Après l’impact direct d’une roquette sur le kibboutz Saar, les habitants témoignent
Les résidents décrivent comment leur foyer a été transformé en une communauté de la peur ; ils n'ont pratiquement pas de temps pour réagir aux alertes à la roquette et se réfugier
KIBBUTZ SAAR – Une blague cynique circule dans le kibboutz Saar, situé au nord d’Israël, selon laquelle les gens entendent d’abord les détonations, puis, seulement après, les alertes à la roquette.
Mercredi après-midi, les habitants ont déclaré que c’était plus ou moins ce qui s’était passé lorsque le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a lancé un barrage de 30 roquettes en direction de la Galilée occidentale et des villes situées à l’est de Haïfa. L’une des roquettes s’est abattue sur la communauté, touchant directement une maison et blessant deux personnes, dont une grièvement.
L’hôpital de Nahariya a indiqué que l’un des blessés, un homme de 53 ans originaire de Majd al-Krum, se trouvait dans un état critique. Le second blessé, âgé de 52 ans, originaire de Mazraa, est dans un état modéré.
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Tous deux souffrent de blessures dues à des éclats d’obus. Les deux hommes travaillaient à des travaux de rénovation dans la maison, qui ne disposait pas de mamad – abri anti-atomique -, si bien qu’ils ont tenté de se réfugier dans un bâtiment voisin. Un homme de 26 ans, également originaire de Majd al-Krum, a été hospitalisé dû à un état de choc.
Les anciens propriétaires d’une maison – située dans une autre partie du kibboutz – avaient assisté à sa destruction lors de la Première Guerre du Liban en 1982. Ils étaient en train de rénover cette maison lorsque des roquettes l’ont à nouveau frappée.
Ce barrage est survenu peu de temps après que le groupe terroriste a tiré des salves de roquettes sur la région du Carmel et du Wadi Ara, dans le nord d’Israël, ainsi que sur la ville de Safed.
À la limite de la zone évacuée
Le kibboutz Saar se trouve à 7 km de la frontière libanaise et à un peu plus d’un kilomètre de la zone évacuée du nord, d’où quelque 70 000 habitants ont été évacués de 32 communautés.
Depuis la lisière du kibboutz, on peut apercevoir l’une des vallées ondoyantes de la Galilée occidentale, puis les collines du Liban. En 1971, alors qu’il avait 17 ans, l’humoriste Jerry Seinfeld s’était porté volontaire pour une courte période dans ce kibboutz.
Les habitants ont indiqué que leur kibboutz était particulièrement calme depuis dimanche, lorsque le Commandement du Front intérieur avait averti les habitants de rester près des abris en raison de l’escalade des attaques du Hezbollah.
La maison endommagée se trouve sur un chemin de promenade bordé d’arbres dans une partie plus ancienne du kibboutz.
Peu après la détonation, des dizaines de résidents du kibboutz ont accouru pour inspecter les dégâts. En cours de rénovation, la cour contenait un mélange de matériaux de chantier et de débris de roquettes.
Itamar Horner, 17 ans, qui vit à proximité, a déclaré qu’il venait de terminer un cours sur Zoom, les écoles étant fermées depuis dimanche.
« Nous avons entendu le boum, et nous n’avons même pas eu le temps de fermer la porte du mamad », a déclaré Horner au Times of Israel.
« C’est une horrible réalité », a-t-il ajouté, debout sur le site avec ses amis du kibboutz.
« Nous avions l’habitude d’entendre parler d’explosions dans d’autres endroits et de penser « ces pauvres gens », et maintenant cela nous arrive. »
Ce kibboutz compte 950 membres. On y trouve des vaches laitières et des plantations d’avocats ; le kibboutz est en train de construire un centre commercial à l’entrée.
Un membre de l’équipe d’intervention d’urgence du kibboutz, qui a demandé à ce que son nom ne soit pas divulgué, a déclaré que le lendemain du 7 octobre, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges à Gaza, de nombreux membres du kibboutz sont partis de leur propre chef, même s’ils se trouvaient au sud de la zone d’évacuation.
Le Hezbollah, au Liban, a commencé à tirer sur Israël le 8 octobre.
Il raconte que lui, son épouse et sa famille ont passé trois mois à l’étranger, car « si nous devons être des évacués, nous pourrions tout aussi bien être des touristes ».
Il est ensuite revenu au kibboutz, ajoutant que presque tous les résidents sont également rentrés.
Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait qu’ils resteraient, il a répondu en plaisantant : « Les gens oublieront tout ça après deux ou trois jours. »
Une forte intensité
Ayat Akawi, assistante sociale au Conseil régional de Mateh Asher, où se trouve le kibboutz, a déclaré que plusieurs personnes avaient appelé à l’aide, souffrant d’anxiété et de détresse après les explosions.
Elle est arrivée au kibboutz avec Alegra Davidi, la directrice des services sociaux de Mateh Asher, pour « calmer les gens », a-t-elle expliqué.
« Nous leur demandons ce qui pourrait les aider. Le plus important, c’est que nous soyons simplement avec eux. »
« La guerre se poursuit avec une grande intensité », a déclaré Moshe Davidovich, chef du Conseil régional de Mateh Asher et président du Forum de la ligne de confrontation, un groupe qui représente les 60 000 résidents des 23 municipalités, villages et conseils régionaux situés le long de la frontière nord d’Israël qui ont été forcés de quitter leurs maisons. Il est arrivé au kibboutz peu après l’attaque à la roquette.
« Je demande au gouvernement depuis 2018 de s’attaquer au problème de la protection insuffisante dans le nord, » a-t-il souligné, en particulier dans les communautés de la ligne de confrontation », ajoutant qu’il s’agit d’un « moment très difficile ».
Davidovich a expliqué à la chaîne N12 que les résidents ont « pour ainsi dire zéro seconde » pour se mettre à l’abri lorsque les sirènes retentissent.
Un jardin d’Eden
Hadas Ron, 64 ans, qui a grandi dans le kibboutz et vit aujourd’hui dans une communauté voisine, a raconté qu’elle et sa famille avaient vécu dans la maison touchée pendant plusieurs années à la fin des années 1980.
« Cela aurait pu être nous », a-t-elle dit au Times of Israel.
En grandissant, a-t-elle poursuivi, elle avait l’habitude d’entrer et de sortir des abris anti-atomiques.
« Mais c’était toujours un jardin d’Éden », a-t-elle déclaré. « Malgré les dangers, c’est toujours une très bonne vie. »
Les barrages de roquettes de mercredi sont les derniers en date de plusieurs jours d’escalade des affrontements le long de la frontière nord, après onze mois de combats transfrontaliers plus limités.
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant qu’il le fait pour soutenir Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de vingt-six civils du côté israélien, ainsi que celle de vingt-deux soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Tsahal a mené de nouvelles vagues de frappes aériennes dans le sud du Liban mercredi et a averti qu’une incursion terrestre pourrait être la prochaine étape.
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