Une pièce d’or de 1 600 ans à l’effigie de Théodose II découverte par des élèves
Le gouverneur byzantin avait créé en 438 le Theodosianus ou Code théodosien, qui renfermait les décisions impériales romaines promulguées par Théodose et ses prédécesseurs
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Une pièce d’or vieille de 1 600 ans et extrêmement rare de l’empereur byzantin qui avait fait des Juifs des citoyens de seconde zone sur la terre d’Israël a été découverte – et, de manière assez ironique, à proximité d’une nouvelle piste de randonnée élaborée en commémoration du Sanhédrin que le gouvernant avait aboli. C’est la première fois qu’une telle pièce est découverte en Israël, selon un communiqué de presse émis par l’Autorité israélienne des antiquités (IAA), mardi.
Au mois de février, quatre adolescents avaient trouvé la pièce alors qu’ils participaient à une course d’orientation dans les champs bordant la rivière Zippori, en Galilée. Ces lycéens – Ido Kadosh, Ofir Sigal, Dotan Miller et Harel Grin – ont tout de suite compris qu’il ne s’agissait pas d’une pièce ordinaire et ont immédiatement informé leur professeur d’histoire et géographie Zohar Porshyan de leur trouvaille. Ce dernier a alors contacté l’Autorité israélienne des antiquités.
Ces élèves de troisième ont reçu les félicitations officielles de l’IAA au lycée Haemeq Hamaaravi, situé dans le kibboutz Yifat, dans la vallée de Jezreel. La pièce a été transférée aux trésoreries de l’Etat.
Le recto du solidus – une pièce en or massif d’un poids de 4,5 grammes approximativement, frappée à la fin de l’empire romain-début de la l’ère byzantine – est à l’effigie de l’empereur Théodose II. Le verso est illustré de la déesse Victoire, tenant le bâton de la croix.
Selon la docteure Gabriela Bijovsky, spécialiste en numismatique à l’IAA, « la pièce d’or est un solidus frappé sous le règne de l’empereur Théodose II à Constantinople (dorénavant Istanbul) aux environs des années 420-430 de l’ère commune. Des pièces similaires ont été trouvées dans l’empire byzantin oriental, mais c’est la première de ce type à être découverte en Israël ».
L’empereur Théodose II (401-450) avait commencé à régner sur Byzance, partie orientale de l’empire romain dont la capitale était Constantinople, à l’âge de sept ans. Son nom est inscrit dans le Codex Theodosianus ou Code de Théodose, qui renfermait toutes les décisions impériales romaines que Théodose avait promulguées et celles antérieures.
Malheureusement pour les Juifs de l’époque, qui avaient bénéficié d’une liberté relative, le Code avait officiellement rétrogradé leur statut.
Même si la pièce dépeint la déesse romaine Victoire, Théodose était un défenseur de la loi chrétienne qui promut le christianisme et banni le paganisme. Il avait fait du christianisme orthodoxe oriental la religion officielle de l’empire. Les droits de Juifs avaient alors été circonscrits. Ils étaient interdits de service civil et militaire – à l’exception de la profession ingrate de collecteur d’impôts – et la construction de synagogues avait été prohibée.
Le Code détournait également les impôts versé au chef du Sanhédrin, ce qui entraîna l’abolition finale du conseil légal juif. C’est Gamliel VI (400–425) qui avait été le dernier détenteur de l’office de Nassi.
« L’empereur Théodose II a aboli le poste de ‘Nassi’, le chef du conseil du Sanhédrin, et a décrété que les contributions financières des Juifs au Sanhédrin devait être transférées à la trésorerie impériale », explique Yair Amitzur, archéologue en chef de l’IAA sur la piste de randonnée consacrée au Sanhédrin.
« Ce sentier de randonnée initié par l’IAA raconte l’histoire du la gouvernance juive en Galilée au moment de la Mishnah et du Talmud pendant les périodes romaine et byzantine. Il est symbolique que cette pièce d’or découverte à côté de la piste reflète la période d’événements dramatiques – lorsque le Sanhédrin a cessé d’opérer en Galilée et que le centre de la vie juive a été transféré depuis la Galilée vers Babylone », ajoute l’archéologue.
Les lycéens ont montré à l’archéologue Nir Distelfeld, inspecteur dans la lutte contre les vols à l’Autorité israélienne des antiquités, l’endroit où la pièce a été trouvée.
« Il est peu commun de retrouver une pièce d’or dans la mesure où elles étaient très précieuses, et où les gens veillaient à ne pas les perdre. Je salue ces élèves et leur enseignant pour leur geste citoyen », a-t-il commenté.