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Analyse

Yossi Dagan : la coexistence résistera aux tirs dans les zones industrielles

Suite à l'attentat terroriste de Barkan, certains militants de droite appellent à ne plus employer les Palestiniens dans les usines israéliennes ; des dirigeants locaux sont contre

Jacob Magid

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Une ambulance Zaka devant l'usine de la zone industrielle de Barkan où un ouvrier palestinien a tué deux Israéliens et en a blessé un troisième, le 7 octobre 2018. (Zaka)
Une ambulance Zaka devant l'usine de la zone industrielle de Barkan où un ouvrier palestinien a tué deux Israéliens et en a blessé un troisième, le 7 octobre 2018. (Zaka)

Les dirigeants des implantations ont longtemps vanté les zones industrielles de Cisjordanie comme étant des exemples de coexistence, où les Israéliens embauchent et travaillent aux côtés des Palestiniens.

Mais l’assassinat de deux Israéliens par leur collègue palestinien dans le parc industriel de Barkan, dimanche matin, a menacé de réduire à néant ce discours, obligeant les partisans d’un tel partenariat à défendre cette pratique.

« Nous ne laisserons pas cela nous déstabiliser », a déclaré Yossi Dagan, président du conseil régional de Samarie, quelques minutes après l’attentat terroriste qui a coûté la vie à Kim Levengrond Yehezkel, 28 ans, et Ziv Hajbi, 35 ans.

« La coexistence heureuse qui a lieu ici tous les jours va continuer », a-t-il ajouté.

Kim Levengrond Yehezkel, 29 ans (à gauche) et Ziv Hajbi, 35 ans, tués dans un attentat terroriste dans la zone industrielle Barkan en Cisjordanie, le 7 octobre 2018 (Capture d’écran : Facebook)

Pas plus tard que le mois dernier, M. Dagan s’est entretenu fièrement avec des membres du Parlement de l’Union européenne à Bruxelles au sujet de Barkan en particulier, où environ la moitié des 7 200 travailleurs des 164 usines du site sont Palestiniens et la moitié sont juifs.

« Il n’y a jamais eu d’attaque terroriste là-bas, a-t-il dit à l’époque. (En 2015, un Palestinien a poignardé deux gardes de sécurité israéliens à la porte d’une autre zone industrielle du nord de la Cisjordanie voisine de Barkan).

Même après la fusillade de dimanche, la position de Dagan reste inchangée. De même, pas un seul élu israélien en Cisjordanie n’a pris publiquement position contre l’embauche de Palestiniens dans les zones industrielles.

Ces sites sont fréquemment cités par les politiciens de droite dans leurs réfutations des plans de paix visant à séparer Israël des quelque 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie.

Selon le Conseil de tutelle de l’implantation de Yesha, il existe 20 zones industrielles en Cisjordanie qui emploient environ 28 000 travailleurs, dont quelque 18 000 Palestiniens.

Les partisans des zones industrielles soutiennent que la satisfaction générale des travailleurs démontre que les Palestiniens sont plus intéressés à gagner un salaire respectable qu’à devenir un État, et que les efforts visant à diviser les Israéliens et les Palestiniens en Cisjordanie ne feront que priver ces derniers de sources de revenus décents.

Le président du conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, arrive à l’usine de la zone industrielle de Barkan où un attentat terroriste a eu lieu le 7 octobre 2018. (Roy Hadi)

Les opposants aux implantations contrecarrent cette revendication en faisant valoir que les restrictions imposées par Israël aux entreprises palestiniennes en Cisjordanie font stagner la croissance économique au point que de nombreux travailleurs palestiniens sont contraints de compter sur les zones industrielles israéliennes pour avoir un salaire convenable.

Dans le gouvernement actuel, Dagan et d’autres dirigeants d’implantations ont trouvé une oreille réceptive à leur cause, ce qui a conduit à l’investissement de millions de shekels dans des zones industrielles de l’autre côté de la Ligne verte.

Cela était également le cas après l’attaque de dimanche, lorsque le ministre de l’Économie Eli Cohen est arrivé à Barkan et s’est engagé à agrandir la zone industrielle de 15 hectares, qualifiant la coexistence qu’ils contribuent à créer un « intérêt économique et de sécurité ».

Les militants d’extrême droite et de gauche sont rarement d’accord

Mais alors qu’aucun élu n’a adopté la position la plus radicale en s’opposant à l’embauche de travailleurs palestiniens, un certain nombre de personnalités d’extrême droite ont exprimé une certaine contrariété vis-à-vis de cette ligne politique, réclamant des mesures de séparation que ceux du camp politique opposé ont longtemps défendu.

Les forces de sécurité israéliennes fouillent le nord de la Cisjordanie après une attaque meurtrière par balle dans le parc industriel de Barkan, dans le nord de la Cisjordanie, le 7 octobre 2018. (Armée israélienne)

Yariv Oppenheimer, ancien directeur de l’organisme de surveillance des implantations La Paix Maintenant, a tweeté : « Il n’y a pas de coexistence dans les implantations. Il y a un occupant et un occupé. Patron et employés. Celui qui pense que c’est la recette de la paix se trompe. »

Plus que quiconque, les paroles d’Oppenheimer semblent avoir trouvé un écho chez Tzvi Succot, le directeur de l’organisation d’extrême droite Otzma Yehudit, qui a retweeté le poste de l’activiste de gauche, en disant qu’Oppenheimer « est celui qui a compris ».

