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Banalisation de la Shoah : Macron dénonce les dégradations au Mont Valérien

Le président français, actuellement en Hongrie, s'est rendu au cimetière juif de Budapest pour rendre hommage aux survivants de la Shoah et à la sociologue juive Ágnes Heller

Le président français Emmanuel Macron rend hommage aux victimes de la Shoah lors de sa visite au cimetière juif de Budapest le 13 décembre 2021, au début de sa visite d'État d'une journée en Hongrie. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron rend hommage aux victimes de la Shoah lors de sa visite au cimetière juif de Budapest le 13 décembre 2021, au début de sa visite d'État d'une journée en Hongrie. (Crédit : Ludovic MARIN / AFP)

Emmanuel Macron, actuellement en visite d’État en Hongrie, a qualifié lundi d’ « insulte à la mémoire de nos Héros et à la mémoire de la Nation » les dégradations commises au Mont Valérien, monument vandalisé dans la nuit par une imposante inscription « Anti Pass », alors qu’il s’est rendu ce lundi après-midi au cimetière juif de Budapest pour rendre hommage aux victimes de la Shoah.

« Souiller ce lieu sacré de la République, c’est porter atteinte à ce qui nous unit. Les auteurs seront retrouvés puis jugés », a écrit, dans un tweet, le président de la République.

Le Mont Valérien, monument à la mémoire des résistants et des combattants français de la Seconde Guerre mondiale situé à Suresnes (Hauts-de-Seine) où le dernier compagnon de la Libération Hubert Germain a récemment été inhumé, a été vandalisé dans la nuit de dimanche à lundi par une imposante inscription « Anti Pass », avec les deux « s » dessinés pour ressembler au sigle nazi « SS », ont annoncé les autorités.

Outre Hubert Germain, seize autres combattants morts pour la France de 1939 à 1945 reposent dans la crypte du Mémorial.

Cette inscription sur le Mémorial de la France combattante, inauguré par le général de Gaulle en 1960 à Suresnes (Hauts-de-Seine), fait 50 mètres de long, a indiqué la police à l’AFP.

Elle a été découverte tôt lundi matin, a précisé cette source.

Une enquête a été ouverte pour « dégradation d’un bien classé ou inscrit en application des dispositions du code du patrimoine » et confiée au commissariat de Suresnes. La police technique s’est rendue sur place. La peine maximale pour le délit de « dégradation d’un bien classé ou inscrit en application des dispositions du code du patrimoine » est théoriquement de sept ans de prison.

Les réactions politiques ont été nombreuses pour dénoncer cet acte.

« Souiller ce lieu, comme cela a été fait, est indigne. Et aucun combat ne justifie cela, car c’est s’attaquer à la mémoire de nos combattants, c’est s’attaquer à notre histoire. Et c’est tout confondre: au fond, qui plus est, avec les références implicites qu’il y avait. C’est de la bêtise à l’état pur », avait ajouté Macron depuis Budapest.

« Des dégradations insoutenables ont été réalisées sur le site du Mont-Valérien ce matin. Elles sont une insulte aux mémoires des hommes fusillés en ce lieu et de celles et ceux qui y sont inhumés. Aucune expression totalitaire et obscurantiste n’y aura jamais sa place » avait tweeté le compte officiel des Hauts Lieux de la mémoire nationale du ministère des Armées en Île-de-France ce lundi matin.

« Dégradations scandaleuses #AntiPass du monument de la France Combattante au #MontValérien cette nuit. Je suis révoltée. Aucune cause ne justifie que l’on touche à ce lieu unique de notre #mémoire nationale. C’est impardonnable. Nous déposerons plainte », a pour sa part écrit sur son compte Twitter Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens combattants.

La ministre des Armées Florence Parly a elle aussi dénoncé cette profanation. « S’attaquer au Mont Valérien, c’est s’attaquer à notre mémoire nationale. S’attaquer à notre mémoire nationale c’est fissurer le ciment de la République. Rien n’excuse ni la bêtise, ni la haine », a-t-elle tweeté.

