Après les LGBT, le parti Noam établit une liste d’employés « gauchistes » de la Justice
Qualifié de "chasse aux sorcières" et de "triste et dangereux", le document établi par Noam en 2019, cible les employés du ministère de la Justice et les procureurs généraux
Des hauts responsables du ministère de la Justice et du bureau du procureur général ont déploré une liste noire, récemment découverte, d’employés « gauchistes » du ministère. Cette liste a été établie il y a quelques années par le parti d’extrême droite Noam, qui, une fois le gouvernement investi, devrait prendre la tête d’un organe chargé de protéger l’identité juive d’Israël.
La liste établie en 2019, qui fait partie d’un document décrivant comment des organisations « de gauche » ont pris le contrôle de ministères, a été dévoilée la semaine dernière par le quotidien Yedioth Ahronoth, en même temps qu’une liste de professionnels des médias LGBTQ travaillant dans les principaux organes de presse israéliens, qui a également suscité l’indignation.
Noam, un parti marginal, ultra-conservateur et anti-LGBT, est entré à la Knesset en 2021. Son unique député est son chef Avi Maoz. Il s’est présenté sur une liste combinée avec deux autres partis d’extrême droite dans le cadre d’une fusion orchestrée par le nouveau Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le document énumère les hauts fonctionnaires du ministère de la Justice qui ont participé à des programmes de formation professionnelle auprès d’organisations libérales, qui sont qualifiées par Noam comme étant « d’extrême gauche », et soutiennent l’intégration des citoyens arabes.
Les noms de Moshe Lador, ancien procureur général, Nurit Litman, ancienne procureure générale adjointe, et Dina Zilber, ancienne procureure générale adjointe, y figurent.
Parmi les organisations citées comme collaborant avec le ministère de la Justice et donnant des conférences à ses employés figurent le New Israel Fund, l’Association pour les droits civils en Israël (ACRI), le Israeli Democracy Institute (IDI), le Mouvement israélien pour le judaïsme progressiste, et le Tali Education Fund, qui gère le plus grand programme d’études juives pluralistes d’Israël.
La liste comprend également le Israel Women’s Network, le Center for International Migration and Integration (CIMI), l’Union israélienne pour la défense de l’environnement, le Mouvement pour un gouvernement de qualité, le groupe de défense des droits des travailleurs Kav LaOved et la Chaire Emile Zola pour les droits de l’homme.
La liste cite également le programme de leadership de la Fondation Wexner et un autre programme de leadership appelé Maoz, ainsi que le Centre Minerva pour les droits de l’homme et le Centre d’éthique israélien de l’Université hébraïque.
Mardi, le quotidien Haaretz a cité des hauts responsables judiciaires, anciens et actuels, qui ont critiqué la liste de Noam, tandis qu’un avocat anonyme du ministère de la Justice a déclaré : « Toutes les lignes rouges ont été franchies ».
D’autres ont qualifié la liste de « dangereuse » ou de « chasse aux sorcières », tandis qu’un haut fonctionnaire du ministère a déclaré que le document « n’est pas sorti de nulle part » et qu’il doit être considéré parallèlement aux campagnes publiques menées contre les procureurs dans le cadre du procès pour corruption en cours contre Netanyahu, ainsi qu’au projet de loi visant à restreindre le pouvoir judiciaire.
L’ancien procureur général adjoint Raz Nizri a déclaré à Haaretz : « C’est triste et dangereux. L’étiquetage politique des procureurs et des juristes nuit aux fondements du service public de conseil juridique, qui a pour mission de faire preuve de largeur d’esprit, sans parti pris politique. »
Roi Sheindorf, qui, comme Nizri, était jusqu’à récemment procureur général adjoint, a qualifié le document de Noam de « grotesque », affirmant que le ministère de la Justice emploie des membres du personnel politiquement et autrement très diversifiés. « Ils méritent la reconnaissance pour leur service, pas la stupidité qui émane de ce document ».