104 roquettes ont été lancées mardi par les groupes terroristes de Gaza, dit l’armée
Un porte-parole dit que le système de défense du Dôme de fer a eu un taux d'interception de 70 % ; Tsahal se prépare à une reprise des hostilités à n'importe quel moment
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a fait savoir, mercredi matin, que les terroristes palestiniens avaient lancé 104 roquettes pendant la flambée de violences qui a duré une journée et qui a été entraînée par la mort d’un membre du Jihad islamique palestinien emprisonné dans une cellule israélienne et qui était en grève de la faim.
S’exprimant devant les journalistes, le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée, a précisé que les projectiles utilisés par les Palestiniens avaient compris des roquettes, des obus de mortiers et des missiles portatifs qui avaient pris pour cible les avions de chasse israéliens dans le ciel de Gaza.
Le système de défense antiaérienne du Dôme de fer a intercepté 24 projectiles, avec un taux d’interception de 90% concernant les roquettes qui se dirigeaient vers les zones peuplées, a dit Hagari. 48 autres sont retombés dans des champs du sud d’Israël, 14 n’ont pas franchi la frontière avec Gaza et sept n’ont pas encore été retrouvés.
Hagari a indiqué que l’armée israélienne enquêtait sur les circonstances qui ont permis à deux roquettes de s’abattre sur des zones urbaines – une a notamment frappé un chantier de construction à Sdérot, dans le sud du pays, blessant trois ressortissants étrangers. L’un d’entre eux est actuellement dans un état modéré et deux n’ont été que légèrement touchés.
Toutefois, la police a indiqué que les forces de l’ordre avaient examiné les sites d’impact en zones urbaines d’au moins cinq roquettes. Certaines se sont abattues à proximité d’habitations. L’armée n’a pas inclus ces cinq missiles dans son décompte.
« Nous avons une leçon à tirer de la roquette qui a touché le chantier de construction », a expliqué Hagari. L’année dernière, Tsahal s’était réjoui d’un taux d’interception de 97 % de la part du Dôme de fer.
L’armée a frappé seize cibles appartenant aux groupes terroristes du Jihad islamique et du Hamas dans toute la bande de Gaza dans la nuit de mardi à mercredi, a noté Hagari.
Parmi ces cibles, un camp d’entraînement des combattants ; un site où se trouvait un atelier de fabrication d’armes, une usine de production en béton, un site hébergeant les commandos navals de l’organisation et un tunnel utilisé par le groupe terroriste, dans le sud de Gaza.
« Nous avons touché toutes les cibles que nous voulions attaquer », a déclaré Hagari.
Le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, a fait savoir qu’un homme de 58 ans, Hashel Mubarak, avait été tué lors d’une frappe israélienne commise aux abords de Gaza City. Cinq personnes ont aussi été blessées.
Les deux parties auraient convenu un cessez-le-feu qui a été mis en vigueur avant l’aube, selon Al Jazeera et Reuters qui ont cité des sources palestiniennes. La trêve a été négociée par des responsables égyptiens, qataris et et des Nations unies.
La trêve devait entrer en vigueur à quatre heures du matin, selon les informations.
A 5 heures 36 du matin, le Jihad islamique a toutefois lancé au moins deux roquettes vers la communauté de Nir Am, dans le sud, pour avoir le dernier mot. Aucun dégât n’a été causé. Un porte-parole du Jihad islamique a aussi confirmé le cessez-le-feu dans un communiqué.
L’armée a indiqué qu’après une évaluation de la situation, il avait été décidé que les résidents des communautés frontalières de l’enclave côtière pouvaient reprendre leurs activités quotidiennes.
Hagari a néanmoins averti que la situation pouvait exploser à n’importe quel moment.
« Nous procédons à une évaluation continue de la situation. Nous sommes revenus à une situation normale sur le front intérieur quand nous avons constaté que c’était possible… Mais tout reste ouvert, tout reste dans l’expectative », a-t-il expliqué.
Le cessez-le-feu avait été annoncé environ 24 heures après l’annonce, par le service israélien des prisons, de la mort de Khader Adnan, du Jihad islamique palestinien, décédé dans une prison israélienne alors qu’il était en grève de la faim depuis 86 jours, en l’attente de son procès. Il avait été arrêté et mis en examen pour terrorisme.
Peu après l’annonce de la mort d’Adnan, quatre roquettes avaient été tirées depuis Gaza, n’entraînant pas de blessé. En réponse, les chars de Tsahal avait frappé un poste d’observation du Hamas, à proximité de la frontière.
La « Salle d’opérations conjointes » regroupant des factions terroristes variées de la bande de Gaza avait revendiqué la responsabilité de ces attaques à la roquette. Dans un communiqué émis mardi après-midi, le collectif, qui comprend les groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique, a indiqué que ces tirs de roquettes étaient venus répondre à la mort d’Adnan.
Israël s’était préparé à une potentielle escalade après la mort du détenu. Hagari a déclaré que l’armée avait été informée du décès d’Adnan peu avant trois heures du matin, mardi.
« Nous nous étions bien coordonnés avec le service israélien des prisons et toutes les informations étaient claires », a-t-il dit.
Cette détention était le dixième séjour d’Adnan dans une prison israélienne. Il avait été arrêté à treize reprises en totalité, selon les responsables israéliens.
Adnan avait longtemps été accusé d’être un porte-parole du groupe terroriste et il avait été appréhendé à plusieurs reprises, ces dernières années, purgeant des peines de prison en lien avec ses activités au sein du Jihad islamique palestinien.
Pour sa part, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a été critiqué suite aux informations portant sur la trêve.
« Je suis dans un état profond d’embarras et je ne comprends pas mon gouvernement, qui adopte une politique d’octroi de l’immunité aux terroristes en plongeant sa tête dans le sable. Netanyahu fait une grave erreur », a dit le maire de Sdérot, Alon Davidi à la station de Radio 103FM.
Des pressions intenses se sont exercées sur le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu en faveur d’une riposte – une grande partie provenant du cercle de sa propre coalition. Le taux d’approbation du bloc de droite a fortement décliné dans les sondages depuis que ce dernier a pris le pouvoir, faisant campagne sur la promesse de restaurer la sécurité. Depuis, une série durable d’attentats terroristes palestiniens meurtriers ont eu lieu et des tensions sécuritaires se sont intensifiées sur tous les fronts. Le plan de réforme du système judiciaire israélien est, lui aussi, largement impopulaire, selon les enquêtes d’opinion, et il a entraîné un mouvement de protestation massif dans le pays depuis plusieurs mois.
Israël et les groupes terroristes de la bande de Gaza se sont affrontés de manière répétée lors de brèves périodes de conflit des deux côtés de la frontière ces dernières années. Des flambées de violences qui ont été variables en durée et en intensité – le plus récent avait eu lieu le mois dernier.