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Autriche : en 2000, le « pacte avec le diable » des conservateurs

L'arrivée au pouvoir du FPÖ avait causé des manifestations, des sanctions diplomatiques des partenaires européens et le rappel par Israël de son envoyé

Heinz-Christian Strache, dirigeant du Parti de la liberté autrichien (FPÖ), et son épouse Philippa Beck pendant le dernier meeting de la campagne législative, à Vienne, le 13 octobre 2017. (Crédit : Joe Klamar/AFP)
Heinz-Christian Strache, dirigeant du Parti de la liberté autrichien (FPÖ), et son épouse Philippa Beck pendant le dernier meeting de la campagne législative, à Vienne, le 13 octobre 2017. (Crédit : Joe Klamar/AFP)

En 2000, l’alliance du conservateur Wolfgang Schüssel avec le FPÖ de Jörg Haider avait été qualifiée de « pacte avec le diable », suscitant des manifestations et déclenchant des sanctions diplomatiques des partenaires européens de Vienne et le rappel par Israël de son ambassadeur.

Une telle levée de boucliers apparaît cependant peu probable aujourd’hui, dans un contexte de montée des partis populistes et anti-migrants dans plusieurs pays de l’UE.

Le contexte

Premier parti d’extrême droite en Europe à arriver aux portes du pouvoir depuis la guerre, le FPÖ cultive dans les années 1990 ouvertement sa filiation avec le nazisme.

Son leader, le flamboyant Jörg Haider, fait l’éloge de la « politique de l’emploi » du IIIe Reich, estime qu’il « faut rendre honneur » aux Waffen-SS et déclare que les camps de concentration nazis n’étaient que des « camps disciplinaires ».

Le coup de tonnerre

Le 3 octobre 1999, le FPÖ recueille 26,9 % aux législatives, devançant de quelques centaines de voix les conservateurs de l’ÖVP et devenant la deuxième force politique du pays derrière les sociaux-démocrates du chancelier Viktor Klima (33,2 %).

L’impasse

Le président Thomas Klestil charge M. Klima de former un gouvernement. M. Klima exclut de s’allier avec M. Haider et tente de rassurer Israël en soulignant que l' »Autriche n’est pas un pays nazi ». Mais l’ÖVP de Wolfgang Schüssel décide d’aller dans l’opposition, plongeant le pays dans l’impasse.

Plus de 200 diplomates autrichiens signent une « initiative privée contre la haine des étrangers » et M. Klestil fait savoir qu’il n’accepterait pas d’investir un gouvernement formé avec le FPÖ.

Le 13 décembre, l’ÖVP révise sa position et se dit prêt à gouverner avec les sociaux-démocrates. Les deux partis annoncent le 19 janvier un accord pour reconduire leur coalition. Mais il s’avère caduc dès le lendemain, l’ÖVP posant des conditions « exorbitantes » selon M. Klima. Le chancelier sortant propose sans succès la formation d’un gouvernement minoritaire.

Un « plan secret » ?

Dès le 8 janvier, le puissant tabloïd Kronen Zeitung révèle l’existence d’un « plan secret » entre conservateurs et extrême droite. De fait, M. Klima est contraint de jeter l’éponge le 25 janvier et MM. Schüssel et Haider entrent officiellement en pourparlers.

Alarmé, le Premier ministre israélien Ehud Barak déclare que Jörg Haider est le « représentant du Mal ». La Commission européenne exprime sa « préoccupation », tout comme Paris, Berlin et Washington. M. Schüssel assure toutefois que son gouvernement sera « pro-européen ».

Le 4 février, M. Klestil se résout à investir un gouvernement ÖVP-FPÖ, après avoir fait signer par MM. Schüssel et Haider un engagement sur « les valeurs fondamentales de la démocratie européenne ». M. Haider n’a pas de portefeuille ministériel. Arrivé troisième, M. Schüssel devint chancelier. L’ÖVP se défend d’avoir conclu un « pacte avec le diable ».

Le séisme

La coalition provoque un tollé dans la presse et les capitales européennes. Les 14 partenaires de l’Autriche au sein de l’UE commencent à appliquer un programme de sanctions consistant à couper tout contact politique bilatéral officiel avec Vienne et à ne recevoir ses ambassadeurs qu’à « un niveau technique ». Israël rappelle son ambassadeur. Le 19 février, 250 000 personnes manifestent contre le FPÖ à Vienne.

Les suites

Le 1er mai, Jörg Haider accepte de démissionner formellement de ses fonctions à la tête du FPÖ. Le consensus européen autour des sanctions se fissure. Celles-ci sont levées le 12 septembre.

Le FPÖ au pouvoir impose plusieurs de ses thèmes, notamment sur l’immigration. Mais le parti est déchiré par des querelles intestines. M. Schüssel provoque des législatives anticipées en novembre 2002. L’ÖVP l’emporte largement (42,3 %), le FPÖ s’effondre à 10 %. La coalition est reconduite dans une quasi-indifférence internationale. En novembre 2003, Israël normalise ses relations avec l’Autriche.

Dépassé sur sa droite par M. Strache au sein du FPÖ, Jörg Haider lui abandonne le parti en 2005 et crée une formation concurrente, le BZÖ, qui poursuit formellement la coalition avec M. Schüssel. L’attelage est balayé en 2006 lors de nouvelles législatives anticipées, que remportent les sociaux-démocrates. Le FPÖ obtient 11 % et le BZÖ est moribond à 4,1 %. M. Haider meurt dans un accident de voiture le 11 octobre 2008.

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