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Analyse

Avec la démission de Hariri, le Liban apparaît au grand jour comme mandataire de l’Iran

La décision du Premier ministre libanais est peu surprenante, au vu de la destinée qui fut réservée à son père lorsque ce dernier s'était attiré les foudres du Hezbollah et de ses patrons à Téhéran et à Damas

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Saad Hariri, le 14 février 2013. (Crédit : capture d'écran Youtube/mtvlebanon)
Saad Hariri, le 14 février 2013. (Crédit : capture d'écran Youtube/mtvlebanon)

L’annonce de la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri en Arabie saoudite a été une grande surprise, même si cela n’aurait pas dû être – peut-être – le cas. Pas plus que ses condamnations de l’implication de l’Iran au Liban, à travers son groupe mandataire du Hezbollah.

Le Liban est devenu un protectorat iranien il y a un certain nombre d’années, un état client, pour ainsi dire, contrôlé par l’Iran à travers le Hezbollah, le groupe terroriste le plus puissant dans tout le Moyen-Orient.

L’Iran, aux côtés de la Syrie et du Hezbollah de Bachar el-Assad, a endossé la responsabilité du meurtre du père de Saad Hariri, Rafik Hariri, mort au mois de février 2005 quelques mois seulement après avoir démissionné de son poste de Premier ministre. Son fils désire éviter de connaître le même sort.

Le vrai aspect véritablement surprenant de la démission de Saad Hariri est qu’il ait accepté d’être nommé Premier ministre au mois de décembre dernier. Difficile de savoir ce que Hariri avait en tête lorsqu’il avait consenti à la requête de Michel Aoun, le président pro-Hezbollah du Liban, lorsqu’il s’était attelé à la tâche de former un gouvernement.

Hariri savait très bien qui était responsable de la mort de son père et que sa propre vie serait en danger s’il ne faisait pas ce que disait le Hezbollah. Il avait également compris que le groupe terroriste chiite contrôle presque tous les aspects de l’état libanais et que son propre camp politique, l’Alliance du 14 mars, deviendrait une minorité persécutée au sein d’un système dépendant entièrement des bonnes grâces de l’Iran.

Saad Hariri, à gauche, le Premier ministre libanais, avec le directeur de la FINUL, Michael Beary, au centre, pendant une visite dans le sud du Liban, le 21 avril 2017. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Les raisons pour lesquelles Hariri s’est ainsi pressé de présenter sa démission ne sont pas clairement établies pour le moment. Suite à l’annonce de son départ, la chaîne d’information saoudienne Al-Arabiya a toutefois fait savoir qu’un complot visant l’assassinat de Hariri a été déjoué il y a seulement quelques jours.

Selon les informations livrées, la crainte de faire l’objet d’un assassinat aurait amené Hariri à quitter Beyrouth vendredi et à s’installer dans l’habitation qu’il possède en Arabe saoudite où il est né.

Ce complot visant Hariri tout comme l’implication de la république islamique dans cette conspiration ont été, sans surprise, démentis par l’Iran.

Lors d’une conférence de presse organisée samedi à Ryad, Hariri a férocement attaqué l’Iran et le Hezbollah, les accusant d’interventions flagrantes dans les affaires du Liban, un pays dont ils se saisiraient par la force.

Dans la réalité politique actuelle au Liban, la dernière chose qui devrait créer la surprise est bien cette notion de la planification d’un nouvel assassinat politique par le Hezbollah.

Au cours des onze derniers mois, Hariri est devenu une sorte de vernis de respectabilité pour le Hezbollah. En tant que l’un des principaux leaders de l’opposition, sa nomination au poste de Premier ministre a permis de prouver que le Liban savait maintenir son indépendance face à l’Iran.

Pourtant, néanmoins, la mascarade est terminée et le Liban reste tel qu’il est, sans déguisement – pro-iranien, pro-syrien, avec un Hezbollah fermement accroché aux commandes. Le président libanais est considéré comme ayant été nommé par la république islamique et le Hezbollah, l’armée libanaise coopère et se coordonne avec le Hezbollah et le groupe chiite fait ce qu’il veut au Liban.

Il est probable que les Saoudiens ont eu un rôle influent dans la décision prise par Hariri de démissionner. Sous forme de litote, les Saoudiens ne s’étaient pas outrageusement réjouis du choix de Hariri d’accepter le poste de Premier ministre il y a moins d’un an.

Il est également très probable que les informations sur le complot de l’assassinat de Hariri – qu’il ait été réel ou non – ont été obtenues sous la direction de Ryad, même si peut-être – et seulement peut-être – elles ont pu provenir de quelque service de renseignement occidental.

Il est loin d’être plausible que le Hezbollah change suite à la démission de Hariri. Et cela pourrait même être plutôt le contraire. Cela fait longtemps que l’organisation chiite ne donne plus le change sur le fait qu’elle est lourdement influencée par l’Iran et elle ne tente même plus de dissimuler le fait qu’elle a reçu son soutien financier et ses ordres de marche depuis Téhéran.

Le seul inconvénient auquel le Hezbollah pourrait devoir faire face est une nouvelle escalade entre Israël et le Liban/Hezbollah.

Alors que le semblant de respectabilité apporté par Hariri au Liban/Hezbollah n’est plus, Israël pourrait profiter de davantage de légitimité internationale pour mener une campagne sans compromis dans un futur conflit contre ce qui est, une fois encore et à juste titre, le groupe terroriste le plus fort du Moyen-Orient.

Le Hezbollah, aujourd’hui sans masque, est, après tout, appuyé par un état (l’Iran), il en domine un autre (le Liban), et il est doté d’une armée terroriste à faire pâlir l’État islamique, qui à côté, ferait figure d’un groupe de boy-scouts.

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