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Yom Yeroushalayim : chants racistes et « mort aux arabes » scandés à la Marche des Drapeaux

Des jeunes juifs extrémistes ont également chanté "Que votre village brûle" sur la route du quartier musulman ; des journalistes et des habitants palestiniens ont été agressés ; 18 arrestations

La police empêche un militant d'extrême droite d'attaquer un journaliste du Times of Israel dans le quartier arabe de la vieille ville de Jérusalem lors d'affrontements avant l'annuelle Marche des Drapeaux à l'occasion de Yom Yeroushalayim, le 5 juin 2024. (Crédit : Sam Sokol/Times of Israel)
La police empêche un militant d'extrême droite d'attaquer un journaliste du Times of Israel dans le quartier arabe de la vieille ville de Jérusalem lors d'affrontements avant l'annuelle Marche des Drapeaux à l'occasion de Yom Yeroushalayim, le 5 juin 2024. (Crédit : Sam Sokol/Times of Israel)

La police a arrêté 18 suspects pour faits de violence mercredi, alors que des affrontements ont éclaté lors de la Marche des Drapeaux à l’occasion de Yom Yeroushalayim. Au cours de ce défilé, des dizaines de milliers d’Israéliens, pour la plupart nationalistes et religieux, ont traversé le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem afin de célébrer la réunification de la capitale en 1967.

Des extrémistes ont agressé plusieurs journalistes ainsi que des résidents palestiniens lors de cette fête nationaliste.

Malgré les tensions liées à la guerre qui fait rage à Gaza, la marche annuelle a suivi son itinéraire habituel et une foule de Juifs israéliens brandissant des drapeaux bleus et blancs a traversé la porte de Damas et le quartier musulman pour se rendre au mur Occidental.

Les chants scandés par les participants ainsi que les discours prononcés par les hommes politiques de droite avant et après la marche étaient axés sur la guerre. Plusieurs d’entre eux ont appelé à une « victoire totale » et à la réinstallation dans la bande de Gaza.

Selon la police, plus de 3 000 agents – dont des membres de la police des frontières, des volontaires et des renforts venus d’autres villes – ont été déployés dans et autour de la Vieille Ville mercredi après-midi pour la marche.

Les participants se sont d’abord rassemblés devant la Grande Synagogue de Jérusalem, où ils ont brandi des drapeaux, dansé et entonné des chants religieux et nationalistes.

S’adressant à la foule avant de se mettre en route pour la Vieille Ville, le ministre ultranationaliste de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré que la célébration de Yom Yeroushalayim de cette année envoyait au Hamas le message suivant : « Jérusalem est à nous ».

« La porte de Damas est à nous. Le Mont du Temple est à nous et, si Dieu le veut, la victoire totale est à nous », a-t-il déclaré, entouré de députés d’Otzma Yehudit et de la ministre de l’Egalité sociale, May Golan, du Likud.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’adresse aux participants de la marche annuelle du drapeau de Yom Yeroushalayim, devant la Grande Synagogue de Jérusalem, le 5 juin 2024. (Crédit : Sam Sokol/Times of Israel)

A la fin de la marche au mur Occidental, Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich ont de nouveau appelé à étendre la guerre à Gaza et à envahir le Sud-Liban pour mettre fin aux attaques du Hezbollah, sous les acclamations de la foule.

« Pour remporter la victoire, nous devons aller dans le nord, combattre le Hezbollah et le détruire », a déclaré Ben Gvir. « Nous voulons la victoire ! »

S’adressant directement au Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de son discours, Smotrich l’a invité à entrer en guerre contre le Hezbollah.

« Laissez nos guerriers héroïques gagner, rétablissez notre honneur national, notre fierté nationale et notre sécurité et permettez aux résidents héroïques de rentrer chez eux en toute sécurité » pour reconstruire, a-t-il déclaré. « Le peuple d’Israël est derrière vous ! »

La marche annuelle du drapeau de la Journée de Jérusalem devant la porte de Damas vers le quartier arabe de la vieille ville de Jérusalem, le 5 juin 2024. (Crédit : Sam Sokol/Times of Israel)

Chants racistes

Lorsque les manifestants ont franchi la porte de Damas, ils ont commencé à scander « Que ton village brûle », un slogan anti-arabe courant, et « Shuafat est en flammes », en référence à un quartier palestinien de Jérusalem-Est.

Des jeunes gens ont collé sur les portes des autocollants soutenant l’idéologie de feu le rabbin ultranationaliste Meir Kahane, fondateur du parti raciste Kach, considéré comme un groupe terroriste juif et interdit en Israël et aux États-Unis. Le Times of Israel a été témoin de plusieurs cas de vandalisme.

