Arrangement judiciaire pour l’homme inculpé dans le lynchage d’un Erythréen
Evyatar Dimri bénéficiera aussi d'une sanction plus clémente pour le rôle qu'il a joué dans le meurtre de Haftom Zarhum après un attentat terroriste commis à Beer Sheva en 2015
La cour de district de Beer Sheva a condamné dimanche un Israélien, Evyatar Dimri, pour son rôle tenu dans le lynchage d’un migrant érythréen, en 2015, mort après avoir été confondu avec un terroriste palestinien. L’accusé devrait écoper d’une sanction relativement clémente après que l’accusation a été révisée à la baisse dans le cadre d’un arrangement judiciaire.
Haftom Zarhum, 29 ans, un passant innocent, s’était fait tirer dessus par un agent de sécurité dans les minutes qui avaient suivi une attaque terroriste à la gare routière de Beer Sheva, le 18 octobre 2015, qui avait tué un soldat israélien et blessé 11 personnes. En sang, gisant au sol, une foule de passants en colère l’avait lynché, le frappant violemment à la tête et le cognant contre un banc en métal. Il était mort quelques heures plus tard à l’hôpital. Une autopsie avait conclu que son décès avait été entraîné par ses blessures par balles.
Dimri avait été filmé par les caméras de sécurité frappant Zarhum à deux occasions. Il avait été accusé dans un premier temps de « coups et blessures avec intention grave », un crime puni d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Mais dans l’arrangement judiciaire, Dirmi a reconnu des « violences contre une personne impuissante », un crime moins grave pour lequel il peut écoper d’une condamnation maximale de sept ans d’emprisonnement, ont noté les médias en hébreu.
Les procureurs devraient seulement demander une peine de quelques mois de prison. Mais les deux parties doivent encore convenir d’une sentence, qui sera rendue le 11 décembre.
Dimri a indiqué dimanche devant le tribunal qu’il regrettait ses actions, a fait savoir Haaretz. Son avocat a demandé une peine de 31 jours de prison, le comparant à un autre accusé dans la même affaire, David Muial, qui a été condamné à 100 jours de service communautaire au début de l’année.
Au mois de juillet, Muial avait également reconnu des « violences contre une personne impuissante » et il a été condamné à huit mois avec sursis ainsi qu’à une amende de 2 000 shekels à verser à la famille du défunt.
Les avocats de Dimri ont expliqué que sa sanction ne devait pas être plus rigoureuse que celle dont a écopé Muial, ce dernier ayant agressé Zarhum en le frappant avec un banc tandis que Dimri n’avait, pour sa part, utilisé aucun objet.
Dimri serait également psychologiquement instable et il a été hospitalisé au cours de son procès.
Le mois dernier, il avait menacé une représentante des procureurs dans l’affaire, Tali Feldman, et il a été en conséquence placé en état d’arrestation dans un dossier séparé. Feldman a indiqué au tribunal, dimanche, que Dimri « a un passé criminel, la violence ne lui est pas inconnue ».
Des images de l’incident montrent que suite à l’attaque, alors que Zarhum gît au sol entouré de passants, Muial s’approche et lance un banc sur lui. Les autres personnes s’éloignent alors Muial de sa victime, enlevant le banc, mais deux autres suspects interviennent en donnant des coups de pied à Zarhum dans la tête et dans le haut du corps. Puis, un quatrième suspect jette à nouveau le banc sur l’homme, afin de l’empêcher de bouger.
Avertissement : Cette vidéo continent des images violentes
https://youtu.be/1PzvaoPixV0
Parmi les autres personnes inculpées dans le meurtre de Zarhum, Yaakov Shimba, soldat, et Ronen Cohen, gardien de prison. Tous attendent actuellement un verdict dans leurs procès.
La famille de Zarhum poursuit actuellement l’Etat et réclame des dommages et intérêts, affirmant que la négligence et le non-respect de la procédure ont causé sa mort.
Dans l’affaire, intentée l’année dernière devant le tribunal du district de Beer-Sheva, ils exigent trois millions de shekels (635 000 euros) d’indemnités et la reconnaissance du statut de victime du terrorisme par l’Agence nationale d’assurance, donnant droit à sa famille à des prestations supplémentaires.
L’Agence nationale des assurances a rejeté la reconnaissance de Zarhum comme une victime du terrorisme car l’Erythréen est entré de façon illégale dans le pays.
Raoul Wootliff a contribué à cet article.