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Après Merah, son quartier des Izards veut en finir avec la stigmatisation

Le spectre de la radicalisation du clan Merah rôde encore sur cette cité de 6 000 habitants

Vue aérienne du quartier Izards-Trois Cocus. (Crédit : M Toulouse / Ville de Toulouse – Toulouse Métropole / CC BY-SA 4.0)
Vue aérienne du quartier Izards-Trois Cocus. (Crédit : M Toulouse / Ville de Toulouse – Toulouse Métropole / CC BY-SA 4.0)

Dix ans après les attentats de Mohamed Merah, le quartier populaire des Izards où il a vécu, dans le nord de Toulouse, tente de se défaire de sa mauvaise image par l’action de ses habitants et une réorganisation des espaces urbains.

« Le négatif, on en a assez eu ! Allons vers le positif maintenant ! », lance Yamina Aïssa-Abdi, co-fondatrice de l’association Izards Attitude qui mène des actions sociales et assure du soutien scolaire.

Le spectre de la radicalisation du clan Merah rôde encore sur cette cité de 6 000 habitants.

« La difficulté avec les djihadistes qui se proclament d’un endroit, c’est qu’ils attirent le stigmate sur tout un quartier », déplore Hugo Micheron, auteur de l’ouvrage Le Djihadisme français.

« Cette stigmatisation complique l’action des pouvoirs publics et des associations qui essaient d’établir ce lien qui permettrait d’aider des quartiers qui en ont besoin », poursuit-il.

Des policiers devant l’école Ozar Hatorah, à Toulouse, le 19 mars 2012. (Crédit : AFP/Archives Remy Gabalda)

Tous « dans le même sac »

« L’image du quartier avant et après Merah, c’est le jour et la nuit », confirme Djillali Benyamina, 32 ans, qui a toujours vécu là. Ce père de trois enfants regrette que les attaques meurtrières du jihadiste aient « mis tout le monde dans le même sac ».

« Ca n’est pas l’histoire du quartier, c’est son histoire personnelle », souligne Mme Aïssa-Abdi, rappelant que le terroriste ne vivait plus aux Izards en 2012.

« Est-ce que les gens du quartier sont obligés de porter l’image d’une personne qui aurait mal agi ? », pointe Alassane Boye, président de l’association qui gère la salle de prière locale.

Depuis, un autre fléau a terni la réputation des Izards situés à dix minutes du centre-ville en métro : les règlements de compte liés au trafic de drogue. En 2020, ils ont fait trois morts.

« C’est un quartier sur lequel on a une vigilance particulière », déclare à l’AFP le procureur de la République de Toulouse Samuel Vuelta-Simon.

Un coup de filet, durant l’automne 2020, a permis plusieurs arrestations et l’État a annoncé le renfort de 111 policiers nationaux à Toulouse. Trente d’entre eux ont été affectés aux Izards.

« Nous investissons beaucoup pour l’amélioration de la qualité de vie et le renouveau urbain. Mais si tous ces efforts sont ruinés par l’insécurité, ça n’est pas la peine », estime pour sa part le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc.

Nouveaux immeubles résidentiels, commerces récents… Le secteur a changé de visage au fil des années. Des points de tension demeurent toutefois entre une partie de la population et la municipalité.

Ainsi, deux terrains de football, au cœur du quartier, sont inutilisables depuis plusieurs années. La faute à des « problèmes gravissimes » selon le maire qui pointe du doigt un « club très louche », à la réputation noircie par le passage de Merah parmi ses licenciés.

Les portraits des sept victimes – Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Gabriel Sandler, Aryeh Sandler, Myriam Monsonégo et Jonathan Sandler – de Mohamed Merah pendant une cérémonie de commémoration organisée par le CRIF à Toulouse, le 19 mars 2014. (Crédit : Rémy Gabalda/AFP)

« Recréer du lien social »

Nicolas Aoued, président de l’AS Izards, le regrette : « Quand il y a eu les différentes tueries, c’était malheureusement des jeunes passés par le club qui étaient à l’abandon. Ils étaient cadrés quand ils étaient licenciés mais la rue les a rattrapés. »

M. Benyamina a connu la période faste du club où il était employé. Ce déménageur était avec les joueurs partis rencontrer la communauté juive de Bruxelles en 2014, quelques mois après l’attaque du musée juif de la ville par le terroriste Mehdi Nemmouche.

Du bras, il balaye une grande place où ne se dresse qu’un immeuble. « Ici, partout, il y avait des tours. Ils ont tout détruit. Maintenant, on est tous dispersés », dit-il, nostalgique.

Des transformations nécessaires, selon le maire, dans un quartier encore associé au souvenir de Merah : « C’est un lien qu’il ne faut pas négliger. Tout ce qu’on fait a pour but de tourner cette page. »

Mohammed Merah, seen in a home video. (photo credit: France 2)
Mohammed Merah. (Crédit : capture d’écran France 2)

« C’est bien beau de changer les apparences mais, si le fond est pourri, ça ne sert à rien d’embellir », dénonce pourtant M. Boye.

« On a beaucoup souffert de ça mais on a fait de vrais progrès », tempère Mme Aïssa-Abdi dont l’association a été fondée en 2013, un an après les attentats de Merah.

« Il y a des gens magnifiques dans le quartier, qui ont des compétences et qui proposent des choses pour recréer du lien social », souligne-t-elle, se félicitant « d’une vraie participation citoyenne ».

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