Sur un autocollant, on pouvait lire « Repentir + guerre + expulsion + implantation = victoire », faisant allusion au rêve de nombreux Israéliens de droite de se réinstaller dans la bande de Gaza, évacuée en 2005.

Abraham Shish, originaire d’Ashdod, s’est entretenu avec le Times of Israel devant la porte de Damas, surpeuplée de jeunes nationalistes religieux qui défilaient souvent avec des membres de leurs yeshivot, séminaires et mouvements de jeunesse.

« Nous sommes venus ici pour célébrer joyeusement la réunification de la ville qui a été illégalement occupée par la Jordanie entre 1948 et 1967 – nous sommes fiers d’être rentrés chez nous », a-t-il déclaré.

« Les Palestiniens veulent rayer Israël de la carte. Nous savons ce qui s’est passé le 7 octobre, ils ont tué notre peuple. Ne me dites pas qu’il y a des civils à Gaza », a-t-il poursuivi, ajoutant que « tout le monde à Gaza est lié au Hamas, directement ou indirectement ».

En passant devant l’hospice autrichien sur le chemin du mur Occidental, un adolescent a escaladé les murs de la Vieille Ville avec un drapeau israélien, qu’il a accroché au minaret d’une mosquée sous les acclamations de la foule qui l’entourait.

La police, présente sur les lieux, n’a pas empêché l’adolescent de grimper deux étages et de placer le drapeau.

Mercredi matin, avant la Marche des Drapeaux, des adolescents juifs nationalistes ont envahi les rues étroites de la Vieille Ville, chantant des psaumes et harcelant parfois les commerçants qui fermaient tôt pour la journée.

La police a déclaré que cinq participants avaient été arrêtés pour avoir attaqué des journalistes dans la Vieille Ville avant la marche. Les suspects, tous des jeunes juifs ultranationalistes, ont « jeté des objets sur des journalistes qui se trouvaient à proximité », a déclaré la police.

Le journaliste de Haaretz, Nir Hasson, a été attaqué par des jeunes d’extrême droite alors qu’il était en reportage dans la Vieille Ville avant la marche, a rapporté le journal.

Selon Haaretz, Nir Hasson a été projeté au sol par plusieurs assaillants et a reçu des coups de pied jusqu’à ce que des agents de la police des frontières interviennent.

Cette attaque est l’une des nombreuses tentatives faites par les jeunes pour empêcher les journalistes de les filmer avant la marche annuelle.

Un journaliste du Times of Israel s’est fait arracher son téléphone portable des mains alors qu’il filmait.

« Nous condamnons fermement toute tentative de nuire aux journalistes et au personnel des médias dans l’exercice de leurs fonctions, ainsi qu’à toute autre personne », a déclaré la police dans un communiqué. « Ces agresseurs sans foi ni loi perturbent tous les participants au défilé, tant par leur comportement violent que par les cris ignobles et inacceptables qui sortent de leurs bouches. »

Devant son magasin situé à quelques mètres des affrontements, Rimon Himo, un habitant du quartier musulman, a déclaré que la situation était « très mauvaise ».

« Ils pouvaient passer sans déranger personne ni créer de problèmes, mais comme vous le savez, ils viennent ici pour créer des problèmes », a-t-il déploré.

Un photojournaliste arabe a également subi une légère égratignure au front après avoir été bousculé par un policier.

Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a condamné les attaques contre les journalistes.

« Les attaques de cette nature devraient être évitées dans la mesure du possible et, lorsqu’elles ne peuvent être évitées, elles devraient faire l’objet de poursuites judiciaires. Les gens doivent être tenus pour responsables en vertu de la loi », a déclaré Miller après avoir été interrogé sur ces attaques lors d’un point de presse.

Stupide et scandaleux

La marche a déjà été le théâtre de violentes échauffourées par le passé, les participants ayant ignoré les appels au calme des forces de l’ordre et s’étant bagarrés avec des résidents palestiniens de la Vieille Ville.

Un groupe de quelques dizaines de militants de gauche de l’organisation Standing Together, qui a récemment fait les gros titres pour sa « garde humanitaire » visant à protéger les convois d’aide acheminés vers la bande de Gaza, était également présent sur les lieux dans la matinée.

Se targuant d’un succès retentissant, le groupe a décidé de reproduire cette stratégie dans la Vieille Ville mercredi, dans l’espoir de repousser les violences envers les Palestiniens.

