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Zeman voudrait transférer sa mission à Jérusalem, mais il a les mains liées

Dans un discours à la Knesset, le président tchèque a fustigé les "lâches" Européens et estimé que l'accueil réservé par l'UE à un terroriste palestinien était un "scandale"

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le président tchèque Milos Zeman  s'exprime durant une session de la Knesset à Jérusalem, le 26 novembre 2018 (Crédit : Menahem KAHANA / AFP)
Le président tchèque Milos Zeman s'exprime durant une session de la Knesset à Jérusalem, le 26 novembre 2018 (Crédit : Menahem KAHANA / AFP)

Le président tchèque Milos Zeman a promis lundi de faire tout ce qui est en son pouvoir pour transférer l’ambassade de son pays à Jérusalem tout en reconnaissant ne pas avoir l’autorité suffisante pour le faire.

Au cours d’un bref discours prononcé devant la Knesset – le tout premier d’un leader tchèque devant le Parlement israélien – Zeman a exprimé sa solidarité avec Israël et il a blâmé les Européens, les accusant d’être des « lâches » qui, obéissant à un certain conformisme politique, ne parviennent pas à dénoncer le terrorisme islamique.

« Demain, j’ouvrirai la maison de la république Tchèque. Où ça ? A Jérusalem. Et elle reliera CzechInvest, CzechTrade, CzechTourism, le centre tchèque et ainsi de suite », a-t-il déclaré.

Selon Prague, ce bureau de Jérusalem est la « première avancée » vers un transfert de l’ambassade depuis Tel Aviv.

Au mois d’avril, Zeman a annoncé le lancement d’un processus en trois étapes visant à réinstaller les missions diplomatiques du pays à Jérusalem. La première étape en ce sens a été la nomination d’un consul honoraire dans la ville sainte.

La seconde sera l’ouverture, mardi, de la Maison de la République Tchèque, un espace de bureaux au sein de la cinémathèque, dans la capitale, où les diplomates tchèques organiseront des réunions mais qui n’aura aucun statut diplomatique.

« Eh bien, mes amis, je ne suis malheureusement pas un dictateur », a ajouté Zeman à l’attention des députés présents lors de cette séance plénière de la Knesset, s’exprimant en anglais, improvisant son discours. « Mais je vous le promets : Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour réaliser la troisième étape, après le consul honoraire et la maison de la République Tchèque – et je crois que vous devinez tous ce que sera cette dernière phase du processus ».

En tant que président, Zeman ne dispose de pouvoirs exécutifs que limités. Le Premier ministre Andrej Babis a, dans le passé, fait part de son opposition à un transfert total de l’ambassade d’Israël, citant la politique mise en oeuvre par l’Union européenne (UE), absolument défavorable à cette initiative.

Dans son allocution qui a duré huit minutes, Zeman s’en est pris à Bruxelles pour son approche du terrorisme palestinien qui, selon lui, relève de la culture de l’excuse.

« Nous, les Européens… Je parle de l’Union européenne, en fait, qui hésite parfois », a-t-il dit. « Nous sommes lâches de temps en temps. C’est très impoli, n’est-ce pas, de dire ça ? Mais je pense être sincère. Et c’est pour cela que la solidarité avec Israël est nécessaire en permanence. Parce que si nous trahissons Israël, alors c’est nous-mêmes que nous trahissons ».

Sans mentionner son nom, Zeman a rappelé que le Parlement européen avait accueilli l’année dernière Leila Khaled, une terroriste palestinienne condamnée.

« Je pense que c’est un scandale pour le Parlement européen et que c’est un scandale pour tous les Européens », a-t-il ajouté.

Il est parfois important d’éviter le « politiquement correct », a poursuivi le président âgé de 74 ans, notant qu’il utilisait délibérément le terme controversé de « terrorisme islamique ».

Zeman a expliqué que la république tchèque pourrait bien être la meilleure amie d’Israël dans le monde, précisant qu’il était lui-même « le meilleur ami d’Israël dans mon pays ».

« Mon discours veut être un message de solidarité avec Israël et le peuple Juif », a-t-il conclu.

S’exprimant en séance plénière avant Zeman, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a parlé très longuement de la riche histoire de la communauté juive tchèque. Il a également rappelé certains moments historiques de l’amitié entre le pays et Israël, faisant remarquer que les responsables tchèques avaient soutenu le sionisme avant la fondation de l’Etat et qu’après 1948, ils lui avaient apporté un appui vital aux niveaux diplomatique et militaire.

Netanyahu a salué Zeman, un « grand dirigeant défenseur de la vérité », et l’a comparé à d’autres hommes d’Etat tchèques importants comme Tomáš Masaryk.

Il a également remercié Zeman pour ses initiatives prises pour concrétiser le transfert de l’ambassade à Jérusalem. « Vous avez été l’un des premiers dirigeants de cette génération à reconnaître Jérusalem en tant que capitale d’Israël », a-t-il rappelé.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, le président de la république tchèque Milos Zeman, au centre, et le président de la Knesset, le député Yuli Edelstein, lors d’une session spéciale à la Knesset pour le président en visite, le 26 novembre 2018 (Crédit : Flash90)

Après Netanyahu, la cheffe de l’opposition Tzipi Livni a pris la parole devant la Knesset. Elle a remercié Zeman pour son soutien sans faille à Israël tout en soulignant son opposition à sa sympathie ostensible pour la solution à un État.

« Nous croyons en un État qui sera à la fois Juif et démocratique, et nous voulons donc nous séparer des Palestiniens en favorisant la fondation d’un Etat palestinien », a-t-elle précisé.

La concrétisation d’une solution à un État – qui se distinguerait par le renoncement à un État palestinien – entraînerait en fin de compte un conflit prolongé et des effusions de sang, a-t-elle affirmé.

Dans la matinée de lundi, au cours d’une visite réalisée à la résidence du président Reuven Rivlin, Zeman a fait part de son intérêt pour une solution à « un État comprenant deux nations », notant qu’il ne croyait pas en la faisabilité de la solution à deux états.

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