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Virus : comment préserver sa famille et son mariage pendant le confinement

Une psychologue clinicienne et thérapeute conjugal donne des astuces pour vous aider à survivre aux nouvelles pressions suscitées par la pandémie

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des enfants israéliens regardent le Premier ministre Benjamin Netanyahu en train de faire une conférence de presse sur les nouvelles restrictions gouvernementales imposées au public concernant le COVID-19 le 19 mars 2020. (Photo par Chen Leopold/Flash90)
Des enfants israéliens regardent le Premier ministre Benjamin Netanyahu en train de faire une conférence de presse sur les nouvelles restrictions gouvernementales imposées au public concernant le COVID-19 le 19 mars 2020. (Photo par Chen Leopold/Flash90)

Vous devenez fou, enfermé chez vous ? Les enfants vous tapent sur les nerfs ? Votre mari n’assume pas sa part de tâches ménagères ? Votre épouse se plaint sans discontinuer ?

Le Times of Israel a interrogé Irit Kleiner-Paz, psychologue clinicienne et thérapeute conjugal de Tel Aviv, pour obtenir des conseils qui vous permettront de traverser le confinement imposé par la pandémie de coronavirus et de conserver intacts vos liens familiaux et conjugaux.

Times of Israel : Docteure Kleiner-Paz, que pouvez-vous conseiller aux couples parents de jeunes enfants qui sont actuellement confinés chez
eux ?

Kleiner-Paz : Être confiné à domicile avec de jeunes enfants semble être la situation la plus difficile. Les jeunes enfants ont besoin d’espace et de sortir.

Dans ma profession, on commence par un diagnostic. C’est très important d’identifier les problèmes qui se posent. Le coronavirus nous touche tous de façons différentes.

Avant de nous rendre au supermarché, nous réexaminons ce dont nous avons besoin. Et c’est la même chose ici. Soyez votre propre psychologue. Regardez ce qui est à l’intérieur de vous-même, réfléchissez à vos besoins en tant que mère ou que père et réfléchissez aux besoins de vos enfants. Peut-être la maison paraît-elle trop petite ? Peut-être que votre petit garçon de trois ans a besoin d’action, et que votre fille de 12 ans a, pour sa part, besoin d’intimité ?

Sachez entrevoir ce moment de qualité en tête à tête, réalisez tout ce que vous savez en fin de compte lorsqu’il s’agit de divertir les enfants sans recourir à la télévision. Ce n’est pas facile pour une mère ou un père de se transformer soudainement en instituteur. Allez sur internet et informez-vous sur les jeux appropriés pour un enfant de trois ans. La situation exige de chacun d’entre nous, de tous les parents, de développer des compétences que nous n’avons pas – c’est particulièrement le cas quand nous avons une baby-sitter et que nous rentrons du travail le soir à 19 heures.

La psychologue clinicienne et thérapeute conjugal, Dr Irit Kleiner-Paz. (Autorisation)

Par-dessus tout, soyez honnêtes avec vous-même. Comprenez que vous êtes habitués à un style de vie et que vous pouvez devoir rencontrer une autre réalité qui vous surprend et qui vous déstabilise.

Si vous avez été habitué à prendre vos repas à l’extérieur, par exemple, exploitez ce moment où vous vous trouvez à la maison et apprenez à cuisiner ! Si l’évier se bouche, allez sur internet et apprenez à le réparer !

Vous pouvez aussi apporter les compétences que vous utilisez au travail dans votre foyer. Peut-être savez-vous gérer une entreprise ? Organisez une réunion avec la famille !

Des enfants israéliens portent des masques de protection à Hadera, le 23 mars 2020. (Chen Leopold/Flash90)

Tentez de mettre en place une routine. Elle aide à apaiser les choses, surtout avec les petits enfants. A la crèche, il y a une routine. On peut décider, par exemple, qu’il y aura une heure d’apprentissage tous les jours. L’enfant, aussi jeune soit-il, peut faire un jeu stimulant ou apprendre à compter tandis que les enfants plus âgés peuvent faire leurs devoirs. Ils protesteront dans un premier temps, mais si les deux parents s’unissent et qu’ils insistent, cela pourra aider l’enfant. Veillez également à mettre un soupçon de nouveauté dans la routine à chaque fois.

Je recommande que les couples organisent, une fois par jour, une sorte de réunion de gestion. Pour qu’ils réfléchissent à ce qui a fonctionné, à ce qui n’a pas marché, et pour mettre en place le programme du lendemain – c’est important pour la survie. C’est un peu comme à l’armée. Pendant la guerre, les équipes font le point quotidiennement, elles tirent les enseignements nécessaires et elles élaborent des plans pour le lendemain.

