Accusations d’antisémitisme : Stéphane Bern défend Pierre Loti, « un dreyfusard »
"Si on fouille dans tous les livres de tout le monde, on trouvera des choses qu'on n'aurait pas dû écrire", a dit l'animateur, actuellement chargé d'une mission sur le patrimoine

Stéphane Bern, chargé d’une mission sur le patrimoine, a défendu lundi l’écrivain Pierre Loti, accusé de nourrir de la « haine » envers les juifs et les Arméniens par des associations opposées à ce que sa maison soit inscrite au « Loto du patrimoine ».
« Il faut séparer l’oeuvre de l’homme. Et j’aimerais le défendre un petit peu, parce que c’est facile de faire des anachronismes mémoriels, de juger à l’aune d’aujourd’hui », a déclaré Stéphane Bern sur France Inter.
L’animateur a été nommé par le président Emmanuel Macron à la tête de la mission qui a sélectionné les 270 projets du « Loto du patrimoine ». Ce jeu sera lancé à la rentrée pour financer la rénovation de monuments historiques en péril.
« Certes, il y avait une sorte d’antisémitisme culturel au XIXe siècle, si ce n’est que Pierre Loti a été dreyfusard, et son éditeur, l’un de ses meilleurs amis, était Calmann Lévy, donc on ne peut pas non plus l’accuser », a poursuivi Stéphane Bern.
« Il y a deux lignes dans ‘Jérusalem’ (publié en 1895, ndlr) où, parce qu’il est en recherche de la foi, il se plaint de certains juifs excessifs, et par ailleurs il dit qu’il a découvert Salonique grâce aux juifs », a relevé l’animateur.
« Quant aux Arméniens, j’ai retrouvé la phrase où il dit : ‘Comment peut-on m’accuser, des esprits malveillants se figurent que j’ai la naïve impudence de nier le génocide arménien, il suffit de relire mes lettres au sultan de Turquie’ « , a-t-il ajouté.
« Si on fouille dans tous les livres de tout le monde, on trouvera des choses qu’on n’aurait pas dû écrire », a conclu Stéphane Bern.
Plusieurs associations, dont le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ou SOS-Racisme, ont demandé à Emmanuel Macron de retirer du « Loto du patrimoine » la maison de Pierre Loti (1850-1923).
Elles accusent l’auteur de Pêcheur d’Islande de nourrir « une haine d’une violence inouïe à l’égard des Arméniens et des juifs » dans certains écrits.
Sa maison à Rochefort (Charente-Maritime) a été retenue parmi 18 « sites emblématiques » aidés en priorité par le loto.