Yom HaZikaron: Halevi demande de tenir « le débat » à l’écart des cimetières militaires
Selon le chef d'état-major de Tsahal, le débat sur la réforme ne devrait pas polluer les cimetières militaires, afin de laisser les proches des victimes se recueillir en paix
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, a appelé dimanche les Israéliens à respecter Yom HaZikaron et ne pas transformer les cimetières militaires en un « lieu de débats », alors que le projet de réforme du système judiciaire continue de susciter des tensions.
Beaucoup, en Israël, craignent que les ministres du gouvernement radical ne soient pris à parti et que des manifestations les accueillent lors des cérémonies de Yom HaZikaron.
Il n’est pas rare que de petites manifestations – souvent organisées par des proches – émaillent les cérémonies commémoratives des victimes de guerre israéliennes, mais le risque que le débat autour de la réforme judiciaire n’envahisse les cimetières et cérémonies de dépôt de gerbes, lundi soir et mardi, suscite une vive inquiétude. Cela pourrait en effet froisser les familles et porter atteinte à cette journée solennelle.
Dans un communiqué publié par Tsahal, Halevi a déclaré que « Yom HaZikaron est un moment de contact profond entre la sphère de l’intime et celle du national. Cette année plus que jamais, en raison des tensions qui traversent la société, nous devons nous concentrer sur la mémoire et trouver du réconfort en elle ».
« Commémorer nous oblige à nous unir et à nous concentrer sur ce qui nous lie », a ajouté Halevi.
« Nous devons, tous autant que nous sommes, respecter les cimetières et ne pas en faire une arène des débats », a-t-il précisé.
« La retenue et le silence sont des outils extrêmement puissants. Le recueillement sur la tombe de nos proches décédés ne peut se faire dans la furie des débats », a-t-il ajouté.
Des familles ont fait savoir qu’elles se rendraient sur la tombe de leurs proches disparus avant Yom HaZikaron, afin de ne pas y croiser les ministres de l’actuel gouvernement.
Le président de Yad Labanim, Eli Ben-Shem, a déclaré plus tôt cette semaine que des milliers de proches de soldats tombés au combat avaient demandé que la classe politique n’assiste pas aux cérémonies de Yom HaZikaron dans les cimetières militaires et n’y prenne pas la parole.
Ben-Shem craint des confrontations verbales – voire physiques – dans les cimetières militaires si les ministres du gouvernement et les députés – en particulier ceux qui n’ont pas fait leur service militaire – assistent aux cérémonies dans les lieux les plus emblématiques.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, renvoyé de l’armée pour activités extrémistes dans sa jeunesse, devrait assister à un événement à Beer Sheva et d’autres ministres, qui n’ont pas non plus fait leur service, ailleurs.
De nombreux proches de victimes tombées au combat ont demandé à Ben Gvir de ne pas assister à la cérémonie prévue dans cette ville du sud du pays.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant – ainsi que Yair Lapid et Benny Gantz de l’opposition – ont également demandé aux Israéliens de mettre de côté leurs profondes divisions ce jour là.
Par ailleurs, une organisation représentative des réservistes opposés à la réforme judiciaire a demandé à ses militants de ne pas manifester pour l’occasion
Yom HaZikaron commencera lundi soir lorsqu’une sirène retentira durant une minute dans tout le pays.
Mardi matin, une nouvelle sirène retentira, cette fois pendant deux minutes, pour marquer le début des cérémonies commémoratives officielles dans les 52 cimetières militaires israéliens.
Yom HaZikaron est l’une des rares fêtes nationales laïques d’Israël. En cette journée, les Israéliens se rendent généralement sur la tombe de leurs proches ou camarades morts au combat.
Cinquante-neuf soldats ont été tués en service depuis l’an dernier à la même date, selon les chiffres publiés vendredi par le ministère de La Défense, auxquels s’ajoutent 86 anciens combattants décédés des suites de blessures.
Depuis 1860, ce ne sont pas moins de 24 213 personnes qui sont mortes au service de leur pays.