30 invités du mariage seront interrogés sur la vidéo célébrant les meurtres de Duma
Un nouveau clip diffusé sur la Deuxième chaîne montre le dirigeant de Lehava Bentzi Gopstein et l’avocat des suspects Itamar Ben Gvi

Des douzaines d’invités d’un mariage d’extrême-droite, où les meurtres de la famille Dawabsha ont été célébrés, comme vus dans une vidéo malheureusement célèbre, seront convoqués par la police pour être questionnés la semaine prochaine.
La Deuxième chaîne a diffusé jeudi soir une nouvelle vidéo de l’évènement, qui montre que Bentzi Gopstein, dirigeant de l’organisation d’extrême-droite Lehava, et Itamar Ben Gvir, l’avocat des suspects de l’incendie de Duma, étaient présents à ce mariage.
La nouvelle vidéo montre plus de danses avec des fusils, des couteaux et des engins explosifs, ainsi que des images célébrant, enflammant et poignardant la photo de Ali Dawabsha, 18 mois, qui a été brûlé à mort dans l’attaque du 31 juillet dans le village de Duma, en Cisjordanie.
Selon le reportage télévisé, 30 des invités du mariage seront interrogés par la police pour suspicions d’incitation à la violence et possession illégale d’armes.
Plus tôt cette semaine, Louba Samri, porte-parole de la police, a déclaré que la police avait commencé à étudier cette vidéo mercredi après-midi, avant qu’elle soit diffusée à la télévision. Samri a ajouté que la vidéo diffusée n’était qu’une petite partie du matériel sur lequel ils enquêtaient.
« Le sérieux matériel d’investigation rassemblé par la police israélienne, dont une petite partie a été rendue publique hier, est vaste, et a été transféré au procureur de l’Etat pour demander son approbation pour ouvrir une enquête, a déclaré Samri. Hier après-midi, l’approbation a été donnée à l’unité en charge des crimes nationalistes de la police israélienne dans les régions de Judée et Samarie d’enquêter sur des incitations et d’autres délits. »
De plus, le secrétaire général de l’armée israélienne, Gadi Eisenkot, a ordonné jeudi que la police militaire enquête pour savoir comment des fusils qui proviendraient de l’armée ont été brandis par des participants juifs d’extrême-droite à ce mariage.
Eisenkot a demandé à la police militaire de découvrir comment les armes sont apparues dans la vidéo et si un soldat de l’armée israélienne avait participé à l’évènement.
Le marié, qui serait ami avec des extrémistes juifs détenus en lien avec l’attaque incendiaire, a déclaré jeudi qu’il n’était pas au courant de ces célébrations du meurtre à son mariage.
« Je ne les ai même pas vues. A mon mariage, j’étais sur un nuage, pas du tout terre-à-terre’, a déclaré Yakir Ashbal à la Dixième chaîne.
Il a trouvé la vidéo « choquante », mais a souligné qu’ « il y avait environ 600 personnes à mon mariage, et ce n’est pas quelque chose auquel j’ai donné mon accord. Il y avait un million de personnes. Je ne contrôle pas ce qui arrive à mon mariage. Je ne suis que le marié, je n’ai même pas payé pour le photographe ou le chanteur. »
Le père d’Ashbal a lui aussi rejoint le chœur des dénonciations jeudi, soulignant qu’il aurait stoppé les invités d’appeler à la « vengeance » s’il les avaient vus.
Selon la Dixième chaîne, Ashbal appartient à un groupe qui s’appelle « La rébellion », qui défend le renversement de l’Etat israélien et son remplacement par une monarchie juive. Le groupe soutiendrait également l’expulsion des non juifs du pays.
Des enquêtes du Shin Bet avaient précédemment eu lieu sur le marié et la mariée.
La vidéo a déclenché une large condamnation de tout le spectre politique, bien que certains députés de droite aient accusé les fonctionnaires de sécurité d’avoir fait fuiter la vidéo pour diaboliser les extrémistes juifs investigués pour le meurtre de trois membres d’une famille palestinienne en juillet.
Le chef de l’opposition Isaac Herzog et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont tous deux condamné les images et les éléments derrière eux. Netanyahu a trouvé les vidéos « choquantes », alors qu’Herzog a comparé les célébrants à des « voyous ».
La ministre de la Justice, Ayelet Shaked du parti HaBayit HaYehudi a déclaré à la radio militaire jeudi matin que la diffusion de la vidéo blessait Israël, bien qu’elle n’a pas critiqué son contenu.
« Le Shin Bet a agi dans le cadre de la loi, accompagné d’ordres de la cour, a déclaré la ministre de la Justice. L’une des histoires [de forces non nécessaires] s’est répandue ces derniers jours et n’a aucun lien avec la réalité. »
L’attaque de Duma a tué trois membres d’une famille palestinienne. Un seul membre de la famille Dawabsha – Ahmed, maintenant 5 ans – a survécu à l’attaque, et reste hospitalisé en Israël. Le bébé de 10 mois, Ali, a été tué la nuit de l’attaque, et ses parents Riham et Saad ont succombé à leurs blessures dans les semaines suivantes.
Un nombre non précisé de suspects juifs a été arrêté en lien avec l’attaque, qui est considérée comme un acte de terrorisme. Les détails de l’enquête, et l’identité des suspects, n’ont pas pu être publiés à cause d’un ordre strict de silence imposé par la cour.

« Je regrette que cette vidéo ait été diffusée, a déclaré Shaked. C’est quelque chose qui, au final, blesse l’Etat d’Israël. »
En réponse aux récentes critiques des services de sécurité du Shin Bet par des éléments de droite en raison du traitement des suspects par le Shin Bet pendant l’enquête en cours sur les meurtres de la famille Dawabsha, Shaked a déclaré que ces critiques n’ont aucune base.