USA: Abbas se sert des fonds destinés aux hôpitaux pour payer les terroristes
Le Département d'Etat ne veut plus financer les hôpitaux de l'AP à Jérusalem et invoque l'allocation mensuelle que va verser Abbas à la famille de l'assassin d'Ari Fuld, né aux USA
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

WASHINGTON – L’administration Trump a déclaré jeudi que la décision des Palestiniens de payer la famille d’un terroriste qui a tué un Israélien d’origine américaine la semaine dernière démontrait que les États-Unis avaient eu raison de réduire le financement des hôpitaux à Jérusalem-Est.
La porte-parole du département d’État, Mme Heather Nauert, a déclaré que les États-Unis n’avaient aucune raison de financer les hôpitaux alors que cela a simplement permis à l’AP de libérer des fonds pour soutenir des terroristes et leurs familles.
« Le gouvernement des États-Unis ne pense pas qu’il soit de son ressort de payer les factures d’hôpital », a déclaré Mme Nauert à des journalistes. « L’Autorité palestinienne (AP) est la seule et unique [entité] responsable du financement des soins prodigués aux Palestiniens dans ces hôpitaux. Depuis toujours, ils ne règlent pas les factures de leurs hôpitaux. Notre financement dans le passé les a généreusement soutenus ».
L’AP, poursuit-elle, n’a pas fait du paiement de ses dettes sa priorité et a plutôt consacré les fonds au financement des allocations versées aux familles des terroristes.

Ces propos ont été tenus après que le Times of Israel a rapporté mercredi que la famille de Khalil Jabarin, le terroriste de 17 ans qui a poignardé à mort ce dimanche Ari Fuld, né aux États-Unis, serait éligible à un salaire mensuel versé par l’AP dès que les papiers nécessaires seront prêts.
L’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman, a fustigé jeudi dernier l’AP concernant les allocations, déclarant que ces paiements étaient « inadmissibles » et que la pratique de l’AP de verser des pensions aux terroristes et leurs familles constitue un obstacle à la paix.
« La Commission palestinienne des affaires pénitentiaires a confirmé que la famille du terroriste qui a assassiné Ari Fuld est ‘éligible à recevoir un salaire mensuel’ en compensation de son incarcération », a déclaré Friedman sur Twitter. « Cette pratique est inadmissible et doit cesser pour qu’il y ait un espoir de paix ».
The Palestinian Prisoner Affairs Commission has confirmed that the family of the terrorist who murdered Ari Fuld is “eligible to receive a monthly salary” as compensation for his incarceration. This practice is unconscionable and must stop if there is to be any hope for peace.
— Ambassador Jack Lew (@USAmbIsrael) September 20, 2018
S’adressant au Times of Israel, un porte-parole de la Commission des affaires pénitentiaires de l’Autorité palestinienne avait précédemment démenti un rapport télévisé israélien selon lequel l’AP avait déjà envoyé une avance de plusieurs milliers de shekels à la famille Jabarin, mais avait précisé que ces paiements mensuels réguliers seraient finalement effectués.

« Notre soutien à nos prisonniers est assumé et n’est pas un secret », a déclaré le porte-parole, Hassan Abed Rabbo. « La famille [Jabarin] aura droit à un salaire mensuel de 1 400 shekels (350 euros) si leur fils n’est pas libéré par Israël et si elle remplit tous les documents nécessaires ».
Abd Rabbo a également déclaré que si Jabarin reste en prison pendant plusieurs années, la somme que sa famille perçoit sera augmentée.
« Nous avons entendu cette information », a dit Mme Nauert. « Nous sommes en train d’enquêter là-dessus. Nous condamnons l’Autorité palestinienne pour la rétribution des familles des terroristes ».
« L’argent est fongible », a-t-elle déclaré en citant le Taylor Force Act, une loi récemment adoptée, que Trump a promulguée plus tôt cette année. « L’argent que nous allouons à différentes entités ou groupes au sein de l’Autorité palestinienne peut être utilisé pour d’autres choses, et c’est ce que nous constatons ».
« Nous espérons que l’Autorité palestinienne choisira de dépenser son argent pour sa population à l’hôpital. Les États-Unis ne doivent plus payer cette facture », a ajouté Mme Nauert.

Le Taylor Force Act, du nom d’un Américain tué par un terroriste palestinien à Tel-Aviv en 2016, interdit au gouvernement américain de fournir une aide à l’Autorité palestinienne tant que cette dernière ne cessera pas de verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles.
Plus tôt ce mois-ci, l’administration Trump a annoncé qu’elle mettrait un terme au versement de 25 millions de dollars d’aide aux hôpitaux de Jérusalem-Est, et que cet argent serait consacré à d’autres « priorités » régionales.
Ces restrictions interviennent alors que les États-Unis réduisent leur soutien financier aux Palestiniens, y compris à l’Autorité palestinienne elle-même et à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.

La Maison Blanche a indiqué que ces fonds resteront bloqués jusqu’à ce que les Palestiniens reprennent contact avec l’administration pour négocier un accord de paix israélo-palestinien.
Selon le ministère israélien de la Défense, en 2017 l’Autorité palestinienne a versé 687 millions de shekels (172 millions d’euros) au « Fonds des familles des martyrs » et 550 millions de shekels (137 millions d’euros) au Club des prisonniers palestiniens – soit environ 7 % de son budget global.
Les prisonniers palestiniens purgeant des peines de 20 à 30 ans de prison pour avoir perpétré des attentats terroristes ont droit à une allocation mensuelle à vie de 10 000 shekels (2 500 euros), selon le ministère de la Défense, qui cite des chiffres communiqués par l’AP. Les détenus condamnés à une peine de trois à cinq ans reçoivent un salaire mensuel de 2 000 shekels inuit (500 euros). Les prisonniers palestiniens qui sont mariés, ont des enfants, vivent à Jérusalem ou ont la citoyenneté israélienne reçoivent des sommes supplémentaires.
Adam Rasgon a contribué à cet article.
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