12 personnes toujours dans un état grave suite aux émeutes des migrants érythréens
Les policiers ont été pris au dépourvu samedi dans le sud de Tel Aviv ; les médias rapportent que le Kobi Shabtaï a dû prendre le contrôle de la situation
Au moins 40 personnes sont toujours hospitalisées dimanche matin, dont 12 dans un état grave, pour des blessures subies lors de violents affrontements qui ont duré plusieurs heures dans le sud de Tel Aviv entre partisans et opposants du gouvernement érythréen samedi.
Tôt dimanche, l’hôpital Ichilov de Tel Aviv a indiqué que 24 personnes étaient toujours hospitalisées, dont sept dans un état grave. « Leurs vies ne sont pas en danger », a précisé l’hôpital.
Au centre hospitalier Sheba de Ramat Gan, quatre personnes sont toujours hospitalisées, dont trois dans un état critique. Un policier a été hospitalisé dans un état grave – mais désormais stabilisé – dans l’unité de neurochirurgie après qu’on lui a retiré un morceau de réchaud de camping de la tête.
« Il sortait du poste de police », a déclaré dimanche Rinat, l’épouse du policier, à la chaîne publique israélienne Kan. « Il a tout juste pu remarquer cinq ou six [migrants] qui se tenaient là, à cinq mètres de lui. Il n’a même pas eu le temps de réfléchir qu’ils l’avaient attaqué (…). Il occupe un poste administratif. Ils l’ont attrapé à l’entrée [du commissariat]. »
Outre les centres hospitaliers d’Ichilov et de Sheba, les personnes blessées lors des affrontements ont été traitées dans les hôpitaux Wolfson de Holon, Shamir-Assaf Harofeh de Rishon Lezion, Meir de Kfar Saba et Beilinson de Petah Tikva.
Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées à la suite des émeutes de Tel Aviv, qui ont fait quelque 170 blessés, dont 50 policiers.
Les policiers souffrent pour la plupart de contusions, souvent causées par des pierres et d’autres objets contondants.
Alors qu’elle était consciente du risque d’affrontements devant l’ambassade d’Érythrée à Tel Aviv à l’occasion d’un événement officiel pour célébrer le 30e anniversaire de l’accession au pouvoir du dirigeant du pays, la police s’est dite « surprise » par l’intensité des affrontements. Des forces massives ont été dépêchées sur les lieux lorsque les autorités ont pris conscience de l’ampleur des troubles.
Des sources policières anonymes qui se sont entretenues avec Haaretz dimanche ont décrit le chaos qui régnait au centre de commandement avancé des forces de police au fur et à mesure que les émeutes se déroulaient.
« La main droite ne savait pas ce que faisait la main gauche », a déclaré un haut fonctionnaire au quotidien (en hébreu).
Une source a déclaré à Haaretz que le chef de la police israélienne, Kobi Shabtaï, est finalement arrivé et a pris le contrôle direct de la situation à la place du chef de la police du district de Tel Aviv, Peretz Amar, furieux du chaos qui régnait.
Amar, ancien chef du district sud, a récemment remplacé l’ancien commandant régional Amichaï Eshed.
Eshed, qui avait refusé les multiples demandes du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir d’une répression plus sévère des blocages de routes, a été écarté de son poste par ce dernier et par Shabtaï – Ben Gvir ayant été mécontent de l’approche apparemment « trop laxiste » d’Eshed à l’égard des manifestants opposés à la refonte judiciaire.
Le Bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré samedi soir que Netanyahu et une équipe de ministres étudieraient la possibilité d’expulser les migrants qui se sont comportés de manière violente.
« Le Premier ministre a décidé de convoquer une équipe ministérielle spéciale pour examiner la possibilité de prendre des mesures contre les infiltrés illégaux qui ont pris part aux troubles, notamment l’expulsion », a déclaré le Bureau du Premier ministre, utilisant un terme commun au gouvernement et à l’armée pour désigner les personnes qui entrent illégalement en Israël. Selon la déclaration, l’équipe a prévu de se réunir dimanche.
