Bennett lance la « route de la souveraineté » et la construction en zone E1
La route reliant les villages palestiniens au nord de Maale Adumim permettra aux automobilistes juifs de rejoindre l'implantation depuis Jérusalem sans "frictions" avec les Arabes
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le ministre de la Défense Naftali Bennett a annoncé lundi qu’il avait ordonné à son bureau de faire avancer la planification d’une autoroute pour les automobilistes palestiniens qui les éloignera de la zone E1 controversée – une section de la Cisjordanie entre Jérusalem et Maale Adumim – où Israël poursuit la construction pour les résidents juifs par étapes en vue de l’annexion.
Le bureau de Bennett a déclaré que la route des Palestiniens, surnommée « route de la souveraineté », reliera les villages au nord de l’implantation de Maale Adumim – Azaim, Anata, Hizme et a-Ram – entre eux.
« Cela permettra aux véhicules palestiniens de circuler sans traverser le bloc de Maale Adumim, à proximité des localités juives », a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué, ajoutant que cela faciliterait la circulation dans la zone en séparant les usagers juifs et palestiniens.
« Sur le plan politique, la route permettra … la construction pour les résidents juifs dans la zone E1 », poursuit le communiqué, précisant qu’elle assurera effectivement la connexion de Jérusalem avec Maale Adumim.
Le projet d’autoroute, gelé depuis près de dix ans, va maintenant être transmis à la Haute commission de planification de l’administration civile, l’organe du ministère de la Défense chargé d’autoriser la construction en Cisjordanie, où il recevra les autorisations supplémentaires nécessaires pour le début des travaux de pavage.
Dans une déclaration jointe, Bennett a déclaré que la nouvelle autoroute « améliorera la qualité de vie des résidents de la région, évitera des frictions inutiles [pour les Israéliens] avec la population palestinienne et, plus important encore, permettra de poursuivre la construction des implantations ».
« Nous appliquons la souveraineté [à la Cisjordanie] en actes, pas en paroles », a conclu M. Bennett.
L’organisme de surveillance des implantations de La Paix maintenant a souligné qu’en éliminant les automobilistes palestiniens de l’E1, où Israël cherche à consolider la présence des implantations, le ministère de la Défense permet de faire avancer la construction de la barrière de sécurité en Cisjordanie autour de Maale Adumim et de l’E1, qui est depuis longtemps bloquée.
L’ONG de gauche a déclaré dans un communiqué que « la route prévue permettrait à Israël de couper la Cisjordanie en deux … et de supprimer la possibilité de créer un État palestinien viable ».
« Les seules routes qu’Israël a construites pour les Palestiniens au cours de ses 52 années de contrôle sur les territoires ont été conçues pour permettre à Israël de construire des implantations ou des barrières qui bloquent les routes palestiniennes existantes. Il n’y a aucun désir ici d’améliorer les transports palestiniens, seulement d’étendre les implantations », a déclaré La Paix maintenant.
L’annonce de Bennett est intervenue deux semaines après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné la promotion d’un plan pour quelque 3 500 logements dans la zone E1 qui avait été gelé depuis longtemps en raison des objections des gouvernements du monde entier favorables à une solution à deux États.
Le projet couperait la Cisjordanie occidentale en deux, ce qui réduirait considérablement les possibilités de développement au centre d’un futur État palestinien si un tel État devait être créé.
Le projet auquel Netanyahu fait référence comprend en fait deux plans au nord de Maale Adumim totalisant 3 426 maisons qui ont été préparés par le gouvernement de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin en 1994 et qui sont passés par une étape de planification précoce appelée « dépôt » en 2004 par l’administration civile, l’organe du ministère de la Défense chargé d’autoriser la construction des implantations. Le Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, avait abandonné les plans à la demande du président américain George W. Bush.
En 2012, Netanyahu a donné le feu vert à la résurrection du plan et il a de nouveau été approuvé pour « dépôt ». Le quotidien Haaretz a rapporté à l’époque que la France et le Royaume-Uni envisageaient de rappeler leurs ambassadeurs d’Israël en réponse à cette approbation. Le projet a depuis été gelé en raison de ce que Netanyahu a qualifié de pression des gouvernements européens et des États-Unis.
Le mois dernier, Netanyahu a annoncé qu’il avait levé les restrictions sur la construction du quartier controversé de Givat Hamatos à Jérusalem-Est, déclarant que 3 000 maisons y seraient construites pour les résidents juifs, en plus de 2 200 autres unités de logement pour les juifs dans le quartier voisin de Har Homa.