À la Knesset, des centaines de manifestants expriment leur colère et leur inquiétude
Ce qui les préoccupe le plus : les réformes pour affaiblir la Haute cour, le fait que des ministres aient été condamnés et les projets de loi sur la discrimination
- Des manifestants protestent contre le nouveau gouvernement religieux de droite investi le 29 décembre 2022. (Crédit : Jeremy Sharon/Times of Israel)
- Des manifestants protestent contre le nouveau gouvernement religieux de droite investi le 29 décembre 2022. (Crédit : Jeremy Sharon/Times of Israel)
- Des Israéliens protestant devant la Knesset avant la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement, à Jérusalem, le 29 décembre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/FLASH90)
- Bernard ‘Buddy’ Green de Jérusalem participe à une manifestation contre le nouveau gouvernement religieux de droite investi le 29 décembre 2022. (Crédit : Jeremy Sharon/Times of Israel)
- Avi Baruchi, qui a fait le trajet depuis Nahariya dans le nord jusqu'à Jérusalem pour protester contre le nouveau gouvernement religieux de droite investi le 29 décembre 2022. (Crédit : Jeremy Sharon/Times of Israel)
- Des Israéliens manifestent avec un drapeau LGBT devant la Knesset, avant la prestation de serment du nouveau gouvernement, à Jérusalem, le 29 décembre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)
- Des Israéliens manifestent devant la Knesset avant la prestation de serment du nouveau gouvernement, à Jérusalem, le 29 décembre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)
- Des manifestants agitant des drapeaux et des banderoles contre le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu devant la Knesset, à Jérusalem, le 29 décembre 2022. (Crédit : Miri Pomerantz)
Des centaines de manifestants sont venus protester devant la Knesset en début de matinée jeudi pour exprimer leur opposition au nouveau gouvernement et dénoncer ce qu’ils ont qualifié de dirigeants corrompus et de politiques extrémistes, qui, selon eux, mettront en danger l’avenir du pays.
Dans une atmosphère bruyante, les manifestants ont soufflé dans des cornes de brume et crié dans des mégaphones, pour dénoncer le nouveau Premier ministre Benjamin Netanyahu pour ses procès pour corruption et fustiger les plans de son gouvernement visant à restreindre l’autorité de la Haute Cour de justice.
Les manifestants portaient des drapeaux de la fierté israélienne et LGBTQ, ainsi que des pancartes avec une grande variété de slogans pour déplorer l’entrée au pouvoir d’un gouvernement religieux de droite.
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Une manifestant a brandi une pancarte où l’on pouvait lire « Le fascisme est pour les lâches », tandis qu’un autre s’est habillé d’un uniforme rayé de condamné, de menottes et d’un masque de Netanyahu, une référence au procès en cours du nouveau Premier ministre pour fraude, abus de confiance et la corruption.

L’inquiétude à l’égard de la Haute Cour était un thème important de la manifestation, avec de nombreux manifestants – dont beaucoup d’âge mûr ou âgés – brandissant des pancartes dénonçant les projets d’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui entraverait les contrôles judiciaires à l’encontre du pouvoir exécutif et législatif.
« Il n’y a pas de juges à Jérusalem », « Nous n’accepterons pas de lois anti-démocratiques » et « Bibi, Ben Gvir et Smotrich détruisent les fondements de la démocratie israélienne », étaient quelques-uns des messages affichés, faisant respectivement référence à Netanyahu et aux dirigeants des partis d’extrême droite Otzma Yehudit et d’HaTzionout HaDatit.
« Il s’agit du gouvernement le plus sombre, le plus raciste, le plus mauvais que nous pouvions imaginer », a déclaré Niv à l’AFP.
« Ce qui est en train de se passer est une catastrophe », a déploré Bernard « Buddy » Green, originaire de Boston, Massachusetts, qui a immigré en 1967 et vit dans le quartier chic de Rehavia à Jérusalem.
Green s’est dit particulièrement préoccupé par « l’attaque contre la Cour suprême », qui, selon lui, est cruciale pour garantir que le pays ne commette pas de graves erreurs de gouvernance.

« Maintenant, ils veulent la détruire. Ils veulent que le tribunal approuve ce qu’ils font », a-t-il déclaré.
Green s’est dit préoccupé par le fait que plusieurs ministres et députés de la nouvelle coalition aient été condamnés ou jugés pour des accusations criminelles, et a également exprimé son opposition à ce que le chef d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, assume le rôle puissant de ministre de la Sécurité nationale.
« Que quelqu’un qui soutient Kahane soit en position de pouvoir, c’est comme un mauvais rêve », a-t-il fustigé.
Ben Gvir a fait l’objet de plusieurs condamnations pénales, dont une pour incitation à la haine raciale, et a été accusé par l’actuel chef de la police en mai 2021 d’avoir joué un rôle dans l’explosion d’émeutes intercommunautaires ce mois-là.

