Abbas : Trump « ne sait rien » du plan de paix qu’il a dévoilé
"C'est ma conviction profonde que Trump ne connaît rien de ce projet. Il n'y est pas associé", a affirmé le président de l'AP
Samedi, le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a déclaré qu’il pensait que le président américain Donald Trump ne savait rien sur le plan qu’il avait dévoilé mardi dernier afin de résoudre le conflit israélo-palestinien. Il a affirmé que le projet avait été préparé par des conseillers du président en accord avec les positions du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Abbas a fait ce commentaire lors des remarques prononcées aux ministres arabes des Affaires étrangères à la réunion de la Ligue arabe au Caire, où il a détaillé son rejet du plan et appelé les pays arabes à soutenir les postions palestiniennes dans le conflit israélo-palestinien.
« C’est ma conviction profonde que Trump ne connaît rien de ce projet. Il n’y est pas associé », a affirmé le président de l’AP.
« Le trio qui se trouve derrière lui sont les personnes associées » au plan, a-t-il dit, en référence à l’ambassadeur américain en Israël David Friedman, le haut conseiller et gendre de Trump Jared Kushner, et l’ancien envoyé spécial pour le Moyen Orient de Trump, Jason Greenblatt, un homme clef du plan qui a quitté la Maison Blanche à la fin 2019.
« Ceux sont eux qui ont tout conçu en détails et qui nous ont envoyé les idées de Netanyahu », a déclaré Abbas.
La Maison Blanche a dévoilé le plan mardi dernier lors d’un événement organisé à la Maison Blanche, au cours duquel Trump et Netanyahu se sont exprimés.
Dans une véritable rupture avec les précédentes administrations américaines, le plan prévoit la création d’un Etat palestinien sur environ 70% de la Cisjordanie, une poignée de quartiers dans Jérusalem est, la plupart de la bande de Gaza et certaines zones au sud d’Israël – si les Palestiniens reconnaissent Israël comme un État juif, désarment le Hamas, d’autres groupes terroristes dans la bande de Gaza, et remplissent d’autres conditions.
La plan permettra aussi à Israël d’annexer les implantations, de reconnaître la souveraineté de l’Etat juif sur la Vallée du Jourdain et d’outrepasser les contrôles sécuritaires à l’ouest du Jourdain, en interdisant aux réfugiés palestiniens le droit au retour.
Abbas a qualifié le projet de « gifle du siècle » et a promis que le peuple palestinien « l’enverra à la poubelle de l’histoire ». Samedi, la Ligue arabe a unanimement rejeté le plan de paix.
Dans le même temps, Kushner a maintenu que le plan représentait « la meilleure chance que les Palestiniens ont jamais eue ». Il a également déclaré espérer « qu’ils vont la saisir ».
Samedi, Abbas a également déclaré qu’un officiel de l’Administration Trump avait empêché le président américain d’annoncer son soutien à la solution à deux Etats après une rencontre entre le responsable palestinien et Trump en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2017.
« Je veux parler de la rencontre qui a eu lieu à New York. [C’était] une rencontre officielle avec deux délégations officielles », a déclaré le président de l’AP.
« J’ai lui ai demandé : M. le président, quelle est votre opinion sur la vision à deux Etats ? Il a dit : je l’approuve et je vais l’annoncer maintenant. Ensuite l’un de ses gars lui a dit : M. le président, il vaut mieux repousser cela. Il a répondu : Ok, ok ok ».
La Maison Blanche n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire sur les allégations d’Abbas.
Depuis la fin 2017, l’administration Trump a pris plusieurs décisions qui ont été perçues comme marginalisant le côté palestinien : la reconnaissance de Jérusalem comme la capitale d’Israël, le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, la coupe à hauteur de centaines de millions de dollars d’aide aux Palestiniens et à l’agence controversée des Nations unies qui soutient les réfugiés palestiniens, la fermeture du bureau du représentant de l’Organisation de libération de Palestine (OLP) à Washington.