Un policier grièvement blessé lors de heurts à Tel Aviv avec des migrants érythréens
Une partie du réchaud de camping a été retirée de la tête du policier ; une cinquantaine d'agents parmi plus de 150 blessés lors d'une rixe entre pro- et anti-gouvernement érythréen

Un policier est dans un état grave après que les médecins ont dû lui retirer une partie d’un réchaud de camping de la tête samedi, apparemment jeté dans sa direction lors d’affrontements avec des demandeurs d’asile érythréens à Tel Aviv, quelques heures auparavant.
L’officier a été hospitalisé à Sheba, près de Tel Aviv, en raison de la gravité de sa blessure, a rapporté la Douzième chaîne. Il fait partie de la cinquantaine de policiers qui ont été blessés au cours des affrontements violents qui ont duré plusieurs heures entre partisans et opposants du gouvernement érythréen dans le sud de Tel Aviv samedi.
Les policiers souffrent pour la plupart de contusions, souvent causées par des pierres et d’autres objets contondants.
Plus de 150 personnes ont été blessées. Des demandeurs d’asile érythréens protestant contre leur gouvernement se sont d’abord heurtés à des partisans du régime, avant que les deux groupes ne se heurtent à la police, qui tentait en vain de maintenir l’ordre public.
Le chaos a éclaté lors d’une manifestation contre un événement officiel du gouvernement érythréen, marquant le 30e anniversaire de l’accession au pouvoir de l’actuel dirigeant. Les opposants au régime, vêtus de bleu, sont arrivés sur les lieux pour manifester contre les partisans, qui portaient du rouge. Les rassemblements ont rapidement dégénéré en violences de rue qui ont duré plusieurs heures.
Les Érythréens des deux camps se sont affrontés à coups de planches de bois de construction, de barres de métal, de pierres et d’au moins une hache, dans un quartier du sud de Tel Aviv où vivent de nombreux demandeurs d’asile. Les manifestants ont brisé des vitrines et des voitures de police, et des traces de sang ont été observées sur les trottoirs.
שוטר מאושפז במצב קשה לאחר שנפצע במהומות בת"א – חלק מגזייה הוצא מראשו
https://t.co/Sjs7IBO8On@BranuTegene | @OrRavid pic.twitter.com/SibjGRCngQ— החדשות – N12 (@N12News) September 2, 2023
Des policiers en tenue anti-émeute ont tiré des gaz lacrymogènes, des grenades incapacitantes et des balles réelles, tandis que des agents de la garde montée tentaient de maîtriser les manifestants, qui avaient franchi des barricades et jeté des pierres sur les forces de l’ordre.
Mais « les policiers, qui craignaient pour leur vie, ont tiré à balles réelles sur les émeutiers », a ajouté la police dans un communiqué, précisant que 27 de ses membres avaient été blessés dans les affrontements.
« Si nous n’avions pas été là aujourd’hui et si nous n’étions pas intervenus entre les deux groupes de manifestants – les partisans et les opposants au régime – nous serions en train de compter les corps », a déclaré un haut responsable de la police à la Douzième chaîne samedi.
« Nous nous sommes protégés et avons essayé de [les] séparer et de [ramener le] calme [sur] le terrain. Certains policiers, craignant pour leur vie, ont été contraints de tirer à balles réelles. Ils ont tiré des grenades incapacitantes afin de disperser [la foule] », a-t-il déclaré.

Le directeur de l’hôpital Ichilov de Tel Aviv, où de nombreux blessés ont été soignés, a déclaré samedi qu’il ne se souvenait pas d’un événement d’une telle ampleur pour l’hôpital.
Tôt dimanche, l’hôpital a indiqué que 24 personnes étaient toujours hospitalisées, dont sept dans un état grave. « Leurs vies ne sont pas en danger », a précisé l’hôpital.
« Je n’ai pas souvenir, depuis que je suis directeur-général, d’un événement d’une telle ampleur et d’une telle incertitude », a déclaré le professeur Ronni Gamzu à la Douzième chaîne. « Cela représente un énorme défi pour notre personnel [soignant]. »
Gamzu a ajouté qu’il avait dû remonter aux attentats terroristes des années 1990 et du début des années 2000 pour trouver un équivalent à ce type d’événement.
L’hôpital a d’abord été débordé par l’afflux soudain de blessés. Selon Gamzu, l’événement a commencé de manière très inhabituelle, les blessés ayant commencé à arriver par leurs propres moyens à l’hôpital plutôt que par l’intermédiaire du service de secours du Magen David Adom (MDA) ou tout autre. En l’absence de la communication habituelle avec les services de secours, il aura fallu un certain temps au personnel de l’hôpital pour comprendre ce qui se passait.
L’hôpital a rapidement déclaré un événement impliquant un grand nombre de victimes, a libéré six salles d’opération et a fait appel à du personnel supplémentaire.