Les militants se sont principalement tenus entre les jeunes violents et les Palestiniens, filmant les moments de tension dans l’espoir que leur attention empêcherait toute escalade. Certains Israéliens participant aux festivités de Yom Yeroushalayim ont tenté d’empêcher les caméras des téléphones des militants de filmer, une tactique qu’ils ont également utilisée à l’encontre des journalistes.

Le fondateur de Standing Together, Alon Lee-Green, a qualifié la Marche des Drapeaux de « spectacle d’incitation à la haine et de racisme qui, chaque année, atteint de nouveaux niveaux de haine ».

« Malgré les tensions qu’elle crée, la police l’autorise à passer au cœur des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. Cette année, alors que nous avons déjà suffisamment de fronts violents et dangereux, la décision de l’autoriser à traverser les quartiers palestiniens et à provoquer leurs habitants n’est rien moins que stupide et scandaleuse », a-t-il déclaré au Times of Israel.

Un autre petit groupe d’Israéliens opposés au défilé nationaliste associé à l’organisation de coexistence Tag Meir a parcouru la Vieille Ville en distribuant des fleurs aux résidents arabes, dans ce que les organisateurs ont appelé une « marche des fleurs ».

Avidan Freedman, un Israélien religieux de l’implantation d’Efrat qui a participé à cet événement, a estimé qu’il était important de montrer aux habitants de la Vieille Ville « un autre visage des Israéliens et du judaïsme ».

Des Israéliens juifs distribuent des fleurs aux résidents palestiniens de la Vieille Ville dans le cadre d’une « marche des fleurs » organisée par l’organisation de coexistence Tag Meir avant le défilé nationaliste des drapeaux de Yom Yeroushalayim, le 5 juin 2024. (Crédit : Gadi Gvaryahu/Tag Meir)

Freedman a déclaré au Times of Israel qu’il participait à la marche annuelle des fleurs depuis quelques années maintenant, et que cette fois-ci, il avait été confronté à beaucoup plus d’animosité de la part des Israéliens juifs nationalistes qu’il ne l’avait été les années précédentes.

« Cette année, je pense qu’il y a vraiment des gens qui viennent avec beaucoup plus de colère – vraiment de tous les côtés – mais surtout ceux qui défilent », a-t-il déclaré.

L’activiste radical d’extrême droite Baruch Marzel, fondateur du parti ultranationaliste Otzma Yehudit, a pris ses distances avec les attaques d’extrémistes juifs contre des Arabes et des journalistes, affirmant que les personnes impliquées dans ces violences ne représentaient pas les participants à la manifestation.

Les organisateurs de la marche travaillent en étroite collaboration avec la police pour maintenir le calme et la sécurité, a-t-il déclaré au Times of Israel, tout en arborant un autocollant faisant l’éloge du rabbin Kahane.

Les autorités ont souvent été confrontées à des appels, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Israël, pour modifier l’itinéraire de la marche afin d’éviter de passer par le quartier musulman et d’attiser les tensions.

La police arrête un homme juif à la porte de Damas dans la vieille ville de Jérusalem, lors des célébrations de Yom Yeroushalayim, le 5 juin 2024. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

Ascension vers le Mont du Temple

Suite aux pressions exercées par Ben Gvir, la police a confirmé lundi qu’elle maintiendrait les itinéraires habituels entre le centre de Jérusalem et le mur Occidental. La police a insisté sur le fait que la marche ne passerait pas par le mont du Temple, point chaud des violences dans la Vieille Ville, tandis que Ben Gvir, qui participe régulièrement à la marche, a appelé les participants à visiter le site sacré pendant les heures de visite limitées aux non-musulmans.

« Nous devons les frapper à l’endroit le plus important pour eux », a déclaré Ben Gvir à la radio de l’armée mardi matin. « Nous devons venir et dire que le mont du Temple est à nous et que Jérusalem est à nous. Si nous nous considérons comme les souverains de la région, nos ennemis nous respecteront ».

Ben Gvir a ensuite déclaré à la radio Galei Israel que sa politique était d’autoriser la prière juive sur le site sacré contesté de Jérusalem. Le bureau du Premier ministre a presque aussitôt contredit ces propos, affirmant que le statu quo tacite et politiquement délicat selon lequel les Juifs ne peuvent pas prier sur le site n’avait pas changé.

La marche annuelle du drapeau de la Journée de Jérusalem dans le quartier arabe de la vieille ville de Jérusalem, le 5 juin 2024. (Crédit : Sam Sokol/Times of Israel)

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