Israël en guerre - Jour 585

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« Il va mieux, Dieu merci », déclare le grand-père du survivant de 5 ans de Duma

5 mois après l’incendie, Ahmed Dawabsha est passé au pavillon de réhabilitation, ne sait toujours pas que ses parents et son frère sont morts

Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël

Ahmed Dawabsha dans sa chambre de l'hôpital Tel Hashomer, le 23 décembre 2015. (Crédit : Simona Weinglass/Times of Israel)
Ahmed Dawabsha dans sa chambre de l'hôpital Tel Hashomer, le 23 décembre 2015. (Crédit : Simona Weinglass/Times of Israel)

Le garçon de cinq ans est assis sur son fauteuil roulant, il ne sourit pas, mais il est vigilant et regarde autour de lui avec curiosité. Le côté gauche de son visage est lisse, mais le côté droit porte toujours les cicatrices des brûlures subies quand des terroristes présumés juifs ont incendié sa maison, dans le village de Duma, en Cisjordanie, le 31 juillet 2015.

Ahmed Dawabsha est le seul survivant de l’attaque, dans laquelle il a perdu ses parents et son frère de 18 mois. Après presque cinq mois d’hospitalisation, où il avait été admis pour des brûlures au deuxième et troisième degré sur plus de 60 % de son corps, presque toutes ses blessures ont guéri, selon son grand-père.

Mardi, il a fait quelques pas avec de l’aide.

« Son état s’améliore, Dieu merci », dit le grand-père de l’enfant, Hussein Dawabsha, dans un hébreu courant.

Mercredi, Ahmed a été transféré du service des brûlés au département de réhabilitation de l’hôpital des enfants du centre médical Sheba, à Ramat Gan.

« Il aura de la kinésithérapie là-bas, dit Dawabsha. Nous avons une longue route devant nous. Ce n’est pas une question d’un jour ou deux ou même d’un mois, cela prendra longtemps. »

Après l’attaque, Ahmed a été hospitalisé pour trois semaines en soins intensifs, selon une porte-parole de l’hôpital, avec de « très sérieuses blessures ».

En août il a été transféré au pavillon pédiatrique normal et a ensuite subi un total de 10 chirurgies, dont des greffes de peau. La porte-parole a déclaré qu’il passerait encore six mois à un an à l’hôpital, où ses blessures continueront à guérir et où le garçon aura une kinésithérapie et une ergothérapie intensives.

« Il doit réapprendre à marcher, à se nourrir lui-même. Il était dans un état très critique. Le centre médical Sheba continuera à faire tout ce que nous pouvons pour le ramener vers une vie indépendante. »

« Pourquoi ? »

Pendant la journée, la chambre d’Ahmed est pleine de visiteurs : famille, amis, militants des droits de l’Homme juifs et arabes israéliens qui sont venus offrir un soutien moral. Mais la nuit, son grand-père dort seul à ses côtés.

C’est à ce moment que les questions commencent.

Hussein Dawabsha et son petit-fils Ahmed à l'hôpital Tel Hashomer, le 23 décembre 2015 (Crédit : Simona Weinglass/Times of Israel)
Hussein Dawabsha et son petit-fils Ahmed à l’hôpital Tel Hashomer, le 23 décembre 2015 (Crédit : Simona Weinglass/Times of Israel)

« Il dit ‘Où est mon père ? Où est ma mère ? Pourquoi est-ce qu’ils ne viennent pas ?’”

Avant, Hussein Dawabshe a fait le choix de ne pas dire à Ahmed ce qui est arrivé à sa famille avant qu’il ne regagne en santé et en force.

« Si je luis dis ça, ça va le casser. Je ne peux pas faire ça. »

A la place, Ahmed croit que ses parents et son frère sont toujours vivants. Il sait que sa maison a été brûlée mais il pense que son père la réaménage en prévision de son futur retour à la maison. Il croit qu’il a envoyé certains des nombreux jouets qu’il reçoit à son petit frère et parle de comment ils joueront ensemble avec.

L’humeur d’Ahmed est raisonnablement bonne, selon son grand-père. Il joue et sourit de temps en temps, particulièrement quand il sort dans une petite voiture. Il s’est attaché à certains de ses visiteurs et parle avec un ou deux enfants du pavillon. Au même moment, Ahmed pleure souvent à cause de la douleur des brûlures et doit subir de fréquentes injections.

« Mais il ne proteste pas. Il dit ‘Je vais tout supporter, comme ça je pourrais juste rentrer à la maison’. »

Ce que Dawabsha craint le plus est le moment où lui et son petit-fils se retrouvent seuls et qu’il commence à demander « pourquoi ? »

« J’ai peur de cette question », dit Dawabsha, qui non seulement doit maquiller la vérité, mais ne sait pas comment y répondre lui-même.

« Je regarde les enfants et je vois qu’ils ont une mère et un père, et je regarde Ahmed et je pense, pourquoi est-il dans cette situation ? Pourquoi est-il avec moi et sa grand-mère et les visiteurs ? Je pleure quand je vois ça, mais je ne peux pas pleurer à côté de lui. »

Interrogé à propos des Israéliens qui ont récolté de l’argent pour Ahmed, comme l’organisation anti-racisme Tag Meir qui a récolté 366 000 NIS (environ 100 000 dollars) dans une campagne de financement participatif, Dawabsha a déclaré qu’on lui a conseillé de ne pas accepter l’argent.

« C’est très gentil, mais nous ne voulons pas prendre l’argent. J’ai un avocat, et l’avocat a dit de ne pas le faire. »

Saad et Riham Dawabsha, avec leur bébé Ali. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)
Saad et Riham Dawabsha, avec leur bébé Ali. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)

Dans la chambre, un visiteur israélien arabe de Lod dit avec colère : « vous voyez ça ? », en pointant le garçon, toujours visiblement blessé, « c’est le résultat de l’occupation. »

« Dis-lui, demande-t-il à Hussein Dawabsha, que c’est ce qui arrive quand il y a une occupation. »

Mais Dawabsha secoue la tête, il ne veut pas parler de politique.

« Êtes-vous content qu’ils aient attrapé les suspects ? », lui demande-t-on, en faisant référence aux affirmations récentes des services de sécurité du Shin Bet disant qu’ils ont effectué des arrestations et ont beaucoup progressé dans l’enquête sur l’attaque.

« Que voulez-vous d’un homme qui a perdu sa famille ?, répond Dawabsha. Ils ont brûlé ma famille ? Vous voulez que je sois heureux ? Qu’est-ce que j’ai pour être heureux ?”

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