À Yom Yeroushalayim, Ben Gvir réclame la peine de mort pour les terroristes et l’arrêt de l’aide à Gaza
Lors de la Marche des Drapeaux, des manifestants ont scandé "Mort aux Arabes" et "Que ton village brûle" dans le quartier musulman de la Vieille Ville ; un Palestinien interpellé

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est adressé à des dizaines de milliers de personnes venues célébrer Yom Yeroushalayim, la Journée de Jérusalem, depuis une tribune installée devant la Grande Synagogue de la capitale, avant le départ de la Marche des Drapeaux en direction de la Vieille Ville.
De jeunes étudiants de yeshiva se sont massés près de la scène afin d’approcher le ministre, criant son nom. Ils lui ont remis des drapeaux et des autocollants qu’il a brandis en dansant sur scène.
Un jeune homme lui a remis un drapeau arborant le logo de son parti d’extrême droite Otzma Yehudit. Un autre lui a tendu un autocollant sur lequel on pouvait lire « Gaza est à nous pour toujours ».
Avant de prendre la parole, Ben Gvir a brandi un autocollant avec le nom et le visage d’un soldat de l’armée israélienne tombé au combat.
« Comme vous êtes adorables, mes chéris », a-t-il dit.
« Ils m’apportent des autocollants à l’effigie des soldats morts au combat. Que Dieu venge leur sang, ces héros et martyrs, car c’est grâce à eux que nous sommes en train de gagner. »
Ben Gvir outside the Great Synagogue of Jerusalem, holding Otzma Yehudit flag… calls for death penalty for Palestinian terrorists, decries Netanyahu decision to resume humanitarian aid to Gaza, says "the only thing our enemies need is a bullet to the head" pic.twitter.com/4pinCpE8dc
— charlie summers (@cbsu03) May 26, 2025
« Mais cette victoire doit être approfondie […] Nous entrerons à Gaza et nous triompherons ! », a-t-il ajouté, sous les acclamations de la foule.
Il s’est prononcé contre la récente décision du gouvernement d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. « Je dis au Premier ministre, cher Premier ministre, nous ne devons pas leur accorder d’aide humanitaire, nous ne devons pas leur fournir de carburant… nos ennemis ne méritent qu’une balle dans la tête ! »
Les participants ont commencé à scander « Mort aux Arabes », mais Ben Gvir a rétorqué « Mort aux terroristes », aussitôt repris en chœur par la foule.
Il a également appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à appliquer la peine de mort aux terroristes palestiniens. Il a vanté le durcissement des conditions de détention des prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël sous son mandat de ministre de la Sécurité nationale, fonction qui supervise l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS).
Alors que la foule commençait à scander le refrain anti-Arabe habituel « Que leur village brûle », Ben Gvir s’est adressé aux participants : « Mes amis, je voudrais vous dire quelque chose : je ne déteste pas les Arabes, mais je déteste les terroristes, et je veux la peine de mort pour les terroristes. Si Dieu le veut, nous vaincrons. »
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a, pour sa part, appelé au rétablissement de la présence juive dans la bande de Gaza.
« Avons-nous peur de la victoire ? », a demandé rhétoriquement le ministre d’extrême droite à la foule, qui a répondu en chœur « non ! ».
« Avons-nous peur du mot ‘occupation’ ? », a-t-il poursuivi, ce à quoi les partisans ont à nouveau répondu « non » en masse.
« Sommes-nous en train de nous installer dans la Terre d’Israël ? Sommes-nous en train de libérer Gaza ? », a-t-il crié sous les acclamations des dizaines de milliers de personnes rassemblées sur le lieu saint.
« Nous sommes en train de triompher de l’ennemi ! », a clamé Smotrich.
L’organisation de droite Im Tirtzu a dévoilé une banderole appelant vraisemblablement à l’expulsion massive des Gazaouis de la bande de Gaza, lors de la marche.
Debout près de la porte de Damas dans la Vieille Ville, les militants ont brandi une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Sans Nakba, pas de victoire ! »
La « Nakba » – ou « catastrophe » en arabe est un terme désignant le déplacement des Arabes lors de la création de l’État d’Israël et de la Guerre d’Indépendance en 1948.
התנועה בעלת הסממנים הפאשיסטים @ImTirtzu קוראת לבצע פשעים נגד האנושות
מזל שיש את יום ירושלים כדי שכולם יוכלו לראות כמה הימין הישראלי מטורלל
קרדיט תמונה : ״אם תרצו״ (כן הם אשכרה פירסמו את התמונה הזאת בגאווה ברשתות שלהם) pic.twitter.com/hlMDqys7Vm
— נדב וימן Nadav Weiman (@weimanadav) May 26, 2025
Une autre banderole exhortait Israël à prendre le contrôle de Gaza, à l’image de Jérusalem-Est reprise à la Jordanie lors de la Guerre des Six Jours en 1967, événement célébré à Yom Yeroushalayim.
Des Israéliens nationalistes religieux se sont affrontés à des commerçants palestiniens et ont entonné des chants racistes dans le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem, peu avant le début de la controversée « Marche des Drapeaux ».
Des témoins ont déclaré au Times of Israel qu’un jeune Palestinien avait été arrêté après avoir aspergé de lacrymogène une foule de Juifs en liesse lors d’une bagarre qui avait éclaté entre les deux groupes.
Après l’arrestation, des Juifs ont scandé « Mort aux Arabes » tout en se pressant dans le quartier musulman.

