Abbas chercherait l’unité avec le Hamas pour contrer le plan de paix US
Le journal Asharq Al-Awsat a affirmé que le président de l'AP a demandé à l'ancien Premier ministre Salam Fayyad de diriger une coalition visant à appeler des élections générales
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ferait des efforts renouvelés pour former un gouvernement d’unité avec le groupe terroriste du Hamas avec pour objectif d’appeler à des élections générales attendues depuis longtemps, a fait savoir lundi le journal arabophone Asharq Al-Awsat.
Des sources ont confié au quotidien, basé à Londres, que cette manoeuvre vise à empêcher la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas, de se trouver isolée de la Cisjordanie dans le cadre du plan de paix présenté par l’administration Trump, dont les détails n’ont pas encore été publiés.
Selon l’article, le gouvernement d’Abbas est convaincu que le plan américain prévoit de créer un état séparé dans la bande de Gaza tout en élargissant l’autonomie palestinienne en Cisjordanie.
Abbas a l’intention de nommer l’ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad à la tête du nouveau gouvernement d’unité. Le leader de l’AP a récemment rencontré Fayyad et ils ont débattu du sujet pendant plus de deux heures, ont fait savoir ces sources.
Fayyad, qui avait démissionné en 2013 dans le cadre d’une lutte de pouvoir avec Abbas, aurait accepté la proposition à la condition d’être « partenaire et décisionnaire » au sein de ce gouvernement. De plus, l’ancien Premier ministre a demandé que soit ré-institué le Conseil législatif palestinien aujourd’hui en sommeil, dont il est membre, et l’expansion des possibilités des adhésions à l’Organisation de libération de la Palestine.
Le Conseil législatif palestinien a organisé un scrutin pour la dernière fois en 2006 et il ne s’est pas réuni entièrement depuis 2007 en raison du coup d’Etat du Hamas à Gaza qui avait créé une scission hargneuse avec l’Autorité palestinienne de Cisjordanie. Même si l’AP est chargée de diriger les territoires palestiniens, c’est l’OLP qui est la représentante officielle de la population palestinienne dans sa globalité.

Fayyad aurait déclaré à Abbas qu’il n’était pas intéressé à l’idée d’être dans un gouvernement qui ne bénéficie pas des pleins pouvoirs. Parmi les idées qu’il aurait proposé, un référendum palestinien sur les avancées à réaliser, notamment l’établissement d’une date spécifique pour mettre un terme à l’occupation israélienne, et un pacte de non-agression parmi les factions palestiniennes.
Si le Hamas, qui cherche ouvertement la destruction d’Israël, acceptait ce gouvernement d’unité, Abbas mettrait un terme aux mesures prises contre Gaza et ses gouvernants – parmi lesquelles la réduction des approvisionnements en électricité et en carburant, l’abandon des exemptions fiscales, et le maintien des salaires des employés de l’AP à Gaza, ont expliqué les sources.
Abbas avait pris ces mesures pour tenter d’amener le Hamas à abandonner le contrôle du territoire où l’électricité, l’eau potable et l’emploi manquent.
L’article a également cité le président du comité central du Fatah, Saeb Erekat, qui a dit qu’un comité national, formé par Abbas, publiera bientôt ses recommandations en vue de la résolution de la crise humanitaire à Gaza.
Selon Asharq Al-Awsat, Fayyad aurait besoin d’une approbation du comité central du Fatah et du soutien du Hamas pour revenir au poste de Premier ministre.
Les sources ont néanmoins évalué que ni le Fatah ni le Hamas ne devraient s’opposer à Fayyad dans le cadre d’un accord global dans la mesure où il est considéré comme une personnalité d’union sur la scène politique palestinienne.
L’article n’a pas précisé si le Premier ministre actuel de l’AP, Rami Hamdallah, soutenait la proposition et s’il désirait éventuellement démissionner.
Cette rencontre entre Abbas et Fayyad est survenue en amont des efforts égyptiens attendus visant à mettre un terme à la scission entre le Fatah et le Hamas, a noté l’article. Les tentatives de réconciliation répétées entre les deux parties rivales, notamment certaines sous l’égide de l’Egypte, ont jusqu’à présent échoué à produire un accord. Un point de désaccord déterminant reste le refus du Hamas d’accepter une requête soumise par l’AP d’abandonner ses armements.

Le président américain Donald Trump a qualifié son prochain plan de paix « d’accord du siècle ». Le haut-conseiller de Trump, Jared Kushner, et son envoyé pour la paix au Moyen-Orient, Jason Greenblatt, sont venus dans la région au mois de juin pour y rencontrer les chefs d’Etat.
Les deux se sont rendus en Israël, en Jordanie, en Arabie saoudite, au Qatar et en Egypte pour évoquer le plan de paix israélo-palestinien très attendu, ainsi que pour soulever des aides humanitaires en faveur de la bande de Gaza.
Ils n’ont pas rencontré les représentants de l’Autorité palestinienne, Abbas ayant coupé tout contact avec Washington en raison de la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël au mois de décembre.
Au cours de sa visite régionale, Kushner a accordé une rare interview au journal palestinien Al-Quds dans laquelle il a vivement recommandé à la population de ne pas laisser ses dirigeants « apeurés » rejeter le plan de paix de l’administration Trump. Il a également émis des doutes sur la volonté d’Abbas de véritablement trouver un accord.
L’AFP a contribué à cet article.
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