Accord atteint pour faire entrer Liberman au gouvernement
Benjamin Netanyahu et l'ultranationaliste du parti Yisrael Beytenu ont signé l'accord dans la matinée
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Avigdor Liberman ont signé un accord de coalition mercredi faisant entrer le parti Yisrael Beytenu de Liberman dans la coalition. Lors d’une cérémonie pour signer l’accord à la Knesset, Netanyahu a promis de poursuivre de nouvelles « opportunités » pour un accord de paix avec les Palestiniens.
« Israël a besoin de stabilité gouvernementale s’il doit faire face aux défis qui nous attendent et aussi dans le but de tirer parti des opportunités qui nous attendent », a déclaré Netanyahu, aux côtés de Liberman, aux journalistes présents lors de l’annonce.
« A côté des menaces et des dangers, il y a aussi des opportunités. Je suis déterminé à faire avancer le processus de paix. Je suis déterminé à faire tous les efforts pour parvenir à un accord ».
Le chef de l’opposition, Isaac Herzog, a déclaré que Netanyahu est pris en otage par Bennett et Liberman, et prévient que la nouvelle coalition se terminera en « tragédie ». « Netanyahu est devenu otage de Bennett et Lieberman, du [député de HaBayit HaYehudi Bezalel] Smotrich et de ses amis, et les célébrations artificielles que nous voyons aujourd’hui deviendront une tragédie de tristesse et de douleur ».
Il ajoute : « Les citoyens d’Israël devraient être préoccupés par la coalition de droite qui mènera Israël dans des endroits très dangereux ».
À un moment de la conférence de presse, Netanyahu s’est adressé aux journalistes présents en anglais, en disant : « mon gouvernement reste déterminé à poursuivre la paix avec les Palestiniens et avec tous nos voisins. Ma politique n’a pas changé. Nous allons utiliser tous les moyens pour la paix tout en assurant la sûreté et la sécurité de nos citoyens ».
Liberman a salué l’accord de coalition et a rejeté les doutes émis quant à ses qualifications pour assumer le poste du ministre de la Défense, ce que l’accord lui garantit. « Je me suis engagé à [mener] une politique équilibrée qui apportera la stabilité à la région et à notre pays », a-t-il affirmé.
Une source Yisrael Beytenu a déclaré que les demandes du parti ont été garanties, y compris une augmentation minimale de 1,4 milliard de shekels pour les retraites – un point de contention dans les négociations plus tôt cette semaine – ainsi que 150 millions shekels destiné aux logements sociaux, a indiqué le journal Haaretz.
En plus de la nomination de Liberman au poste de ministre de la Défense, la membre du parti Yisrael Beytenu, la députée Sofa Landver va reprendre le rôle du ministre de l’absorption des immigrants, qu’elle a déjà occupé entre 2009 et 2015.
Au cours de la conférence de presse de mercredi, Liberman a allègrement évoqué sa relation notoirement tendues avec Netanyahu, et a remercié le Premier ministre pour avoir enterré la hache de guerre et avoir réussi à « surmonter toutes les retombées entre entre nous ».
« Je dois admettre que j’ai été opéré pour être moins soupe au lait », a-t-il plaisanté.
Dans ses remarques, Netanyahu a salué l’élargissement de la majorité de la coalition comme étant un moyen d’assurer la stabilité du gouvernement, qui était nécessaire, et pour mieux servir les besoins de sécurité d’Israël.
« Depuis que ce gouvernement a été formé l’année dernière, j’ai souligné la nécessité d’étendre [la majorité] », a-t-il expliqué.
« Voilà pourquoi, aujourd’hui, je salue Liberman et les membres de son parti en tant que partenaires importants. Nous avons parcouru un long chemin ensemble, en travaillant pour le bien des citoyens d’Israël. Ce n’est pas un secret que nous avons eu nos différences politiques, cela fait partie de la politique. Mais maintenant, nous joignons nos mains pour regarder vers l’avenir ».
Moshe Lion, le négociateur en chef d’Yisrael Beytenu a déclaré plus tôt que les « réalisations » de Liberman lors des négociations étaient significatives par rapport à la taille de son parti, qui apportera 5 sièges à la courte majorité de 61 sièges à Knesset de la coalition.
Lion a déclaré à la radio militaire que certains des détails du financement des retraites devaient encore être finalisés. Il a expliqué que le parti espérait obtenir une augmentation de plusieurs centaines de shekels par mois pour les retraités des immigrés qui n’ont pas été en mesure de travailler assez longtemps en Israël pour accumuler des fonds de retraite de taille raisonnable. L’augmentation des pensions sera appliquée à tous les immigrants âgés – non pas seulement ceux qui sont originaires de l’ex-Union soviétique, comme Yisrael Beytenu l’avait initialement demandé.
Netanyahu, Liberman, le ministre des Finances, Moshe Kahlon (Koulanou) et le ministre du Tourisme, Yariv Levin – le négociateur en chef du Likud – se sont rencontrés mardi soir ainsi que d’autres négociateurs pour résoudre les points de contention.
Une source du Likud a déclaré aux médias israéliens mardi soir que Liberman « voulait conclure l’affaire et faire preuve de souplesse envers les demandes de Kahlon sur la question de la réforme des retraites ».
Le ministère des Finances dirigé par Kahlon avait d’abord hésité à accéder à la demande de Liberman sur les retraites, en notant la facture élevée et les problèmes juridiques et éthiques que cela poserait si les prestations sociales étaient attribuées en fonction du lieu de naissance.
La question est critique pour Yisrael Beytenu, car les personnes âgées d’origine russe constituent leur base électorale. La plupart des quelque 78 000 immigrants âgées et pauvres sont originaires des pays de l’ex-URSS, en partie parce que beaucoup de ces immigrants sont arrivés en Israël sans retraites et étaient trop vieux pour cotiser pour de nouvelles retraites en Israël.
La décision de placer Liberman au ministère de la Défense a secoué l’arène politique israélienne quand cela a été annoncé la semaine dernière. L’ancien ministre de la Défense, Moshe Yaalon du parti Likud, a effectivement été évincé de son poste.
Yaalon a rapidement démissionné de ses postes politiques, citant un « manque de confiance » dans le Premier ministre.
Cet accord permet à Netanyahu de disposer d’une majorité parlementaire de 66 voix sur 120, et non plus seulement 61. Depuis sa victoire triomphale aux législatives de mars 2015, il cherchait à élargir une majorité qui ne tenait qu’à une voix et le laissait à la merci des caprices du moindre de ses alliés.
Ses efforts pour élargir sa majorité se sont intensifiés au cours des dernières semaines. Des manœuvres menées avec le chef de l’opposition travailliste Isaac Herzog ont capoté la semaine dernière.
Le même jour, Netanyahu a engagé les tractations avec son ancien ministre des Affaires étrangères, Liberman, qui avait déjoué tous ses plans en 2015 en refusant d’entrer au gouvernement.
Avec l’entrée annoncée de Liberman au gouvernement, les commentateurs ont immédiatement posé la question d’un durcissement de l’action gouvernementale, en premier lieu dans les Territoires palestiniens.