Israël en guerre - Jour 501

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Au rythme des roquettes, des navires à destination d’Ashdod détournés vers Haïfa

Le réacheminement vers le nord et les nombreux réservistes mobilisés retarderont les livraisons des marchandises ; la prime de "risque de guerre" des assurance pourrait entraîner une hausse des prix

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Le port israélien d'Ashdod. (Crédit : Avi Rokeach)
Le port israélien d'Ashdod. (Crédit : Avi Rokeach)

Alors qu’Israël en est à sa quatrième semaine de guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, et bien que les principaux ports du pays restent pleinement opérationnels, les dirigeants de l’industrie locale s’inquiètent de la perception accrue du risque par les compagnies maritimes internationales, qui pourrait à son tour affecter les lignes d’approvisionnement en denrées alimentaires entre autres produits cruciaux.

La semaine dernière, la compagnie taïwanaise de transport maritime par conteneurs Evergreen Line a été l’une des premières à déclarer un cas de force majeure concernant une cargaison destinée au port d’Ashdod, sur la côte sud d’Israël, en invoquant la « persistance d’une situation dangereuse » due à la guerre contre le Hamas. Le navire a été détourné vers le port de Haïfa, dans le nord du pays. La compagnie a ensuite annoncé que tous ses navires seraient détournés jusqu’à nouvel ordre.

Israël combat le Hamas depuis le 7 octobre, date à laquelle quelque 2 500 terroristes gazaouis ont fait irruption dans le pays par voie terrestre, maritime et aérienne, tuant plus de 1 400 personnes, dont une majorité de civils, dans leurs maisons et lors d’un festival de musique en plein air. Le Hamas et les factions terroristes alliées ont également enlevé au moins 239 otages – dont une trentaine d’enfants – toujours retenus la bande de Gaza.

Israël affirme que son incursion vise à détruire les capacités armées et de gouvernance du Hamas, et s’est engagé à éliminer l’ensemble du groupe terroriste qui contrôle la bande de Gaza. Il affirme viser toutes les infrastructures où le Hamas opère, tout en cherchant à minimiser les pertes civiles.

Des salves de roquettes continuent d’être tirées depuis Gaza sur des villes israéliennes.  Le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et ses alliés ont également procédé à des tirs de roquettes sporadiques dans le nord du pays.

Le port d’Ashdod, situé à une quarantaine de kilomètres de la frontière de Gaza, assure environ 40 % du commerce maritime total d’Israël, importations et exportations confondues. Le port – qui est équipé d’abris de protection et protégé par le système de défense aérienne Dôme fer sur terre et en mer – a pris un coup économique depuis le début de la guerre.

Des travailleurs sur le port d’Ashdod déchargeant un conteneur contenant des millions d’œufs importés d’Espagne, au port d’Ashdod, le 5 avril 2020 (Crédit : Courtesy Flash 90)

Haïfa, dans le nord, est le principal port du pays, où transitent environ 30 millions de tonnes de marchandises par an. Il reçoit des cargaisons de céréales, de pétrole et de matières premières.

« Parce qu’Israël tient absolument à ce que les ports restent ouverts, ils sont très bien protégés, notamment par le système Dôme de fer et la marine, qui est chargée de maintenir les voies maritimes internationales ouvertes », a expliqué Yoni Essakov, directeur-général de la société israélienne de transport maritime de marchandises Coral Maritime Services Ltd, au Times of Israel.

« Mais aujourd’hui, avec la guerre, nous constatons que les fréteurs [transporteurs maritimes] sont plus réticents à faire escale en Israël [c’est-à-dire à décharger des marchandises dans un port] et que les fournisseurs sont de plus en plus prudents lorsqu’il s’agit d’envoyer des navires en Israël. »

« Les transporteurs et surtout les équipages sont un peu inquiets à l’idée de faire escale à Ashdod, où les sirènes retentissent pratiquement tous les deux jours (…). Et c’est pour cette raison qu’ils détournent les navires vers Haïfa, mais pour l’instant, tout va bien », a ajouté Essakov, qui siège également au comité exécutif de la Chambre israélienne de la marine marchande.

Le ministère des Transports a envoyé un message daté du 25 octobre pour rassurer l’industrie maritime mondiale en affirmant que les ports du pays étaient des « installations stratégiques hautement protégées ».

« Des mesures ont été prises par le gouvernement pour minimiser les niveaux de risque pour les navires en escale » et le système de défense Dôme de fer s’était « avéré super efficace », est-il précisé.

Samedi, une roquette tirée depuis la bande de Gaza a causé des dégâts matériels dans la ville côtière d’Ashdod. Des images de la scène ont montré que la roquette avait atterri dans une rue, endommageant les voitures et les maisons voisines.

« Les employés de la société portuaire d’Ashdod continuent à assurer la continuité des opérations pour l’économie israélienne », a déclaré le port d’Ashdod dans un communiqué. « Le port continue de fonctionner 24 heures sur 24 malgré la situation d’urgence, (…) nous travaillons dur pour décharger les cargaisons, avec des produits alimentaires, des marchandises et des produits pour le marché israélien, afin de s’assurer que la population ne manque pas d’approvisionnement. »

Yoni Essakov, directeur-général de la société israélienne de transport maritime de marchandises Coral Maritime Services Ltd. et directeur de la Chambre israélienne de la marine marchande. (Autorisation)

Le port n’a pas encore répondu à une demande de renseignements sur le pourcentage de navires détournés vers Haïfa.