Certains ont été filmés en train de bousculer un Palestinien âgé qui tentait de se frayer un chemin à travers la foule.
Un adolescent juif a tenté d’empêcher le journaliste de filmer alors que la police et les gardes-frontières utilisaient la force pour séparer la foule d’un groupe de Palestiniens et de militants de gauche.
Jerusalem Day in the Old City, religious Zionist youth chanting "death to Arabs" pic.twitter.com/xgACdi5Y8v
— charlie summers (@cbsu03) May 26, 2025
Sur une autre vidéo, un groupe de jeunes hommes et d’adolescents juifs scandent « Que ton village brûle ».
On y voit également des agents de sécurité escortant un groupe de femmes arabes pour les éloigner de la foule agitée.
La vidéo semble avoir été filmée dans le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem.
רמקולים חובה. pic.twitter.com/kEQ14vfy90
— نير حسون Nir Hasson ניר חסון (@nirhasson) May 26, 2025
Il est courant que des jeunes Juifs radicaux participant à la Marche des Drapeaux harcèlent et brutalisent des Palestiniens, en particulier lorsqu’ils pénètrent dans le quartier musulman de la Vieille Ville par la porte de Damas.

L’an dernier, plusieurs Palestiniens et journalistes ont été agressés par des manifestants qui scandaient des slogans anti-Arabe tout en apposant des autocollants sur les vitrines des magasins fermés. Ces autocollants prônaient l’idéologie du défunt rabbin ultranationaliste Meïr Kahane, et appelaient à l’expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza.
La police a arrêté un Palestinien dans le quartier chrétien de la Vieille Ville après qu’il a tenté de poursuivre plusieurs dizaines de jeunes sionistes religieux, une ceinture à la main, qui venaient d’agresser un autre commerçant dans son quartier.
Cet homme, qui semblait ivre, est tombé à plusieurs reprises au sol alors qu’il tentait de résister à son arrestation, malmené par les policiers.
Des passants ont déploré que la police l’ait arrêté sans s’occuper de l’important groupe d’agitateurs, qui s’est enfui après avoir agressé un homme d’âge moyen devant un salon de coiffure.
Police arrest Palestinian man in Christian Quarter after he attemps to chase group of religious Zionist youth with belt in hand. Man appears to be drunk.
Bystanders complain that police declined to arrest dozens of right wing agitators who attacked a Palestinian moments earlier pic.twitter.com/lm7BPTejNJ
— charlie summers (@cbsu03) May 26, 2025
Des militants bénévoles vêtus de gilets violets appartenant au mouvement de gauche Standing Together étaient également présents. Ils ont tenté d’empêcher le Palestien âgé de poursuivre le jeune Juif.
Lors de l’arrestation, les militants ont exhorté la police à le traiter « avec douceur ». Ils agissaient dans le cadre d’une « milice humanitaire » autoproclamée dont l’objectif était « d’escorter et de protéger les résidents et les commerces palestiniens contre les attaques des participants à la Marche des Drapeaux ».
Des jeunes Juifs d’extrême droite se sont également affrontés avec les militants de gauche, les qualifiant de « traîtres ».
Plus tôt dans la matinée, le Times of Israel a été témoin de l’arrestation par la police d’un jeune Juif dans le quartier musulman, qui a été traîné vers la porte de Damas. La police n’a pas précisé combien d’arrestations avaient été effectuées depuis le début de la journée.
Officiellement, le départ de la Marche des Drapeaux était prévu à 16 h 30, la plupart des participants devant partir de la Grande Synagogue de Jérusalem, située dans la partie ouest de la capitale.
D’après le parcours préétabli, les participants entament la marche à partir de la porte de Damas, traversent la Vieille Ville et arrivent devant le mur Occidental en début de soirée.
Anticipant des violences de la part des participants à cette marche, la plupart des commerçants palestiniens ont fermé leurs commerces vers 14 heures.