AMIA : mandat d’arrêt contre l’ex-présidente Cristina Kirchner
La justice lui reproche d'avoir signé un pacte avec Téhéran pour que des hauts fonctionnaires iraniens, soupçonnés d'avoir commandité l'attentat contre la mutuelle Amia, soient entendus par des magistrats argentins à Téhéran faute de pouvoir le faire à Buenos Aires
La justice argentine a ordonné jeudi la levée d’immunité et l’arrestation de l’ex-présidente et sénatrice Cristina Kirchner, pour entrave à l’enquête sur l’attentat contre une mutuelle juive qui avait fait 85 morts en 1994, a annoncé à l’AFP une source judiciaire.
Le juge fédéral Carlos Bonadio a également ordonné l’arrestation de l’ex-ministre des Affaires étrangères Hector Timermann et de plusieurs autres anciens hauts responsables.
L’ancienne présidente (2007-2015) est poursuivie pour « trahison ». La justice lui reproche d’avoir signé un pacte avec Téhéran pour que des hauts fonctionnaires iraniens, soupçonnés d’avoir commandité l’attentat contre la mutuelle Amia, soient entendus par des magistrats argentins à Téhéran faute de pouvoir le faire à Buenos Aires.
Elue sénatrice en octobre, Mme Kirchner doit prendre ses fonctions le 10 décembre. Pour que le mandat d’arrêt puisse être exécuté, une procédure de levée d’immunité parlementaire sera nécessaire. Cette levée devra être approuvée à la majorité des deux tiers par le Sénat, lequel devra auparavant être convoqué en session extraordinaire par le président Mauricio Macri.
L’attentat, le plus grave de l’histoire de l’Argentine, avait fait 85 morts et des centaines de blessés. Une charge explosive avait soufflé le bâtiment abritant les institutions juives du pays, dont la mutuelle Amia, à Buenos Aires le 18 juillet 1994.
L’attentat n’a jamais été revendiqué, ni élucidé, mais Israël et les magistrats argentins chargés de l’enquête accusent l’Iran.
Le pacte avec l’Iran avait été conclu en 2012 et approuvé par le Parlement argentin, contre l’avis de l’opposition. Mais le Parlement iranien ne l’a jamais adopté et il n’est jamais entré en vigueur. Vingt-trois ans après les faits, aucun procès n’a encore eu lieu.
Entendue par le juge Bonado fin octobre, Mme Kirchner avait dénoncé un « grand scandale judiciaire ». « L’objectif de cette persécution est de terroriser les membres de l’opposition », avait-elle dit.
Classée sans suite en 2014, la procédure judiciaire pour entrave à l’enquête a été rouverte début 2017. Le procureur en charge du dossier, Gerardo Pollicita, avait justifié cette réouverture en invoquant un « plan criminel orchestré et mis en marche (…) pour assurer une impunité » aux suspects iraniens.
Cristina Kirchner est par ailleurs inculpée dans plusieurs affaires de malversations et blanchiment d’argent.