Ne laissez pas vos enfants assister à vos disputes. (RomoloTavani/iStock/Getty Images)

Ce qui est crucial, c’est de rester concentré et de ne pas attaquer ou critiquer l’autre. Il faut mettre la colère, la déception ou toute attente vaine de côté. Arrêtez-vous à temps si possible, et si ce n’est pas le cas, allez sur internet chercher un thérapeute conjugal – et faites-le dans la voiture, à l’écart des enfants !

A VOIR : Une mère israélienne se lâche sur l’enseignement en ligne dans une vidéo virale

Vous ne pouvez pas laisser vos enfants vous voir critiquer ou humilier votre conjoint et vice-versa. Si une épouse, pas exemple, a le sentiment que son mari n’assume pas sa part de tâches, ce n’est pas le moment de se jeter là-dedans.

Il y a beaucoup de craintes et d’incertitudes qui entourent ce virus. Comment les familles doivent-elles gérer cela ?

Avec votre conjoint et vos enfants plus âgés, efforcez-vous de ne pas seulement vous intéresser à ce que chacun veut ou espère au cours de cette période, mais également aux craintes qu’ils nourrissent et parlez-en. Il y a la peur de la pauvreté, de ne pas avoir suffisamment d’argent. J’entends que de nombreuses femmes redoutent de prendre du poids. Les adolescents, pour leur part, s’inquiètent à l’idée d’être séparés de leurs amis et de ne pas trouver l’amour. Certains ont des craintes dystopiques lorsqu’ils aperçoivent un barrage établi par la police de l’autre côté de leur fenêtre [pour garantir le respect des mesures relatives au confinement de la population] ou lorsqu’ils entendent que les services de sécurité contrôlent nos mouvements par le biais de nos téléphones. Les enfants craignent que leurs parents soient contaminés. Et des phobies particulières peuvent s’exacerber. Ceux qui ont la phobie des germes et des maladies sont aujourd’hui dans une situation terrible, qui peut aller jusqu’à les paralyser.

Être coincé chez nous nous donne de nouvelles opportunités pour faire preuve de créativité. (Yakobchuk Olena / iStock / Getty Images)

Mais c’est également un moment où il est possible de se laisser à davantage d’ingéniosité, à plus de créativité, c’est un moment pour réfléchir hors des sentiers battus. Mais pour être créatif, il ne faut pas être anxieux. La perte de contrôle et la certitude entraînent de l’anxiété. Ma fille est allée sur internet pour demander des puzzles, par exemple. Ils sont très relaxants et très appropriés à ces journées vides que nous traversons. Les idées naissent de la nécessité et avoir quelque chose de concret à faire nous donne le sentiment de ne pas être impuissants. Nous pouvons créer, apprendre et trouver des solutions pour ici et maintenant.

Quels conseils avez-vous à donner aux couples ?

La manière dont nous nous parlons l’un à l’autre est absolument déterminante. Comment est-ce que je me sens ? De quoi ai-je besoin ? Je crois que nous traversons une crise économique. Je crois qu’il y a quelque chose à faire pour empêcher cela, ou qu’il n’y a rien à faire. N’attaquez pas l’autre, ne cherchez pas la manière dont l’autre pourrait mal se comporter.

Des Israéliens font du sport à la maison à Jérusalem, le 26 mars 2020. Le gouvernement a ordonné un confinement partiel afin d’empêcher la propagation du coronavirus. (Yossi Zamir/Flash90)

Deux des éléments les plus problématiques, pour les couples, sont l’argent et les rapports sexuels. Les deux créent énormément de stress, et il s’avère très difficile d’en parler.

Alors commençons par l’argent.

La situation idéale, pour un couple, est de communiquer quotidiennement concernant l’argent. Dire : « OK, ce mois-ci, on a eu un surplus de dépenses, on va tenter de moins acheter » ou « je gagne moins maintenant, comment on va s’adapter ? » Mais peu de couples le font. Il y a quelque chose de très difficile dans la gestion du budget de la famille. Peut-être que le mari gagne plus que son épouse et qu’elle ne sait pas la somme exacte qui tombe dans le compte en banque. Peut-être qu’elle dépense plus parce que c’est elle qui fait toutes les courses et que quand son conjoint voit les factures en fin de mois, il explose.

Un couple se dispute pour des questions d’argent. (doble-d/iStock/Getty Images)

Avec un si grand nombre de familles qui connaissent des difficultés économiques à cause de la pandémie, ce type de situation va probablement empirer. L’homme – si c’est lui le principal pourvoyeur de revenu – qui garde tout pour lui va se retrouver sous pression. Il a perdu son emploi. Sa famille attend-elle de lui qu’il continue à répondre aux besoins comme c’était le cas auparavant ?

Les couples qui ne sont pas habitués à parler d’argent doivent commencer à le faire de manière très générale. Quelle a été la situation jusqu’à
présent ? Combien chacun d’entre nous gagnait-il ? Que faisions-nous de bien ou de moins bien avec cet argent ? Y a-t-il un crédit immobilier, un prêt à rembourser ? Je rencontre des couples pour lesquels ce type de discussion est un cauchemar, où l’épouse est habituée à dépendre de son mari et à ignorer combien d’argent se trouve sur le compte. C’est un des éléments qui mènent au divorce.

