3ᵉ délai accordé au gouvernement pour répondre à un recours sur l’aide à Gaza
Gisha dénonce des reports successifs de la par la Haute Cour qui, selon elle, tarde à trancher sur l’acheminement humanitaire vers Gaza et fustige un mécanisme d’aide controversé
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

La Cour suprême de justice a accordé au gouvernement, jeudi, un troisième délai pour déposer sa réponse à un recours exigeant la mise en place d’un « approvisionnement régulier et substantiel » en aide humanitaire pour la population civile de Gaza.
Le recours, déposé le 18 mai par l’organisation de défense des droits humains Gisha, visait la politique gouvernementale en vigueur à ce moment, qui bloquait l’ensemble de l’aide à destination de Gaza.
Le soir même, le Premier ministre Benjamin Netanyahu annonçait qu’une quantité limitée d’aide serait autorisée à entrer, suivie du déploiement d’un mécanisme controversé de distribution humanitaire opéré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis et Israël.
La Haute Cour avait mis deux jours à réagir au recours, puis accordé au gouvernement un délai d’une semaine pour y répondre. Le gouvernement a ensuite demandé un premier report au 29 mai, puis un second au 4 juin.
Hier, le gouvernement a sollicité un troisième report, cette fois jusqu’au 10 juin, une demande approuvée par le juge Yossef Elron, connu pour ses positions conservatrices strictes. L’avocate de Gisha, Osnat Cohen-Lifshitz, a qualifié cette nouvelle demande de « honteuse ».
Gisha a vivement critiqué le mécanisme de distribution mis en place par la GHF, soulignant qu’elle avait averti dès le mois de mai que l’absence de clarté sur les dispositifs de sécurité entourant les centres de distribution, « et plus particulièrement les règles d’engagement pour les gardes armés ou les militaires israéliens dans la zone… risquait d’exposer les civils à des tirs ciblés ».
La GHF a suspendu ses activités mercredi et jeudi afin de revoir les conditions de sécurité, après la mort de plusieurs Gazaouis abattus alors qu’ils tentaient d’atteindre un site de distribution à Rafah, dimanche, lundi et mardi.
En réponse aux décès signalés, Gisha déclare qu’Israël est désormais une « puissance occupante » à Gaza et qu’à ce titre, il doit « permettre l’entrée efficace et ininterrompue de l’aide humanitaire et d’autres biens… ouvrir immédiatement tous les points de passage vers la bande, garantir des routes sûres aux convois d’aide, et protéger les travailleurs humanitaires, les installations humanitaires et les civils dans la bande de Gaza ».
La Haute Cour avait toutefois statué en mars, dans le cadre d’un précédent recours de Gisha, qu’Israël n’était pas une puissance occupante à Gaza.