Adoption d’une loi protégeant les restaurants qui font don de leurs excédents
Israël est devenu le 5ème pays à adopter une loi qui absout les donateurs de toute responsabilité légale pour les dommages causés par des produits alimentaires offerts

La Knesset a adopté mardi une loi qui dégage de toute responsabilité les restaurants, les entreprises et les personnes qui donnent des produits alimentaires en cas de dommages entraînés par la nourriture donnée – une initiative historique qui, selon ses partisans, aidera à réduire de manière spectaculaire le gaspillage et le nombre de citoyens en situation d’insécurité alimentaire.
La « législation sur le don alimentaire » est passée en deuxième et en troisième lectures en séance plénière à la Knesset, devenant officiellement une loi, une semaine après que les organisations, à travers le monde, ont célébré la Journée mondiale de l’alimentation.
La loi, qui a été promue par les députés Uri Maklev et Elie Alalouf, encourage les restaurants à collecter et à donner leurs excédents de nourriture en dégageant leur responsabilité pénale et civile pour les produits cédés – dans la mesure où ils adhèrent aux exigences de sûreté alimentaires établies par le ministère de la Santé.
Seuls quatre autres pays – les Etats-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Italie – possèdent des lois similaires, a noté Leket Israel, une ONG qui distribue des surplus de produits alimentaires aux plus nécessiteux, dans un communiqué. Ce groupe caritatif réclame une telle législation depuis dix ans.
Selon les notes explicatives rattachées à la loi, le nombre d’Israéliens souffrant d’insécurité alimentaire – et notamment les enfants – ne cesse de croître au fil des années. Les restaurants, les salles, les restaurants d’entreprise, les chaînes de détail et les hôtels évitent de donner leurs excédents et préfèrent les mettre à la poubelle par crainte de devoir répondre judiciairement aux éventuels dégâts causés par la nourriture donnée.

« Un million huit cent mille Israéliens souffrent d’insécurité alimentaire alors que 2,3 millions de produits, d’une valeur de 19,5 millions de shekels, sont jetés tous les ans », a commenté Gidi Kroch, directeur général de Leket Israel après l’adoption de la législation.
« Cette loi offre une alternative aux organisations et aux entreprises qui disposent d’excédents alimentaires substantiels et de qualité, qui ne les donnent pas parce qu’elles craignent des retombées. Selon les estimations, ce texte va multiplier par trois la portée des dons alimentaires », a-t-il ajouté, citant une « opportunité énorme de s’attaquer à l’insécurité alimentaire et aux écarts sociaux en Israël ».

Le député Maklev pour sa part, a déclaré qu’en « Israël, un enfant sur trois souffre de la faim et une personne sur quatre de la pauvreté… Les propriétaires de restaurants, les hôtels et les organisations ne doivent pas jeter les aliments, parce que détruire de la nourriture, c’est comme détruire l’âme ».
Leket Israel, organisation également appelée Banque alimentaire nationale, avait estimé en 2016 que l’Etat juif jetait environ 36,5 % de la nourriture produite.
Le gaspillage alimentaire a de vastes implications en Israël, en particulier pour les 17 % d’Israéliens considérés comme étant en situation « d’insécurité alimentaire » – ceux qui ne sont pas sûrs de pouvoir avoir suffisamment de nourriture pour manger pendant un mois.
« Le gaspillage alimentaire » concerne les produits ne répondant pas aux normes en vigueur, tordus, trop grands ou altérés, qui ne se vendent pas bien. Il peut aussi faire référence aux produits épiciers qui ont dépassé la date de consommation, ou aux produits carnés. Les fruits et légumes représentent 75 % des produits gaspillés.
La majorité de ce gaspillage arrive lors de la récolte et aux différentes étapes de la chaîne de consommation. La phase de « consommation » se réfère au moment où le produit est distribué aux supermarchés et aux magasins.
Les hôtels, les entreprises et les restaurants jettent des milliers de kilogrammes d’aliments cuisinés chaque mois. Ces entreprises pourront dorénavant s’associer avec des soupes populaires ou des banques alimentaires, qui recherchent désespérément des dons.
Melanie Lidman a contribué à cet article.