L’avocat d’extrême droite Itamar Ben Gvir, quant à lui, a qualifié les propos de Dagan en faveur de la coexistence après l’attaque d’“erronés et mensongers”.

« Cette ‘coexistence’ a explosé à Barkan aujourd’hui et seul Yossi et une poignée de personnes du Gush Etzion continuent à se tromper et à tromper le public », a déclaré Ben Gvir.

L’avocat Itamar Ben Gvir (Yonatan Sindel/Flash90)

Il a appelé les chefs des implantations à faire un « suivi sérieux » et à exiger que les travailleurs palestiniens « déclarent leur loyauté envers l’Etat juif ».

Lors d’un entretien avec le Times of Israel, Ben Gvir a reconnu qu’aucun autre président de conseil régional ou local de Cisjordanie n’adoptait une position similaire, mais il a suggéré que leurs motivations étaient économiques, étant donné que les zones industrielles génèrent un revenu important pour leurs implantations.

De plus, le résident de Hébron a affirmé que beaucoup d’autres membres du mouvement en faveur des implantations avaient des opinions similaires.

Yael Ben Yashar, qui est candidate à la mairie de l’implantation de Beit El dans le centre de la Cisjordanie, a suivi la ligne tracée par d’autres dirigeants d’implantations et défendu l’emploi des Palestiniens en Cisjordanie.

Yael Ben Yashar, candidate à la mairie de Beit El. (Autorisation)

« La majorité d’entre eux sont simplement désireux de gagner leur vie », a-t-elle déclaré, rejetant l’idée que les agissements du terroriste de Barkan signifient que les Palestiniens devraient être interdits dans les zones industrielles israéliennes.

En même temps, elle a reconnu que de tels projets pourraient ne plus être soutenus avec le temps.

« Nous aimerions vivre en coexistence, mais à chaque fois, l’autre partie brise notre confiance », a déclaré la candidate et ancienne responsable municipale.

Cette « confiance » que Ben Yashar et d’autres dirigeants des implantations ont été prêts à offrir aux Palestiniens au niveau économique n’a jamais été rencontrée sur le plan politique.

David Haivri, qui travaille avec la région de Samarie pour faire venir des centaines de groupes internationaux dans le nord de la Cisjordanie lors de tournées qui passent régulièrement à Barkan, explique que la question n’est pas de « faire confiance au peuple palestinien mais plutôt à ses dirigeants dans une Autorité palestinienne corrompue ».

« Il n’y aura pas d’État palestinien… et le moyen de briser cette illusion est de permettre à leur situation économique de s’améliorer », a affirmé Avi Naim, président du conseil local de Beit Aryeh, qui a fait valoir que les aspirations nationales et économiques étaient inversement liées.

Les forces de sécurité israéliennes à l’entrée de la zone industrielle de Barkan dans le nord de la Cisjordanie, le 7 octobre 2018 (Crédit : AP Photo/Oded Balilty)

« Les employés palestiniens sont plus désemparés… que les Israéliens ».

Quant à ceux qui sont le plus directement touchés par l’attaque de Barkan, il semble y avoir un large consensus parmi les employés de la zone industrielle – juifs et arabes – contre une modification du statu quo.

« Nous sommes consternés, mais nous n’avons pas peur », a déclaré Yohan Cohen, un employé de Barkan et résident de l’implantation de Bruchin, dans le nord de la Cisjordanie. « Je continuerai à venir travailler ici dans la zone industrielle tous les jours avec mes amis israéliens et palestiniens. »

Amjad Mughar, qui travaille à Barkan depuis trois ans, s’est dit préoccupé par le fait qu’il s’attendait à une augmentation des contrôles de sécurité quotidiens des travailleurs palestiniens, ainsi que par le risque de perdre complètement son permis de travail.

« Je ne sais pas comment je pourrai subvenir aux besoins de mes six enfants sans ce travail. Je ne sais vraiment pas pourquoi quelqu’un a commis un tel acte », a ajouté Mughar.

Le parc industriel de Barkan, à proximité de l’implantation d’Ariel en Cisjordanie (Crédit : Shuki/Wikipedia CC BY-SA 3.0)

Selon Moshe Levran, qui travaille comme responsable export chez Twitto Plus, l’une des usines de Barkan, « les employés palestiniens sont plus désemparés face à ce drame que les Israéliens ».

« Je les ai réunis et je leur ai expliqué qu’ils risquaient de subir un contrôle de sécurité supplémentaire chaque jour, mais que cela finirait par s’estomper et que tout redeviendrait comme avant », a-t-il expliqué.

Pour l’instant, les dirigeants des implantations se rangent derrière ce qui est devenu un discours essentiel pour promouvoir la présence israélienne en Cisjordanie.

Avant même que les deux victimes ne soient déclarées mortes, Dagan a souligné que l’attaque de dimanche était la première à Barkan depuis la création de ce site en 1982.

Les forces de sécurité israéliennes sur la scène d’une fusillade au parc industriel Barkan, en Cisjordanie, le 7 octobre 2018 (Crédit : Flash90)

Dans la mesure où les responsables de la défense supposent actuellement que l’agresseur de 23 ans, Ashraf Walid Suleiman Naalowa, a agi comme un « loup solitaire », les partisans de la poursuite de la coopération économique israélo-palestinienne en Cisjordanie semblent avoir peu à craindre.

Mais si de tels actes se reproduisent, les appels au type de séparation que l’on observe dans les zones résidentielles de Cisjordanie risquent de supplanter ceux qui demandent la coexistence sur le lieu de travail.

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