Israël en guerre - Jour 346

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Une vidéo montre des extrémistes israéliens attaquer des Palestiniens en Cisjordanie

Des hommes armés entrent dans les maisons de ce village de la vallée du Jourdain, harcelant les habitants ; les violences commises par les résidents d'implantation ont augmenté depuis l'assaut du 7 octobre

Des résidents d'implantation masqués jettent des pierres sur des habitations palestiniennes à Burin, un village de la Cisjordanie, le 3 mars 2023. (Crédit : Yesh Din)
Des résidents d'implantation masqués jettent des pierres sur des habitations palestiniennes à Burin, un village de la Cisjordanie, le 3 mars 2023. (Crédit : Yesh Din)

Des images semblent montrer des partisans extrémistes du mouvement pro-implantation israéliens, armés, entrer de force dans les habitations du village de Muarrajat, dans la vallée du Jourdain, et harcelant les habitants, mardi soir.

Ainsi, sur une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, plusieurs individus armés et portant des vêtements de couleur kaki entrent dans une habitation palestinienne, hurlant en hébreu et raillant les résidents.

Plusieurs hommes palestiniens sont également présents, un bâton à la main, le visage caché alors que le visage des Israéliens reste clairement visible.

A un moment, l’un des Israéliens frappe un Palestinien à l’estomac avec la crosse de son arme avant de pointer cette dernière en direction de l’homme qui prend la fuite.

La police et l’armée n’avaient pas répondu à notre demande de commentaire au moment de la rédaction de cet article.

L’incident a eu lieu au cours d’une nuit de tensions en Cisjordanie, alors que les forces israéliennes de sécurité ont tué deux terroristes de premier plan à Jénine et que des affrontements ont éclaté dans le secteur dans le cadre de cette opération. Des hommes armés palestiniens ont ouvert le feu sur les soldats, qui ont aussi été la cible d’explosifs.

Dans les semaines qui ont suivi le massacre qui a été commis par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre – 3000 terroristes avaient franchi la frontière et étaient entrés dans le sud du pays où ils avaient tué environ 1200 personnes, des civils en majorité – les Palestiniens dénoncent une répression sévère qui s’exercerait à l’encontre des civils en Cisjordanie qui, affirment-ils, sont attaqués et harcelés de manière répétée par les extrémistes juifs.

Selon des groupes comme Btselem et La Paix Maintenant – qui s’opposent au contrôle israélien en Cisjordanie – et selon le Bureau de Coordination des Affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), cette vague de harcèlement a entraîné l’exode de centaines de Palestiniens qui vivaient dans des communautés rurales vulnérables et qui ont quitté leurs habitations.

Depuis le 7 octobre, les troupes israéliennes ont arrêté 2 000 Palestiniens qui étaient recherchés dans toute la Cisjordanie, dont plus de 1 100 étaient affiliés au Hamas. Selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne, ce sont environ 200 Palestiniens qui ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie et par des partisans extrémistes du mouvement pro-implantation dans certains cas.

Selon les estimations faites par l’armée, la vaste majorité des 200 Palestiniens qui ont trouvé la mort, depuis le 7 octobre, ont été abattus pendant des affrontements entraînés par les raids de Tsahal. Environ 60 % d’entre eux, selon des données qui ont été vues par le Times of Israel, étaient armés – soit d’une arme à feu, soit d’un explosif.

L’armée a connaissance d’au moins trois cas de Palestiniens qui n’étaient pas impliqués dans des hostilités et qui ont été tués par les soldats, ces dernières semaines, et de quelques cas de partisans extrémistes du mouvement pro-implantation qui ont abattu des Palestiniens – avec des enquêtes qui sont encore en cours.

L’organisation Yesh Din a fait savoir qu’il y avait eu plus de 185 attaques perpétrées par des résidents d’implantation contre des Palestiniens dans plus de 84 villes et villages de tout le territoire, depuis le 7 octobre.

Jeudi, la Douzième chaîne a annoncé que selon un document classifié, le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, avait exercé des pressions au sommet de la hiérarchie policière, en Cisjordanie, de manière à ce que les forces de l’ordre laissent tranquille les extrémistes qui se rendent coupables de délits à l’encontre des Palestiniens.

