Allemagne : La droite populiste AfD veut se rapprocher du FN français
"L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne doivent coopérer si nous voulons réformer cette UE. On ne peut pas le faire sans le Front national", a indiqué Frauke Petry
Le parti de la droite populiste allemande AfD veut renforcer sa coopération avec le parti français d’extrême droite Front national (FN) et d’autres partis eurosceptiques, affirme sa co-présidente.
« La coopération avec le Front national au niveau européen est souhaitable en terme de Realpolitik », a expliqué Frauke Petry dans un quotidien local de Munich (sud), Münchner Merkur, alors qu’en Autriche, le candidat de l’extrême droite a été battu de justesse à l’élection présidentielle sur fond de montée des populismes en Europe.
« Nous voulons un grand groupe parlementaire eurosceptique » au Parlement européen, où l’Alternative für Deutschland (AfD) dispose de deux élus, a-t-elle ajouté.
« Et un groupe parlementaire eurosceptique doit rassembler si possible toutes les forces eurosceptiques pour avoir de l’influence », a poursuivi la co-présidente de ce parti apparu il y a trois ans.
« L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne doivent coopérer si nous voulons réformer cette Union européenne. On ne peut pas le faire sans le Front national », a insisté Frauke Petry.
La question d’un rapprochement entre l’AfD et le FN occupe la direction du parti depuis plusieurs semaines. L’AfD a souvent critiqué certains pans du programme du parti de Marine Le Pen, notamment sur les questions économiques.
En outre certains craignent au sein de l’AfD de se rapprocher d’un parti français connu par le passé pour certains dérapages verbaux liés à l’Holocauste, un sujet tabou en Allemagne.
L’AfD, créé par des opposants à l’euro, est déjà la cible de maintes critiques notamment pour sa dérive droitière et ses vifs propos anti-islam.
Mais le député européen Marcus Pretzell, par ailleurs compagnon de Frauke Petry, a récemment décidé de rejoindre le groupe parlementaire emmené par le FN au PE.
Preuve des divergences au sein du parti allemand, un vote délicat sur un rapprochement avec le FN avait été évité au début du mois lors d’un congrès de l’AfD.
L’AfD s’est installée dans le paysage politique allemand à la faveur de la « crise » des réfugiés. L’arrivée de 1,1 million de candidats à l’asile l’an dernier a bouleversé les Allemands et inquiété une certaine partie de la population.
Le parti, qui a effectué une percée spectaculaire lors de trois récents scrutins régionaux, est actuellement crédité de quelque 15 % des intentions de vote, selon divers sondages.