Assignation à résidence d’un imam de Lod, soupçonné d’appeler à la violence
Les autorités se prépareraient à de nouveaux affrontements dans la ville mixte judéo-arabe suite à la détention du Sheikh Yusuf Albaz
La police a arrêté jeudi, dans la ville du centre de Lod, un imam soupçonné d’incitation à la violence, quelques semaines après les émeutes ethniques qui ont secoué la ville mixte judéo-arabe, selon les médias israéliens.
Sheikh Yusuf Albaz, 63 ans, imam à la Grande Mosquée de Lod, a été interrogé par les enquêteurs de l’unité Lahav 433.
Le tribunal de première instance de Rishon Lezion a statué dans l’après-midi de jeudi que l’imam sera libéré et assigné à résidence vendredi à midi. La police avait demandé que l’imam soit maintenu en détention pendant la durée du procès.
Albaz a été arrêté à la suite de publications sur les réseaux sociaux qui semblaient encourager la violence contre la police. Il a partagé mercredi sur Facebook un message avec un extrait du film « Wolf Creek » montrant une fusillade contre des policiers. « Voici le meilleur moyen de lutter contre l’injustice », a rapporté la Douzième chaine.
L’imam, qui est allié à la branche nord du Mouvement islamique, un mouvement illégal, a également qualifié Israël d’ « État ennemi » et souhaité la « mort » de l’ « occupation sioniste » dans de précédents messages en ligne.
Selon le journal Haaretz, la police se préparerait à la possibilité que l’arrestation d’Albaz déclenche de nouvelles émeutes dans la ville.
« Suite au harcèlement et à la persécution de la police israélienne, qui subit d’énormes pressions de la part [du député d’extrême droite Itamar] Ben Gvir et d’autres éléments extrémistes, la police a arrêté ce soir le cheikh pour des sermons qu’il a prononcés », a déclaré son avocat à Haaretz.
L’avocat, Rais Abu Saif, a déclaré qu’Albaz avait été en contact avec la police ces derniers jours, bien qu’aucune accusation d’incitation à la haine ne lui ait été personnellement adressée au cours de ces échanges.
« On lui a demandé d’appeler au calme, ce qu’il a fait », a déclaré l’avocat.
Séparément, un reportage télévisé a indiqué mercredi soir que la police avait arrêté quatre résidents arabes de Lod il y a une dizaine de jours en lien avec le meurtre d’un homme juif le mois dernier.
Cependant, les enquêteurs ne semblent pas avoir suffisamment de preuves pour inculper les quatre suspects du meurtre de Yigal Yehoshua, 56 ans, a déclaré la station de radio publique Kan. Les procureurs détermineront bientôt s’il convient de déposer des actes d’accusation contre les suspects et sur quels chefs d’accusation, selon le rapport.
Les tensions entre les communautés juive et arabe d’Israël ont dégénéré en violence généralisée dans de nombreuses communautés ethniquement mixtes le mois dernier, coïncidant avec le conflit de 11 jours à Gaza. Les villes mixtes du pays ont été transformées en véritables zones de guerre, la police ne parvenant pas à contenir les troubles internes les plus graves qui aient frappé le pays depuis des années.
Yehoshua rentrait chez lui le 11 mai lorsqu’il s’est retrouvé au milieu des manifestations violentes qui ont secoué Lod. Sa voiture a été caillassée et il a été frappé à la tête par une brique. Yehoshua a été transporté d’urgence au centre médical Shamir dans un état grave, mais son état s’est détérioré et il a succombé à ses blessures quelques jours plus tard.
D’intenses émeutes arabes ont éclaté dans la ville ce jour-là, suite à la mort d’un homme arabe la nuit précédente. Mousa Hassouna avait été abattu par des résidents juifs dans ce que les témoins juifs ont affirmé être de la légitime défense, et que les résidents arabes ont décrié comme un meurtre de sang-froid.
Plusieurs autres personnes, juives et arabes, ont été agressées et gravement blessées dans des fusillades et des passages à tabac au cours des troubles, qui se sont calmés depuis.