Le chef de la police israélienne Kobi Shabtaï, deuxième à gauche, et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir lors d’une cérémonie de passation de pouvoir pour le chef de la police de Tel Aviv, à Tel Aviv, le 19 juillet 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Si la police a démenti cette information, qu’elle a indiqué ne jamais avoir reçu de telles instructions et qu’elle faisait appliquer la loi de façon impartiale dans les dossiers de crimes nationalistes, Ben Gvir, pour sa part, n’a pas nié cette affirmation. Dans une réponse, le ministre a dénoncé « une campagne médiatique mensongère lancée à l’encontre des résidents des implantations et de moi-même ».

« La police, en Judée-Samarie, fait appliquer la loi sans compromission contre ceux qui jettent des pierres et des cocktails Molotov quotidiennement avec pour objectif de tuer des Juifs », a écrit Ben Gvir, utilisant le nom biblique de la Cisjordanie. « L’usage de la force publique contre les vrais criminels continuera avec plus de vigueur encore. »

Yesh Din a répondu dans un communiqué que « les délinquants juifs, en Cisjordanie, bénéficient de manière répétée de l’indulgence de la police et de son soutien, souvent de façon silencieuse ou par le biais d’une coopération plus active avec les forces militaires sur le terrain – ce que ces délinquants interprètent comme une autorisation tacite qui leur donne le droit de continuer à commettre des crimes contre les Palestiniens ».

L’une des principales inquiétudes des organisations de défense des droits de l’Homme israéliennes dans ce dossier des violences faites aux Palestiniens, depuis le 7 octobre, a été l’établissement, par l’armée, de six bataillons de défense régional qui regroupent des bénévoles et dont la mission est d’aider à protéger les implantations de Cisjordanie.

Un soldat réserviste armé et masqué appartenant aux nouveaux « bataillons de défense régionale » harcèle des Palestiniens dans le village d’A-Tuwani, dans le sud des collines de Hébron, en Cisjordanie, le 12 novembre 2023. (Capture d’écran : Yesh Din)

Suite au massacre du Hamas, dans le sud d’Israël, de nombreux membres des brigades de sécurité civile qui assurent la protection des implantations ont été mobilisés par l’armée pour l’opération menée dans la bande de Gaza ou sur la frontière que partage l’État juif avec le Liban, dans le nord du pays. Pour compenser cette perte de personnel, de nouveaux bataillons régionaux de défense ont été créés par Tsahal. Ils regroupent des volontaires qui habitent les implantations, éligibles à cette mission, ainsi que des personnes qui vivent sur le territoire souverain d’Israël. Tous ont suivi une formation militaire.

Selon les activistes, cette situation trouble les lignes entre les habitants d’implantations et les militaires et permet dorénavant aux extrémistes du mouvement pro-implantations d’utiliser leur tout nouveau statut pour harceler et agresser les Palestiniens.

Deux réservistes appartenant à ces brigades ont été récemment exclus par Tsahal après des images où il apparaissaient dans une école palestinienne du sud des collines de Hébron, harcelant les personnes présentes. L’armée avait fait savoir qu’ils avaient agi en violation des ordres et des procédures de Tsahal.

« Il y a des partisans violents du mouvement pro-implantations qui, il y a deux ou trois mois, attaquaient les communautés palestiniennes, les persécutaient pour leur faire quitter leurs terres. Aujourd’hui, les mêmes sont recrutés au sein de l’armée ; ils portent l’uniforme et ils ont une arme ; ils bénéficient d’une pleine autorité en tant que soldats et ils font très exactement la même chose », déplore Yehuda Shaul, co-directeur du think-tank pacifiste Ofek.

« C’est ainsi que nous en sommes arrivés à ce qui prévaut aujourd’hui sur le terrain, où il n’y a plus rien ou presque qui fait barrière entre les Palestiniens et les résidents d’implantations violents, et où ces derniers agissent avec une impunité encore plus grande que cela pouvait être le cas auparavant », ajoute-t-il.

Jeremy Sharon et Emanuel Fabian ont contribué à cet article.

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