Shay Karni, directeur-général de Konmart, un agent maritime pour les services maritimes en Israël, a déclaré que les ports israéliens sont restés ouverts pendant les conflits militaires passés et qu’ils ont donc l’expérience du fonctionnement sous les attaques de roquettes.

« Les compagnies maritimes étrangères pensent qu’Ashdod se trouve à Gaza alors que la ville est située au sud de Tel Aviv et que le port est l’un des mieux protégés au monde », a déclaré Karni, directeur de la Chambre de commerce d’Israël.

Essakov, dont la compagnie maritime s’occupe principalement de l’approvisionnement en matières premières, notamment en céréales et en ciment, a souligné qu’il était vital que les ports israéliens restent ouverts, car le pays est fortement dépendant des importations, et qu’un échec provoquerait une crise d’approvisionnement en nourriture, en matières premières, en couches, en aliments pour bébés et autres produits de base.

Illustration : Des conteneurs d’expédition, au port de Haïfa, le 14 novembre 2011. (Crédit : Yaakov Naumi/Flash90/Archives)

« Même si le lait, les œufs, la volaille et le pain sont fabriqués en Israël, ils dépendent de l’importation de matières premières, notamment de céréales », a déclaré Essakov. « En Israël, plus de 99 % de tous les matériaux sont importés par la mer et c’est pourquoi il est impératif que le pays maintienne ses ports ouverts et opérationnels à tout prix. »

Essakov, qui est également vice-président de l’Association israélienne des céréales, a déclaré que le port de Haïfa travaillait désormais à une plus grande capacité en raison des navires détournés d’Ashdod.

« Ils font des heures supplémentaires car l’activité dans le port augmente d’environ 30 % », a-t-il déclaré. « Cela signifie que jusqu’à présent, il n’y a pas eu de pénurie d’approvisionnement ni de manque de services dans les ports. »

« Si quelque chose se développe dans le nord et que le port de Haïfa et les zones environnantes sont touchées, moins de navires prêts à faire escale en Israël », a-t-il averti. « Cela pourrait entraîner une pénurie, mais nous n’en sommes pas encore là. »

Avec le début de la guerre, presque toutes les compagnies d’assurance mondiales et les sociétés d’assurance maritime ont imposé ce qu’elles appellent une « surprime pour risque de guerre ». Zim, l’entreprise de transport maritime israélienne, basé à Haïfa, a annoncé appliquer une nouvelle prime de risque de guerre à ses cargaisons, car ses assureurs l’ont imposé à tous les navires faisant escale dans les ports israéliens, prime que le transporteur doit payer afin de maintenir le service à destination et en provenance d’Israël.

« En conséquence, nous finirons par constater une augmentation des prix des produits de base et des biens de consommation, tels que les téléviseurs et les meubles, car la plupart de ces produits arrivent sur des porte-conteneurs », a déclaré Essakov. « Je ne sais pas exactement de combien les prix augmenteront, car il se peut que les fournisseurs ou les distributeurs locaux prennent cette augmentation de prix et l’absorbent eux-mêmes. »

Essakov a appelé le gouvernement à couvrir le coût des primes de risque de guerre supplémentaires afin de garantir la continuité de l’approvisionnement en marchandises. « C’est une dépense conséquente, mais pour maintenir la stabilité de l’économie, je pense que c’est une dépense qui en vaut la peine », a-t-il expliqué.

Selon Essakov, le gouvernement doit également se pencher sur la question du transport des marchandises une fois qu’elles sont déchargées dans les ports, d’autant plus que certaines fournitures arrivent maintenant au port de Haïfa au lieu d’Ashdod. Il y a une pénurie de chauffeurs de camions en raison d’une mobilisation massive de nombreux réservistes.

Les forces de sécurité et de secours israéliennes sur les lieux où une roquette tirée depuis la bande de Gaza a touché des bâtiments et des voitures dans la ville méridionale d’Ashdod, le 9 octobre 2023. (Crédit : Liron Moldovan/Flash90)

L’armée israélienne a étendu son incursion terrestre à l’intérieur de la bande de Gaza au cours du week-end, bien qu’elle ait retardé l’opération de grande envergure annoncée.

« Si l’incursion terrestre se poursuit pendant deux mois, nous aurons certainement besoin d’un plan de poursuite des activités pour nous assurer que non seulement les ports resteront ouverts, mais aussi que les utilisateurs finaux recevront leurs produits [arrivant dans] les ports », a souligné Essakov. « Les [lignes de] chemin de fer pourraient être utilisées davantage pour le transfert de marchandises d’un endroit à l’autre. »

Essakov a fait remarquer qu’à l’annonce de la guerre en Ukraine, les transporteurs avaient été réticents à l’idée de faire escale dans les ports ukrainiens.

« Mais au bout d’environ un mois, au prix le plus juste, les navires ont fait escale en Ukraine ; ils exportent et importent », a noté Essakov.

« Et la situation là-bas est en réalité bien pire qu’ici, car il y a beaucoup d’attaques sur les ports. »

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