Washington va contrôler les réseaux sociaux des demandeurs de visa ayant été à Gaza après 2007
Un câble du département d'État ordonne d'examiner les profils en ligne des voyageurs pour repérer toute information jugée compromettante pour la sécurité nationale

WASHINGTON (Reuters) – L’administration Trump a ordonné jeudi de vérifier les réseaux sociaux de tous les demandeurs de visa pour les États-Unis ayant séjourné dans la bande de Gaza depuis le 1er janvier 2007, selon un câble interne du département d’État consulté par Reuters. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un nouvel effort de durcissement du contrôle des voyageurs étrangers.
L’ordre de procéder à cet examen des réseaux sociaux pour tous les visas d’immigrants et de non-immigrants vise également les travailleurs humanitaires d’ONG ainsi que toute personne ayant séjourné dans l’enclave contrôlée par le Hamas, même à titre officiel ou diplomatique, précise le câble.
« Si l’examen des réseaux sociaux révèle des informations potentiellement compromettantes en matière de sécurité, un avis consultatif de sécurité (SAO) devra être soumis », indique le document, en référence à une enquête inter-agences destinée à déterminer si un demandeur représente un risque pour la sécurité nationale américaine.
Le câble a été envoyé à toutes les missions diplomatiques et consulaires américaines.
Cette mesure intervient alors que l’administration Trump a récemment révoqué des centaines de visas à travers le pays, y compris ceux de certains résidents permanents légaux, en vertu d’une loi de 1952 permettant l’expulsion de tout immigrant dont la présence est jugée préjudiciable aux intérêts de la politique étrangère des États-Unis.
Le câble, daté du 17 avril, est signé par le secrétaire d’État Marco Rubio, qui avait déclaré fin mars avoir peut-être déjà révoqué plus de 300 visas.

Interrogé à ce sujet, un porte-parole du département d’État a refusé de commenter les communications internes, tout en rappelant que tous les candidats à un visa américain faisaient l’objet d’un contrôle de sécurité approfondi par plusieurs agences.
« L’administration Trump est déterminée à protéger notre nation et nos citoyens en appliquant les normes les plus strictes en matière de sécurité nationale et de sécurité publique dans le cadre de la procédure de délivrance des visas », a déclaré le porte-parole, ajoutant que les contrôles se poursuivent au-delà de la délivrance initiale du visa.
« Les vérifications de sécurité sont effectuées dès le dépôt de la demande, tout au long du processus, puis durant toute la durée de validité du visa afin de s’assurer que la personne reste éligible pour voyager aux États-Unis », a-t-il précisé.
Des responsables de l’administration Trump ont affirmé que certains titulaires de visas étudiants risquaient l’expulsion en raison de leur soutien public aux Palestiniens ou de leurs critiques de la conduite d’Israël dans la guerre à Gaza, considérant ces prises de position comme une menace pour les intérêts de la politique étrangère américaine.
Les détracteurs de Trump ont dénoncé cette mesure comme une atteinte à la liberté d’expression garantie par le premier amendement de la Constitution américaine.
La Constitution garantit la liberté d’expression à tous les citoyens américains, quel que soit leur statut migratoire. Toutefois, plusieurs cas très médiatisés ont vu l’administration révoquer les visas d’étudiants qui s’étaient exprimés contre la guerre menée par Israël à Gaza.

Parmi les arrestations les plus médiatisées figure celle de Rumeysa Öztürk, une étudiante turque de l’université Tufts, interpellée le mois dernier par des agents masqués, dans une vidéo largement diffusée dans les médias.
Interrogé sur cette affaire lors d’une conférence de presse, Marco Rubio a déclaré que « chaque fois que je trouve un de ces fous, je leur retire leur visa », ajoutant que d’autres révocations étaient à prévoir.