Gamzu a déclaré qu’une « complication supplémentaire » s’est ajoutée au « soutien social régulier apporté aux patients et à leurs familles ». « Nous devons également maintenir le conflit en dehors de l’hôpital. Des personnes des deux camps arrivent ici et nous devons les séparer. »
Lorsque l’hôpital a annoncé la fin de l’événement d’urgence à 16h15 samedi, 43 patients avaient été accueillis, dont 14 étaient initialement dans un état grave. Certaines des blessures étaient dues à des coups de feu et à des coups de couteau.
זירת קרב בדרום תל אביב. העימותים התחדשו עם זריקת מקלות, בקבוקים ואבנים, בין הצדדים ועל רכבים שנקלעו למקום
תיעוד: יותם רונן pic.twitter.com/4drKQjmkOZ
— אורי סלע Uri Sela (@uri_sela) September 2, 2023
Les blessés les plus graves ont subi une intervention chirurgicale et sont soignés dans l’unité de soins intensifs. Les autres blessés sont dans un état léger à modéré.
Des centaines de médecins et d’infirmières ont été appelés pour traiter les nouveaux patients. Certains patients ont été opérés du cerveau, ont indiqué les autorités.
Outre les centres hospitaliers d’Ichilov et de Sheba, les personnes blessées lors des affrontements ont été traitées dans les hôpitaux Meir de Kfar Saba, Wolfson de Holon, Shamir-Assaf Harofeh et Beilinson de Petah Tikva.
La police a déclaré que 39 suspects ont été arrêtés au cours des affrontements alors que le calme avait été rétabli. Les autorités maintiennent une présence importante dans les rues et procèdent à de nouvelles arrestations.

Alors qu’elle était consciente du risque d’affrontements devant l’ambassade d’Érythrée à Tel Aviv à l’occasion d’une manifestation officielle, la police s’est dite « surprise » par l’intensité des affrontements.
Haïm Boublil, chef de la police du district de Yarkon, a déclaré que les autorités s’étaient coordonnées avec les deux parties avant l’événement, mais que les groupes n’avaient pas respecté les exigences fixées par la police.
« Les opposants au régime ont franchi les barricades, se sont battus avec la police, ont jeté des pierres et des grillages. Nous avons utilisé des méthodes de dispersion de foule. Nous avons été surpris par l’intensité de la violence », a déclaré Boublil.
« Il s’agissait d’une violation de toutes les normes que nous autorisons », a déclaré Boublil. « Cela a créé une situation dans laquelle nous avons dû utiliser des moyens importants, y compris des tirs réels de la part des officiers de police. »
Des représentants de la communauté érythréenne en Israël ont déclaré qu’ils avaient averti la police une semaine auparavant des menaces de violence entourant l’événement organisé par l’ambassade d’Érythrée.
Les Érythréens constituent la majorité des plus de 30 000 demandeurs d’asile africains en Israël. La plupart des demandeurs d’asile sont arrivés en Israël par l’Égypte entre 2007 et 2012.
Ceux qui sont arrivés disent avoir fui le danger et les persécutions d’un pays connu comme la « Corée du Nord de l’Afrique », avec la conscription militaire forcée à vie dans des conditions proches de l’esclavage.
Le président Isaias Afwerki, âgé de 77 ans, dirige l’Érythrée depuis 1993, après que le pays a obtenu son indépendance de l’Éthiopie à l’issue d’une longue guérilla. Depuis qu’Afwerki a pris le pouvoir, il n’y a pas eu d’élections ni de médias libres, et les visas de sortie sont obligatoires. Selon les groupes de défense des droits de l’Homme et les experts des Nations unies, de nombreux jeunes sont contraints d’effectuer un service militaire sans date de fin.

Ce pays de la Corne de l’Afrique possède l’un des pires bilans du monde en matière de droits de l’Homme, et les demandeurs d’asile craignent la mort s’ils devaient y retourner.
En Israël, les migrants et les demandeurs d’asile sont confrontés à un avenir incertain, l’État s’efforçant de leur rendre la vie difficile et de les expulser. Le statut juridique de la plupart des membres de la communauté érythréenne en Israël est celui « d’infiltrés » – un terme commun au gouvernement et à l’armée pour désigner les personnes qui entrent illégalement en Israël – car les demandes d’asile ne sont souvent pas vérifiées, sont rejetées d’emblée ou n’ont jamais été déposées par les migrants.
Les efforts du gouvernement et de la Knesset pour inciter les membres de la communauté érythréenne à quitter le pays ou pour les expulser de force ont été à plusieurs reprises annulés par la Haute Cour de justice. Cette question est souvent citée par les partisans de la refonte judiciaire du gouvernement comme un exemple d’excès de pouvoir des tribunaux au mépris de la volonté publique, tandis que les opposants à la refonte citent les mêmes décisions comme preuve du rôle clé de la Cour dans la protection des droits de l’Homme.
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Les violences de samedi ne sont pas isolées. Le mois dernier, alors que l’Érythrée célébrait ses 30 ans d’indépendance, des festivals organisés par le gouvernement érythréen et la Diaspora en Europe et en Amérique du Nord ont été attaqués par des exilés. Le gouvernement érythréen les a qualifiés de « rebuts de l’asile ».
Renee Ghert-Zand a contribué à cet article.
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