières conjointes en hébreu et en arabe.

C’était la deuxième édition de la marche – la première avait été organisée, l’année dernière, à peu près au moment de Yom Yerushalayim. L’activiste de la paix Vivian Silver, assassinée pendant l’attaque sanglante du 7 octobre et cofondatrice de l’organisation Women Wage Peace, qui parraine la marche, y avait alors assisté.

Vivian Silver, militante israélienne pour la paix née au Canada, dont il a été confirmé qu’elle a été tuée dans sa maison du kibboutz Beeri par des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. (Autorisation)

« Vivian Silver, que sa mémoire soit une bénédiction, nous avait toujours enseigné qu’il n’y a rien de plus précieux que le chemin de la paix, que la paix doit toujours être la voie à suivre », a déclaré Dabush.

Ghadir Hani, une amie de Silver, elle-même membre de Women Wage Peace, a prononcé un court éloge funèbre.

« Vivian, qui se battait depuis des années pour mettre un terme à ce conflit, en a finalement été la victime… Nous continuerons à suivre le chemin qu’elle avait emprunté jusqu’à ce qu’il y ait la paix », a-t-elle déclaré.

Avant le départ des participants de la place Sion, des intervenants d’origine juive, musulmane, chrétienne et druze ont prôné la paix et les droits de l’Homme en tant que valeurs religieuses – un grand nombre appelant par ailleurs à la fin de la guerre que mène Israël contre le groupe terroriste du Hamas à Gaza, une guerre qui dure depuis huit mois. Le conflit avait commencé lorsque les hommes armés du Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël, le 7 octobre, semant la désolation. Ils avaient tué près de 1200 personnes et kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage au sein de l’enclave côtière. 120 otages se trouveraient encore dans les geôles du Hamas et tous ne seraient plus en vie.

« Nous sommes ici aujourd’hui pour prier pour que les effusions de sang se terminent enfin, pour le retour des otages et pour que les vies des Gazaouis puissent être sauvées », a continué Hani.

« Il faut beaucoup de courage pour continuer à croire en Dieu et à croire aux êtres humains dans cette période difficile », a indiqué Dabush, qui a ajouté que « nous n’avons pas d’autre choix que de joindre nos forces afin de créer un miracle, de changer et de rectifier les choses. Afin de transformer le sang en eau pure et la guerre en paix ».

« Cela fait de nombreuses années que nous essayons la guerre. Cela n’a rien donné », a dit aux personnes présentes Ibtisam Mahameed, une militante pour la paix arabe israélienne originaire du nord du pays, après une prière qu’elle a prononcée avec le rabbin Tamar Elad-Applebaum. « Cela fait 70 ans que nous essayons alors pourquoi ne pas essayer la paix ? »

Le rabbin Tamar Elad-Applebaum, à gauche, et Ibtisam Mahameed récitent une prière conjointe en hébreu et en arabe au début d’une marche interconfessionnelle à travers Jérusalem, le 3 juin 2024. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

La marche qui a suivi s’est caractérisée par l’absence de slogans bruyants ou de panneaux brandis à bout de bras, comme c’est le cas dans la majorité des manifestations. Les personnes présentes ont chanté avec ferveur, une grande partie portant des vêtements religieux. Le cortège n’a pas entraîné de perturbations et à chaque fois que le tramway est arrivé, les partisans sont montés sur les trottoirs pour le laisser passer.

A la porte de Jaffa, qui était la fin du parcours, les participants ont écouté une intervention de Leah Shakdiel, activiste pour la paix juive, qui a dénoncé l’utilisation de la rhétorique religieuse pour faire la promotion de la guerre.

« Il y a des personnes qui utilisent les différentes religions pour créer une séparation et de la haine entre les êtres humains, pour propager le désir que peuvent avoir les êtres humains à se dominer, les uns les autres ; ils utilisent la rhétorique religieuse pour justifier les violences et les guerres, pour nourrir les sentiments de vengeance », a-t-elle expliqué. « Nous défilons aujourd’hui pour crier d’une voix forte parce que c’est un péché immonde d’utiliser la foi en Dieu et dans les écritures offertes au monde dans le but de semer la destruction et la dévastation ».

L’événement s’est terminé aux abords de la porte de Jaffa, sous la chaleur étouffante de cette fin d’après-midi de lundi, par un concert offert par le chœur des jeunes de Jérusalem.

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