Ayelet Shaked expulse une femme demandant l’asile pour cause de mutilation génitale
La commission pour les réfugiés a déclaré que la Sierra-léonaise devait être autorisée à rester mais selon la ministre c'est "absurde" puisque la circoncision est autorisée
La ministre sortante de l’Intérieur, Ayelet Shaked, a ordonné mardi l’expulsion d’une femme originaire de Sierra Leone qui avait demandé l’asile en Israël parce qu’elle pourrait être forcée de subir une excision (mutilation génitale féminine) si elle rentrait dans son pays d’origine.
La décision de Shaked va à l’encontre de celle de la commission consultative pour les réfugiés, qui a recommandé d’accorder à cette femme le statut de réfugié.
La ministre a estimé « qu’il faut faire une distinction entre les différents degrés de gravité des procédures de circoncision et qu’en tout état de cause, il n’y a pas lieu de craindre qu’une femme mûre soit forcée de les subir contre son gré », selon un communiqué de son bureau.
Shaked a comparé cette pratique à la brit-milah (circoncision selon le rituel juif).
« Il est impensable que l’État d’Israël porte atteinte à son intérêt souverain et accorde l’asile politique pour une persécution présumée qui est similaire ou proche en essence d’une coutume courante parmi ses propres citoyens », a-t-elle déclaré.
« Non seulement cela serait contraire à la logique et disproportionné, mais cela contredit également le principe d’égalité devant la loi, puisque le résultat serait que l’État autoriserait l’exécution d’une certaine coutume sur les garçons (ce qui est une bonne chose) parmi ses citoyens, alors qu’il offre une protection contre un préjudice similaire aux filles, qui ne sont même pas citoyennes israéliennes, voire qui y séjournent illégalement », selon Shaked.
« Une telle politique serait totalement absurde », a déclaré Shaked, dont le parti HaBayit HaYehudi n’a pas réussi à entrer à la Knesset lors des élections législatives du 1er novembre, qui ont vu le leader de l’opposition Benjamin Netanyahu, aujourd’hui futur Premier ministre désigné, mener son bloc (droite, religieux et extrême-droite) à la victoire.
Shaked a également rappelé l’obligation légale d’Israël de veiller au bien-être des Juifs vivant en Diaspora et de « préserver leur patrimoine culturel, historique et religieux ».
Elle a souligné « une tendance alarmante dans les pays occidentaux à « comparer globalement » l’excision à la circoncision, ce qui conduit à des appels à interdire « aux Juifs d’observer la mitzvah [commandement] de la circoncision ».
« Il faut tenir compte des conséquences possibles de la reconnaissance générale et sans discernement de tous les types de circoncision féminine comme motifs d’obtention du statut de réfugié sur les efforts d’Israël pour freiner ces initiatives législatives », a-t-elle déclaré à propos des initiatives prises dans un certain nombre de pays européens pour faire interdire toutes les mutilations génitales.
L’association à but non-lucratif Hotline for Refugees and Migrants s’est dite « choquée » par cette décision, qu’elle a qualifiée de « dernière opération de relations publiques avant qu’elle ne quitte ses fonctions ».
Le groupe a accusé Shaked, par son action, de soutenir les mutilations génitales féminines.
Il y a deux ans, la Cour suprême avait statué que la menace d’excision constituait un motif d’octroi de l’asile. Le ministère de l’Intérieur s’était alors opposé à cette décision.
Au cours de son mandat, Shaked a adopté une ligne dure contre les migrants illégaux, dont beaucoup ont fui leur pays d’origine en Afrique pour trouver refuge en Israël.