Yom HaZikaron : La tension monte lors d’une cérémonie druze à laquelle assiste Nir Barkat
À Isfiya, les militants ont manifesté pacifiquement ; cheikh Muafak Tarif a demandé au ministre de l'Économie de permettre aux jeunes Druzes de construire légalement sur leurs terres
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les tensions liées à deux lois que la communauté druze considère comme discriminatoires ont été ressenties lors d’un événement commémoratif lundi dans la ville druze d’Isfiya, dans le nord d’Israël, au cours duquel le ministre de l’Économie et de l’Industrie, Nir Barkat (Likud), a assumé la responsabilité, au nom du gouvernement, des massacres du 7 octobre.
Barkat a promis de veiller à ce que des enseignements soient tirés des enquêtes menées sur la guerre, au cours de laquelle huit soldats druzes ont trouvé la mort.
La cérémonie s’est déroulée sans heurts, contrairement à celle de l’année dernière, au cours de laquelle la ministre des Renseignements, Gila Gamliel (Likud), avait été empêchée d’entrer dans le cimetière militaire de la ville, en partie parce qu’elle soutenait une loi qui consacrait Israël comme l’État-nation du peuple juif, ce que la communauté druze considère comme une forme d’exclusion.
Une dizaine de militants portant des tee-shirts avec le slogan « La loi Kamenitz nous a transformés en criminels » ont manifesté pacifiquement devant les portes du cimetière contre une deuxième loi qui a enflammé les sensibilités druzes – un amendement de 2017 à la loi sur l’aménagement du territoire nommé d’après le fonctionnaire du ministère de la Justice qui l’a rédigé pour accélérer l’action contre les constructions illégales, sans passer par les tribunaux.
Il est généralement admis que cet amendement vise les communautés arabes, pour lesquelles il est pratiquement impossible d’obtenir un permis de construire, de sorte que les Arabes construisent illégalement et sont ensuite condamnés à des amendes ou menacés de démolition par le gouvernement.
De nombreux hommes druzes, dont la communauté soutient largement l’État d’Israël, sont enrôlés dans l’armée. Bien que cette communauté de 150 000 personnes ne représente que 2 % de la population, les Druzes constituent 3 % de l’ensemble des soldats de carrière, selon l’armée israélienne.
Le chef spirituel druze, le cheikh Muafak Tarif, a soulevé la question de l’urbanisme lors de son discours, déclarant que si Yom HaZikaron devait se concentrer sur ceux qui ont donné leur vie pour le pays, le gouvernement devait honorer le « pacte du sang » entre les Druzes et Israël, et prendre des mesures pour permettre aux jeunes Druzes de construire légalement sur leurs terres, en attribuant « des terres aux vivants, et pas seulement aux morts ».
Barkat, qui aurait l’intention de défier le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la tête du Likud une fois la guerre contre le Hamas terminée, a déclaré que « les jours de commémoration sont des jours d’introspection. Le gouvernement d’Israël porte l’entière responsabilité de tout ce qui se passe dans le pays, le bon comme le mauvais.
« Le gouvernement et le cabinet portent l’entière responsabilité de tout ce qui se passe dans le pays, le bon comme le mauvais. Et en tant que membre du gouvernement, j’assume cette responsabilité. À la fin des batailles, je ferai tout pour assurer la mise en œuvre des enquêtes et des conclusions. »
Hamud Marzuk, l’un des dirigeants de l’organisation Heart of Isfiya, créée pour faire campagne contre les lois Kamenitz et la loi sur l’État-nation, a déclaré au Times of Israel qu’au cours de ses 32 années d’activité en tant que pompier, il n’avait jamais tenu compte de l’appartenance ethnique d’une personne lorsqu’il s’agissait de lui sauver la vie.
Alors que le gouvernement ne démolit pas les maisons druzes, les amendes qu’il impose aux membres de la communauté pour construction illégale – y compris à ceux qui ont perdu des membres de leur famille dans les guerres – « détruisent la vie des gens », a-t-il déclaré.
Rafik Halabi, maire de la ville druze de Daliyat al-Carmel, voisine d’Isfiya, a déclaré « qu’il est tout à fait justifié de manifester, même aujourd’hui. Le temps est venu pour nous d’être égaux, et pas seulement le jour de la commémoration des soldats tombés au combat ».