Attentat à la bombe contre le centre juif AMIA : L’Argentine veut l’arrestation de Khamenei
Un tribunal argentin avait statué, l'an dernier, que l'Iran et le Hezbollah étaient derrière l'attentat qui avait tué 85 personnes à Buenos Aires ; selon le procureur principal, le guide suprême iranien ne bénéficie d'aucune immunité

JTA – Les procureurs argentins ont demandé un mandat d’arrêt contre le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, pour son implication présumée dans l’attentat à la bombe qui a détruit l’AMIA, un centre juif de Buenos Aires, en 1994.
Khamenei, devenu guide suprême en 1989, était le dirigeant de l’Iran au moment de l’attentat. Cette attaque, qui avait fait 85 morts, était à l’époque la plus meurtrière jamais commise contre les Juifs de la diaspora depuis la Shoah. En avril dernier, un tribunal argentin a statué que l’Iran et le Hezbollah étaient à l’origine de l’attentat.
Le procureur principal en charge de ce dossier, Sebastián Basso, a soutenu devant un tribunal fédéral argentin que c’était Khamenei qui avait pris la décision de commettre l’attentat et qu’il ne bénéficiait d’aucune immunité judiciaire, a signalé mercredi le journal argentin Clarín.
« Ce sont les autorités judiciaires nationales qui ont le devoir et le pouvoir de juger les responsables, indépendamment du lieu où ils se trouvent et de la position sociale ou politique qu’ils occupent là où ils vivent », a estimé Basso, selon le journal. Dans sa plaidoirie, il s’est appuyé à la fois sur le droit argentin et le droit international.
Basso a expliqué que Khamenei avait » pris la décision de commettre un attentat à la bombe à Buenos Aires en juillet 1994 et donné l’ordre d’exécution (fatwa) 39 ouvrant la porte au passage à l’acte. Il est également indéniable que Khamenei a toujours été, et qu’il continue d’être, le principal soutien de groupes dotés de capacités militaires, comme par exemple le Hezbollah », selon Clarín.
Khamenei a nié, dans le passé, l’implication de l’Iran dans l’attaque.
Les précédents procureurs en charge du dossier avaient déclaré que Khamenei pouvait demander l’immunité. La demande soumise par Basso témoigne plus généralement du changement d’approche de l’Argentine sur le rôle de l’Iran dans l’attentat de l’AMIA, que le pays semblait chercher jusqu’alors à minimiser.

En 2013, l’Argentine a pris des mesures pour enquêter sur l’attentat – conjointement avec l’Iran. Le prédécesseur de Basso, Alberto Nisman, a été assassiné en 2015, quelques heures avant de présenter des éléments prouvant qu’un ancien président argentin avait couvert l’implication de l’Iran dans l’attaque sanglante.
En 2021, l’Iran a nommé au sein de son gouvernement deux hommes impliqués dans cet attentat.