La France dit adieu à Hubert Germain, le dernier des « chevaliers de la liberté »
Le président de la République a rendu hommage au combattant, décédé le 12 octobre à l'âge de 101 ans

Un mois après le décès d’Hubert Germain, à l’âge de 101 ans, la France dit jeudi adieu au dernier des Compagnons de la Libération, ces « chevaliers de la liberté » qui sont « les visages intemporels de la France » selon Emmanuel Macron.
« Serions-nous là sans Hubert Germain ? », a demandé le chef de l’État, en énumérant les noms de plusieurs des 1 038 Compagnons de la Libération, « illustres et anonymes » qui « suivirent le général de Gaulle dans cette aventure insensée » en 1940.
« Le dernier compagnon n’est plus (…) Mais ces 1 038 qui ont épousé la France ne disparaissent pas pour autant », a-t-il ajouté dans un discours prononcé sous l’Arc de triomphe durant la cérémonie de commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918.
En milieu de matinée, sous un beau soleil automnal, le cercueil d’Hubert Germain, décédé le 12 octobre, recouvert du drapeau tricolore a quitté les Invalides, où il avait été exposé la veille, sur un char AMX-10 sans tourelle portant le nom de la bataille de Bir Hakeim. Il s’est arrêté devant la statue du général de Gaulle, comme l’avait souhaité Hubert Germain, avant de remonter les Champs-Élysées, accompagné par l’escorte de la Garde républicaine, jusqu’à l’Arc de triomphe où il a été déposé à côté du soldat inconnu.
En début d’après-midi, le cercueil, toujours sur le char, est attendu au Mont-Valérien, principal lieu d’exécution des résistants durant la Seconde Guerre mondiale, où le corps de l’éminent résistant sera inhumé dans la crypte du mémorial de la France combattante.
« Hubert Germain rejoindra ses frères de combat et avec eux tous ceux qui se sont levés pour que vive la France », a souligné Emmanuel Macron.
À la cérémonie d’hommage aux Invalides le 15 octobre, il avait déjà salué la « fougue » et la « détermination » de ce « résistant de la première heure », qui était ensuite devenu député gaulliste et ministre de Georges Pompidou.
Actuellement en visite en France, la vice-présidente américaine Kamala Harris était sur place à l’Arc de Triomphe, estimant qu’il était « important » d’être présente car les États-Unis et la France ont « une longue histoire partagée », a-t-elle dit à son arrivée.
« Source d’inspiration »
Emmanuel Macron, portant un « Bleuet de France » comme les ministres et personnalités présents, a annoncé que l’Ordre de la Libération, créé en novembre 1940, « vivra » après la disparition du dernier Compagnon. En restant « une source éternelle d’inspiration pour les enfants de France, toujours unis ».
« La France est liberté, la France est transmission. Elle vit, survit et surmonte ses épreuves parce que, de génération en génération, des femmes et des hommes se transmettent le flambeau de l’idéal », a-t-il ajouté.
« Les Compagnons pensaient que leur expérience pouvait servir de source d’inspiration à la jeunesse française », avait expliqué mercredi le général Christian Baptiste, délégué national de l’Ordre de la Libération, en indiquant que le musée de l’Ordre, situé aux Invalides, devait tenir lieu de « boussole de citoyenneté » pour les nouvelles générations.

En juin 1960, en inaugurant le mémorial du Mont-Valérien à Suresnes (Hauts-de-Seine), Charles de Gaulle avait émis le souhait que le caveau n°9 de la crypte soit réservé au dernier des membres de l’Ordre de la Libération, qu’il avait créé pour « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de libération de la France et son empire ».
La cérémonie doit se dérouler « dans la plus grande sobriété et en silence » à l’exception d’une Marseillaise et du Chant des partisans, selon l’Élysée.
Emmanuel Macron se recueillera seul dans la crypte devant le cercueil, sur lequel il déposera une croix de Lorraine taillée dans le bois de la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris, comme l’avait souhaité Hubert Germain.
Ce cérémonial s’inspire de celui voulu par Charles de Gaulle lors de la célébration du 11 novembre 1945. Cette année-là, les corps de 15 hommes et femmes, plus tard rejoints par un seizième, symbolisant la France au combat de 1939 à 1945, avaient été accueillis sur la colline du Mont-Valérien.
La candidate à l’élection présidentielle du Rassemblement national, Marine Le Pen, espérait être présente au Mont-Valérien, mais l’Elysée a indiqué qu’aucun parlementaire ou chef de parti n’avait été convié à cette cérémonie, qui n’est pas ouverte au public.