À Jérusalem, les responsables d’implantations manifestent pour l’annexion
Des centaines de manifestants se rassemblent dans la capitale pour demander au Premier ministre d'étendre la souveraineté aux communautés de Cisjordanie avant le scrutin du 2 mars
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés jeudi soir sur la place de Paris à Jérusalem pour demander l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie avant la tenue des élections du 2 mars.
La manifestation, organisée par le Conseil de Yesha, qui regroupe les dirigeants des implantations, et le groupe militant Sovereignty Now, a exhorté le Premier ministre Benjamin Netanyahu à défier les avertissements de l’administration Trump et à tenir ses promesses d’annexer la vallée du Jourdain et les implantations israéliennes.
Les manifestants ont tenu des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Souveraineté maintenant » et « Nous ne renoncerons pas » et ont agité des drapeaux israéliens. Un groupe de jeunes hommes tenait des pancartes exhortant Netanyahu à « Be Begin » [Soyez Begin], une référence à l’ancien premier ministre Menachem Begin, qui a supervisé les annexions israéliennes de Jérusalem et du plateau du Golan.
« Après 71 ans d’indépendance et 52 ans d’implantation, nous sommes toujours dans une lutte existentielle. La mission n’est pas terminée. Nous sommes ici et nous n’abandonnerons pas », a juré le chef du Conseil de Yesha, David Elhayani, qui est également président du Conseil régional de la vallée du Jourdain.
« C’est notre terre, notre maison et notre ligne de défense stratégique », a-t-il déclaré dans son discours.
Il a appelé Benjamin Netanyahu à « tenir parole et à déclarer la souveraineté maintenant ». « Je crains que si nous n’obtenons pas la souveraineté avant les élections, elle ne viendra pas non plus après les élections ».
« Un demi-million de citoyens israéliens vivent sous le régime militaire et ne peuvent pas acheter de biens immobiliers en Judée, en Samarie », s’est plaint Yisrael Gantz, chef du conseil régional de Binyamin, en faisant référence au fait que la Cisjordanie est administrée par l’armée israélienne depuis sa capture de la Jordanie lors de la guerre des Six Jours de 1967.
Le plan du président américain Donald Trump envisage l’annexion par l’État juif de parties clés de la Cisjordanie, y compris dans la vallée stratégique du Jourdain et dans toutes les implantations. Ce plan prévoit la création d’un État palestinien, avec une souveraineté limitée, sur environ 70 % de la Cisjordanie, sans la majeure partie de Jérusalem-Est, ce qui est loin de répondre aux exigences minimales des Palestiniens.
Ces derniers ont fermement rejeté ce plan, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas l’ayant qualifié de « gifle du siècle ».
Netanyahu avait affirmé quelques heures après l’introduction du plan le 28 janvier qu’Israël avait le feu vert des États-Unis pour annexer immédiatement les zones de Cisjordanie qui lui étaient attribuées.
Mais l’architecte du plan, le conseiller principal et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, a rapidement fait savoir que les États-Unis s’attendaient à ce qu’Israël attende au moins jusqu’après les élections législatives du 2 mars pour le faire, et que des questions bureaucratiques liées à la cartographie devaient être réglées avant que l’annexion puisse avoir lieu.
Lundi, le Premier ministre a indiqué qu’Israël n’étendra sa souveraineté à la vallée du Jourdain et à des zones de Cisjordanie qu’avec l’accord de Washington, prenant ainsi un nouveau recul par rapport à ses déclarations initiales selon lesquelles il irait rapidement de l’avant avec cette mesure.
Dimanche, l’ambassadeur des États-Unis en Israël a souligné que les États-Unis ne soutiendraient pas une annexion immédiate. David Friedman a mis en garde le gouvernement israélien contre l’application de sa souveraineté à certaines parties de la Cisjordanie avant les élections, citant la mention par Trump d’un comité bilatéral qui doit conclure son travail de cartographie avant que Jérusalem ne soit autorisée à procéder à l’annexion.
Les Palestiniens ont rejeté avec colère le plan, le jugeant biaisé en faveur d’Israël, et ont cherché à susciter une opposition internationale à la proposition.