Même indignation pour la maire de Paris, Anne Hidalgo. « Il est intolérable de profaner la mémoire de celles et ceux qui se sont battus pour notre liberté. Paris, Ville compagnon de la Libération, s’associe à la plainte déposée par l’État », a-t-elle écrit dans un tweet.

Chef de file de camps opposés dans l’UE, l’europhile Emmanuel Macron et le nationaliste Viktor Orban ont pourtant affiché une bonne entente ce lundi dans la capitale hongroise, se reconnaissant l’un l’autre, avec les mêmes termes, comme « adversaires politiques mais partenaires européens ». Mais Emmanuel Macron a tenu à rendre hommage à Ágnes Heller, sociologue et une opposante bien connue du Premier ministre hongrois, qu’il avait reçue à Paris.

Ágnes Heller, qui s’est noyée dans le lac Balaton en 2019, était issue d’une famille juive dont le père avait été déporté à Auschwitz. Elle et sa mère auraient dû connaître le même sort en étant envoyées sur les bords du Danube pour être exécutées – mais Carl Lutz, vice-consul à Budapest et surnommé le « Schindler » de Suisse, réussit à les faire épargner.

Ágnes Heller (Crédit : capture d’écran YouTube)

Depuis l’apparition de la pandémie, les citoyens anti-vax et anti-pass sanitaire n’hésitent pas à comparer les consignes sanitaires à l’extermination industrielle de plus de 6 millions de Juifs par les nazis.

Ainsi, maintes manifestations contre le pass sanitaire ont été émaillées de signes d’antisémitisme, comme des slogans provocateurs ou des comparaisons avec les horreurs nazies.

Certains manifestants utilisent une symbolique largement décriée – étoiles jaunes sur la poitrine, dénonciations d’un « pass ‘nazitaire' », croix gammée formée par des seringues -, relativisant de facto la barbarie nazie.

A Barcelone, samedi un millier de personnes ont manifesté contre le pass sanitaire. Certains brandissaient des pancartes « Non au passeport nazi », « gouvernements et soignants = assassins », « Pass Covid: dictature » avec un QR code comparé à une croix gammée.

Des manifestants brandissent des pancartes indiquant « la liberté n’est pas un luxe, c’est un droit », « non au passeport nazi » lors d’une manifestation contre le laissez-passer sanitaire Covid-19, avec lequel les autorités visent à limiter la propagation de la pandémie de Covid-19, en Barcelone, le 11 décembre 2021. (Crédit : LLUIS GENE / AFP)

Aux Pays-Bas, une organisation contre l’antisémitisme a déclaré le 7 décembre avoir lancé une procédure civile contre Thierry Baudet, dirigeant du parti néerlandais populiste Forum pour la Démocratie (FvD), pour ses propos comparant les restrictions sanitaires contre le coronavirus à la Shoah.

Ils pointent plusieurs publications du populiste Thierry Baudet sur Twitter, notamment celle dans laquelle il a affirmé que « les non vaccinés sont les nouveaux Juifs, ceux qui détournent le regard des exclusions sont les nouveaux nazis ».

Baudet avait également publié côte-à-côte la photo d’un enfant qui n’avait pas été autorisé à aller à la fête de Saint-Nicolas (souvent source de joie pour les plus jeunes Néerlandais), et celle d’un garçon du ghetto de Lodz (Pologne) portant une étoile de David avant sa déportation.

Les plaignants critiquent également le partage par le populiste d’une photo du camp de concentration de Buchenwald, assortie du
commentaire : « Comment est-il POSSIBLE de ne pas encore voir comment l’histoire se répète ».

Thierry Baudet, leader néerlandais du parti Forum pour la démocratie (FVD ; droite), s’adresse à la presse, au Sénat néerlandais, le 5 février 2020, à La Haye. (SEM VAN DER WAL / ANP / AFP via Getty Images)

Le média américain CNN Business a rapporté le 6 décembre que Facebook avait vendu et tiré profit de publicités véhiculant des messages anti-vaccin, comparant la réponse gouvernementale à la COVID-19 à l’Allemagne nazie, remettant en question le résultat des élections de 2020, et encouragent les violences politiques.

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