Washington présente à Jérusalem des documents originaux du procès de John Demjanjuk
Ces documents, tels la carte de SS de l'ex-gardien de camp nazi, ont été utilisés lors des procès intentés contre lui en Israël, aux États-Unis et en Allemagne
Le ministère américain de la Justice a remis à Israël des documents originaux utilisés dans trois pays à l’occasion des procès intentés contre John Demjanjuk, l’ex-gardien nazi du camp de Treblinka surnommé « Ivan le Terrible », qui a été condamné avant d’être acquitté par Israël.
Ces documents, parmi lesquels se trouvent la carte de SS de Demjanjuk, ont été remis aux autorités israéliennes à l’occasion d’une cérémonie officielle, la semaine passée, de la main d’Eli Rosenbaum, ex-directeur du Service des enquêtes spéciales du ministère de la Justice, qui s’est consacré à l’identification et à l’extradition des criminels de guerre nazis. A ce poste, Rosenbaum a participé au procès intenté par la justice américaine contre Demjanjuk, et qui a conduit à sa déchéance de nationalité et à son extradition.
Rosenbaum, qui est actuellement directeur de la stratégie et des droits de l’Homme au ministère de la Justice, a déclaré que le retour de ces documents permettait de « tourner une page », a rapporté le site d’information Ynet.
Né en Ukraine, Demjanjuk a été extradé par les États-Unis vers Israël en 1986 afin d’y être jugé pour ses activités dans le camp de la mort de Treblinka. Deux ans plus tard, il a été reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et condamné à mort par pendaison.
À l’époque, l’accusation israélienne avait utilisé les documents prêtés par les États-Unis.
En 1993, la Cour Suprême israélienne avait statué à l’unanimité que Demjanjuk n’était pas « Ivan le Terrible », annulant le verdict de 1988 et le renvoyant aux États-Unis après avoir reçu la preuve qu’un autre Ukrainien était le garde nazi activement recherché.
Les documents ont ensuite été envoyés aux États-Unis, où les procureurs ont tenté d’obtenir la révocation de sa nationalité. Il a finalement été expulsé vers l’Allemagne en 2009.
Demjanjuk a été condamné en Allemagne pour son rôle de gardien au camp de la mort de Sobibor, dans le cadre d’un précédent juridique qui a fait de lui l’un des visages les plus connus des procès intentés contre d’anciens nazis.
Dans le cadre de ce procès, les documents avaient été envoyés aux autorités allemandes.
Il a été reconnu coupable en mai 2011 de complicité dans le meurtre de
28 000 Juifs au camp de la mort de Sobibor et condamné à cinq ans de prison.
Demjanjuk a été remis en liberté dans l’attente de l’examen d’un appel et est décédé en 2012 avant d’avoir été entendu.