Amir Ohana, fidèle du Likud et ouvertement gay, devient ministre de la Justice
Succédant à Ayelet Shaked, c'est la première fois de l'histoire de l'Etat hébreu qu'une personne ouvertement homosexuelle accède au poste de ministre
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a nommé mercredi le député du Lik ud Amir Ohana, ouvertement homosexuel, à la tête du ministère de la Justice, et ce jusqu’au scrutin du 17 septembre.
C’est la première fois de l’histoire de l’Etat hébreu qu’une personne ouvertement homosexuelle accède au poste de ministre.
Selon les médias israéliens, Amir Ohana se serait dans le passé prononcé en faveur d’une loi d’immunité qui pourrait interdire la mise en examen de responsables politiques pendant leur mandat.
Une prise de position favorable au chef du gouvernement israélien, menacé d’inculpation.
Au début de l’année, il s’en est pris aux autorités judiciaires au sujet des enquêtes pesant sur Netanyahu, les accusant d’usurper la volonté des électeurs israéliens.
« C’est ce qui arrive quand des éléments qui sont choisis par le public et n’ont pas à réclamer sa confiance tous les quatre ans décident de se saisir des rênes de l’Etat », aurait-il dit, selon le site Ynet
En février, le procureur général Avichai Mandelblit a annoncé son intention d’inculper Benjamin Netanyahu pour « corruption », « fraude » et « abus de confiance » dans trois affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d’échanges de bons procédés entre gouvernants et patrons et de tentatives de collusion avec la presse.
Le Premier ministre nie en bloc les accusations et dénonce une « chasse aux sorcières ».
« Bonne chance au ministre de la Justice Amir Ohana ! », a tweeté Netanyahu mercredi soir.
Remerciant le Premier ministre, Ohana a déclaré dans un tweet que c’était « un honneur de servir l’Etat d’Israël en tant que ministre de la Justice ».
בהצלחה לשר המשפטים ח״כ אמיר אוחנה! @AmirOhana pic.twitter.com/ePQrPX2D7s
— Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו (@netanyahu) June 5, 2019
« Le député Amir Ohana est un juriste qui connait parfaitement le système judiciaire », a-t-on précisé dans un communiqué officiel annonçant sa nomination à la Justice.
Israël est considéré comme un pays relativement éclairé en termes de droits des gays et lesbiennes, mais l’homosexualité demeure un tabou dans les milieux religieux, partenaires clés du gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui devraient l’être aussi après les prochaines élections du 17 septembre si la droite remporte ce scrutin comme les sondages le prédisent.
Netanyahu a assuré lundi que l’Etat d’Israël ne serait pas un Etat religieux, en réponse au souhait exprimé par un député de voir le pays régi par la loi juive.
Le député Betzalel Smotrich, chef de la formation nationaliste religieuse qui convoitait le poste de ministre de la Justice, a déclaré plus tôt lundi que le pays devrait être régi par « les lois de la Torah », comme au temps de la Bible.
Après l’annonce de mercredi, Smotrich a tweet qu’Ohana était un ami et qu’il méritait cette nomination, mais a accusé Netanyahu de faire preuve de discrimination à l’égard de ses partenaires sionistes religieux.
« Mais là n’est pas le problème », a-t-il ajouté. « Le problème, c’est que Netanyahu ne traiterait aucune autre de ses partenaires comme il se permet de traiter les sionistes religieux. »
« L’heure est venue de tirer nos propres conclusions », a déclaré Smotrich.
Ohana succède à Ayelet Shaked qui avait été limogée dimanche du gouvernement avec Naftali Bennett, ministre de l’Éducation.
Aucune raison n’a été avancée officiellement pour ces départs mais M. Bennett et Mme Shaked entretenaient des rapports tendus avec le Premier ministre au sein des gouvernements dans lesquels ils ont siégé depuis 2013.
Shaked a souhaité bonne chance à Ohana, dans un tweet. « C’est un ministère important et plein de défis, avec une équipe talentueuse. Je suis à sa disposition pour l’aider ou répondre à ses questions. »
Les limogeages sont intervenus quelques jours après le vote du Parlement en faveur de sa propre dissolution. Ayant échoué à former une coalition après les élections du 9 avril, M. Netanyahu a dû faire voter par le Parlement sa dissolution afin d’éviter que le président ne confie à un autre le soin de former une coalition sans lui.
Etant donné la période de 7 jours post-électorale accordée au président pour nommer un chef du gouvernement, et les quelques sept semaines qui sont allouées à ce dernier pour former une coalition, Ohana pourrait être en poste jusqu’à mi-novembre.