Annecy : L’assaillant a dit « au nom de Jésus-Christ » au moment de l’attaque
L'assaillant, qui portait une croix chrétienne quand il a été interpellé, s'était présenté comme un "chrétien de Syrie" lors de sa demande d'asile
Le Syrien qui a attaqué au couteau jeudi à Annecy des enfants en bas âge, dont deux ont un pronostic vital engagé, a dit à deux reprises en anglais lors de l’attaque « au nom de Jésus-Christ » en levant les bras au ciel, peut-on constater dans une vidéo consultée par l’AFP et confirmée de source proche du dossier.
L’assaillant, qui portait une croix chrétienne quand il a été interpellé, s’était présenté comme un « chrétien de Syrie » lors de sa demande d’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) le 28 novembre 2022.
Il a blessé ce jeudi matin six personnes, dont quatre enfants âgés de 22 à 36 mois, semant la terreur dans un parc au bord du lac d’Annecy, une attaque « sans mobile terroriste apparent », selon les premiers éléments de l’enquête.
« En l’état on n’a pas d’éléments qui pourraient nous laisser entendre qu’il y a une motivation terroriste », a déclaré la procureure d’Annecy Line Bonnet-Mathis au cours d’un point de presse sur place.
« Nous sommes bouleversés par cet acte odieux, inqualifiable », a pour sa part déclaré Élisabeth Borne qui s’est rendue sur place avec le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin.
« L’enquête permettra de préciser à la fois le parcours, le profil de cet assaillant et naturellement toute la lumière devra être faite. Mais aujourd’hui, c’est le temps de l’émotion, et nous sommes ici (…) pour exprimer tout le soutien et toute la solidarité de la nation », a déclaré la Première ministre à la presse.
Quatre mineurs sont « en état d’urgence absolue », un adulte a été blessé par l’agresseur puis touché par les tirs de la police, un autre adulte blessé plus légèrement, a précisé la procureure. Deux jeunes touristes, un Britannique et un Néerlandais figurent parmi les victimes, a-t-elle ajouté.
L’assaillant, « un sans domicile fixe au parcours migratoire » a été placé en garde à vue, il n’avait aucun antécédent psychiatrique et « aucun mobile terroriste apparent », a détaillé la procureure en indiquant qu’une enquête avait été ouverte pour « tentative d’assassinat ». Le suspect « n’est pas blessé ou très légèrement », a-t-elle ajouté.
Abdalmasih H., de nationalité syrienne et né en 1991, avait obtenu le statut de réfugié en Suède où il a vécu pendant 10 ans, par une décision du 26 avril 2023.
Il était entré en situation régulière sur le territoire français où il avait cependant déposé une deuxième demande d’asile en novembre 2022.
Le président Emmanuel Macron a dénoncé une « attaque d’une lâcheté absolue ». « La Nation est sous le choc », a-t-il écrit sur son compte twitter.
L’attaque est survenue vers 9h30 aux abords du jardin de l’Europe, a rapporté de son côté la préfecture.
L’homme vêtu d’un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, s’est attaqué aux enfants sur une aire de jeu, selon des images du drame qu’un photographe de l’AFP a pu visionner.
D’autres images relayées par la presse le montrent en train de courir au milieu d’une pelouse couteau à la main.
Selon différents témoignages, l’agresseur a tenté de s’enfuir et attaqué une personne âgée avant d’être interpellé par la police, qui a ouvert le feu. Une enquête a été ouverte concernant les tirs de la police, a indiqué la procureure.
Les secours ont été alertés à 9h41, l’intervention déclenchée immédiatement et l’homme interpellé quatre minutes plus tard, selon un chronométrage diffusé par la police.
« Je courais au bord du lac, et je vois tout d’un coup des dizaines de personnes qui courent dans le sens contraire. (…) Il y a une maman qui me dit ‘courez, courez ! Il y a quelqu’un qui poignarde tout le monde tout au long du lac, il a poignardé des enfants, courez !' », a témoigné l’ancien footballeur professionnel Anthony Le Tallec dans une story Instagram.
« Il attaque une fois, deux fois, et là ils commencent à tirer, donc là ils tirent devant moi, sur la personne, donc il tombe à terre (…). Moi je continue ma course, et je vois des enfants par terre, très malheureux, des enfants touchés », a-t-il témoigné.
Les abords du parc ont été bouclés par un important dispositif policier. L’attaque a semé l’effroi dans cette ville d’eau habituellement très calme. « C’est un choc », a confié à l’AFP sur place Kévin Poncin, 27 ans.
Une cellule de crise a été installée à la préfecture de Haute-Savoie, qui a aussi mis en place un dispositif d’information à destination du public et une cellule de soutien psychologique.
L’attaque a suscité une avalanche de réactions dans le monde politique, des élus de droite et d’extrême droite mettant en avant l’origine et le statut de l’agresseur.
À Paris, députés et membres du gouvernement ont observé une minute de silence à l’Assemblée nationale.