Benbassa : « Pas de nouvel antisémitisme mais une évolution de l’antisémitisme »
La députée EELV refuse l'amalgame entre antisémitisme et critique d'Israël
Avec l’assassinat de Mireille Knoll, les marches blanches organisées par les antennes du Crif en France le 28 mars dernier en toile de fond, et les échos du procès en appel de Georges Bensoussan, le « nouvel antisémitisme » en France est scruté de plus près par la sphère médiatico-politique.
La députée EELV Esther Benbassa, directrice d’étude à la section des sciences religieuses de l’École Pratique des hautes études (Sorbonne) analyse dans les colonnes de La Croix à son tour la situation. A contrario de l’opinion désormais commune, « il n’y a pas de nouvel antisémitisme mais une évolution de l’antisémitisme ».
Elle décrit les métamorphoses de l’antisémitisme français de « l’anti-judaïsme chrétien du Moyen Âge, à base religieuse, contre le juif déicide qui n’a pas reconnu Jésus comme le Messie » à la création du concept d’antisémitisme au 19e siècle qui vient ajouter « une base économique, ‘voire raciale’, à la haine des juifs, supposés riches et capitalistes, maîtres du monde et exploiteurs de la classe ouvrière ».
Elle observe, toujours dans La Croix, que l’on assiste depuis plusieurs décennies, à « une renaissance de l’antisémitisme dans des milieux arabo-musulmans, à travers un basculement du soutien aux Palestiniens à l’idée que tous les juifs seraient responsables et redevables de la politique de l’État d’Israël ».
Un ressentiment alimenté par les chaînes satellitaires, Internet, et les prêches d’imams extrémistes.
En regard, elle déplore qu’une partie de la communauté juive fasse l’amalgame de toutes les critiques à l’égard d’Israël comment autant de manifestations de cet antisémitisme : « Porteur de cet amalgame, le Crif a refusé la présence de Jean-Luc Mélenchon à la marche blanche en hommage à Mireille Knoll », ce qu’elle déplore.