Étudiez bien la situation et vos ressources – Prendre un prêt ? Fermer une entreprise ? Penchez-vous là-dessus avec beaucoup d’attention. Ce type de sujet fait remonter beaucoup d’anxiété à la surface, même la peur que l’un des conjoints puisse quitter l’autre.

Rappelez-vous comment vous vous adaptiez à la situation quand vous étiez jeune, quand vous étiez étudiants, que vous viviez dans un petit appartement en vous nourrissant de riz et de haricots. Tout ce que nous avons accumulé depuis et jusqu’à présent est formidable, mais on peut également faire sans. Pas besoin d’avoir deux voitures et une villa.

Une famille porte des masques par crainte du coronavirus, le 18 mars 2020.
(Yossi Aloni/Flash90)

Et, parfois, il faut aussi impliquer les enfants. Peut-être qu’aujourd’hui, vous ne pouvez plus acheter des plats à emporter trois fois par semaine. Mais c’est important de transmettre aux enfants le message qu’il est possible de profiter de la vie à partir du moment où on est en bonne santé.

Passer au sexe ?

Le sexe est un sujet qui, pour de nombreux couples, est révélateur de vulnérabilité. Pour certains, c’est dur d’être excité lorsqu’il y a de l’anxiété. D’autres ont besoin du sexe pour libérer le stress. Un partenaire peut dire : ‘On a tellement de temps, amusons-nous au lit’, tandis que l’autre lui répondra : ‘Comment est-il possible de penser à ça à un tel moment ?’. Il peut y avoir un déséquilibre.

Encore une fois, il n’y a aucune raison de blâmer l’autre. Ce que veut l’autre – ou ce qu’il ne veut pas – ne doit pas poser problème.

N’abandonnez pas le sexe – ça réconforte, ça relaxe, ça guérit et ça aide à réduire le stress, même si ce n’est pas parfait. Prenez votre temps. Vous n’avez pas besoin de faire tout. Décidez de la fréquence de vos rapports, ce qui va vous satisfaire tous les deux. Si vous êtes stressé et qu’on vous a prescrit du Viagra, cela pourrait être le moment de l’utiliser !

Le contact physique est important. (StrelciucDumitru/iStock/Getty Images)

Le toucher, l’étreinte, le désir, le fait d’être ensemble sont importants et ce bien au-delà des besoins physiques.

Et ce n’est pas la peine de suivre les règles ! Vous pouvez seulement vous embrasser. Ou vous pouvez essayer quelque chose de coquin, faire des expériences ! C’est un moyen de se débarrasser de la colère et du stress.

On a tendance à penser aux jeunes couples qui, parfois, s’égarent dans leur mariage, mais qu’en est-il des couples plus âgés, dont les enfants ont quitté le domicile et qui se retrouvent aujourd’hui seuls ensemble ?

Les couples plus âgés sont souvent assez contents d’avoir du temps à passer chez eux pendant cette période. Ils ont travaillé pendant toute leur existence et ont maintenant un peu de temps d’inactivité à la maison.

Mais ça peut aussi être un choc. Mes amis me disent que c’est comme préparer la retraite et qu’on se sent vieux.

Il est essentiel de ne pas placer tout le poids de nos attentes sur les épaules de notre partenaire. Le travail nous donne une estime de soi. Si nous ne sommes pas occupés, ou que nous ne travaillons pas en courant à droite et à gauche comme une grand-mère folle, notre estime de soi peut en pâtir.

Il est essentiel de ne pas attendre de votre partenaire qu’il réponde à tous vos besoins – vos dépenses, vos divertissements, votre estime de soi. Il ne faut pas attendre que l’autre soit toujours là pour vous apaiser, pour vous remonter le moral si votre moral est en berne. Les couples de tous âges ont tendance à bien trop attendre de la part de leur partenaire, les blâmant lorsque leurs attentes ont été vaines – ce qui peut entraîner une très grande frustration.

Une grand-mère active pourrait se sentir piégée à la maison. (kazina/iStock/Getty Images)

Dans notre société, il y a une grande angoisse face à l’ennui. Si une femme très active peut se sentir emprisonnée chez elle, elle pourra se mettre en colère contre son partenaire. Mais il peut ne pas trouver de solution – et il n’a pas toujours l’obligation de le faire. Elle est une personne, et elle peut se tourner vers ses enfants et ses amis. Et peut-être qu’il n’y a pas de solution.

Parfois, l’homme – c’est habituellement l’homme – est outrageusement autosuffisant. Là, il y a une occasion d’apporter de l’aide, d’être aidé.

Il s’agit d’arriver à trouver un équilibre.

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