La droite israélienne rejette largement les demandes d’asile des migrants africains et qualifie régulièrement l’ensemble des migrants, quels que soient leurs motifs et les circonstances, « d’infiltrés illégaux ».
Le chaos a éclaté lors d’une manifestation contre un événement officiel du gouvernement érythréen, marquant le 30e anniversaire de l’accession au pouvoir de l’actuel dirigeant. Les opposants au régime, vêtus de bleu, sont arrivés sur les lieux pour manifester contre les partisans, qui portaient du rouge. Les rassemblements ont rapidement dégénéré en violences de rue qui ont duré plusieurs heures.
Des Érythréens des deux camps se sont affrontés à coups de planches de bois de construction, de barres de métal, de pierres et d’au moins une hache, dans un quartier du sud de Tel Aviv où vivent de nombreux demandeurs d’asile. Les manifestants ont brisé des vitrines et des voitures de police, et des traces de sang ont été observées sur les trottoirs.
Des policiers en tenue anti-émeute ont tiré des gaz lacrymogènes, des grenades incapacitantes et des balles réelles, tandis que des agents de la garde montée tentaient de maîtriser les manifestants, qui avaient franchi des barricades et jeté des pierres sur les forces de l’ordre.
La police a déclaré que les agents ont eu recours à des tirs réels dans certains cas lorsqu’ils ont estimé que leur vie était en danger.
« Si nous n’avions pas été là aujourd’hui et si nous n’étions pas intervenus entre les deux groupes de manifestants – les partisans et les opposants au régime – nous serions en train de compter les corps », a déclaré un haut responsable de la police à la Douzième chaîne samedi.
« Nous nous sommes protégés et avons essayé de [les] séparer et de [ramener le] calme [sur] le terrain. Certains policiers, craignant pour leur vie, ont été contraints de tirer à balles réelles. Ils ont tiré des grenades incapacitantes afin de disperser [la foule] « , a-t-il ajouté.
Le directeur de l’hôpital Ichilov de Tel Aviv, où de nombreux blessés ont été soignés, a déclaré samedi qu’il ne se souvenait pas d’un événement d’une telle ampleur pour l’hôpital.
Haïm Boublil, chef de la police du district de Yarkon, a déclaré que les autorités s’étaient coordonnées avec les deux parties avant l’événement, mais que les groupes n’avaient pas respecté les exigences fixées par la police.
« Les opposants au régime ont franchi les barricades, se sont battus avec la police, ont jeté des pierres et des grillages. Nous avons utilisé des méthodes de dispersion de foule. Nous avons été surpris par l’intensité de la violence », a déclaré Boublil.
« Il s’agissait d’une violation de toutes les normes que nous autorisons », a déclaré Boublil. « Cela a créé une situation dans laquelle nous avons dû utiliser des moyens importants, y compris des tirs réels de la part des officiers de police. »
Des représentants de la communauté érythréenne en Israël ont déclaré qu’ils avaient averti la police une semaine auparavant des menaces de violence entourant l’événement organisé par l’ambassade d’Érythrée.
Les Érythréens constituent la majorité des plus de 30 000 demandeurs d’asile africains en Israël. La plupart des demandeurs d’asile sont arrivés en Israël par l’Égypte entre 2007 et 2012.
Ceux qui sont arrivés disent avoir fui le danger et les persécutions d’un pays connu comme la « Corée du Nord de l’Afrique », avec la conscription militaire forcée à vie dans des conditions proches de l’esclavage.
En Israël, les migrants et les demandeurs d’asile sont confrontés à un avenir incertain, l’État s’efforçant de leur rendre la vie difficile et de les expulser. Le statut juridique de la plupart des membres de la communauté érythréenne en Israël est celui « d’infiltrés » car les demandes d’asile ne sont souvent pas vérifiées, sont rejetées d’emblée ou n’ont jamais été déposées par les migrants.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.