Karen, venue du centre du pays, a fulminé en particulier sur ce qu’elle a qualifié de corruption des chefs du nouveau gouvernement, y compris du nouveau Premier ministre.
« Netanyahu essaie simplement de se sortir de ses problèmes personnels, de la menace de la prison. Nous avons un ministre de l’Intérieur qui est également ministre de la Santé et qui deviendra ensuite le ministre des Finances alors qu’il a été condamné deux fois au pénal », a-t-elle déclaré. « Comment c’est possible ? »
Karen faisait référence au chef du Shas, Aryeh Deri, qui a été condamné en 1999 pour corruption et condamné plus tôt cette année avec sursis pour fraude fiscale.
Elle a également exprimé son inquiétude quant à l’avenir économique du pays, compte tenu des importants engagements financiers pris par le nouveau gouvernement dans ses accords de coalition.

« Qui va financer tout ça ? Une petite partie de la population travaille dans ce pays et gagne un revenu et sert dans l’armée », a-t-elle déclaré, faisant référence à l’augmentation des subventions pour les étudiants ultra-orthodoxes de yeshiva et aux nouvelles allocations sociales.
Avi Baruchi, qui a fait le chemin depuis Nahariya dans le nord, a déclaré qu’il pensait que le pays était en train de s’effondrer, citant spécifiquement la menace pesant sur la Haute Cour de justice.
« La Haute Cour va tout simplement disparaître. Nous devrions dire aux citoyens israéliens : ‘Mesdames et Messieurs, il n’y a personne pour vous représenter. Si vous êtes victime de discrimination, personne ne peut vous aider’ », a-t-il affirmé.
« La démocratie sans la Haute Cour, dans ce pays qui n’a pas de constitution, ne sera fondamentalement pas une démocratie. Ce sera la règle d’un gouvernement sans frontières. »

L’un des principaux objectifs du nouveau gouvernement est de réduire drastiquement la capacité de la Haute Cour à annuler des lois et à annuler des décisions gouvernementales, permettant à la Knesset de légiférer à nouveau sur les lois qui auront déjà été invalidées par la Cour.
Baruchi a estimé qu’Israël pourrait subir des répercussions de la part de la communauté internationale s’il promulguait les engagements politiques les plus radicaux du nouveau gouvernement, et pourrait également assister à une fuite des cerveaux si les libertés démocratiques venaient à disparaître.
« Lorsqu’il n’y aura pas de véritable démocratie ici, les gens commenceront à quitter le pays », a-t-il prédit. « Ceux qui partiront seront précisément ceux qui font fonctionner le pays, qui créent la technologie, qui apportent la science, alors notre destruction viendra très rapidement. »
S’exprimant lors de la manifestation, le chef du Mouvement pour un gouvernement de qualité, Eliad Shraga, a décrit la nouvelle coalition comme « le premier gouvernement fasciste d’Israël » et a condamné ce qu’il a qualifié d’extrémisme et de corruption des ministres entrants, dont Netanyahu.

« La prophétie d’Isaïe ne s’est jamais accomplie comme elle l’a été aujourd’hui : ‘Comment la ville fidèle est-elle devenue une prostituée ! » a dit Shraga. « Ils feront avancer les ténèbres, et nous ferons ensemble avancer la lumière, et plus de lumière, et plus de lumière jusqu’à ce que le soleil brille à nouveau. »
Au cours de la manifestation, mais à plusieurs dizaines de mètres de la manifestation principale, le député Yesh Atid Boaz Toporovsky a été impliqué dans une altercation avec un contre-manifestant de droite qui avait érigé une banderole portant les mots « Les gauchistes sont des traîtres. »
Toporovsky a déchiré la banderole et lui et le manifestant ont dû être séparés par la police.
תיעוד חריג של ח״כ בועז טופורובסקי שתלש את השלט ״שמאלנים בוגדים״ של משה מירון לאחר חילופי דברים בין השניים. לאחר שהשלט נפל השניים התעמתו ושוטרים שהיו במקום הפרידו ביניהם. בהמשך הגיעו ח״כים אחרים מיש עתיד שהתעמתו עם מירון מילולית pic.twitter.com/B6FBS7t16G
— Bar Peleg (@bar_peleg) December 29, 2022
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