Berlin admet pour la première fois que l’AP subventionnerait les familles des terroristes
L'Allemagne s’engage à enquêter sur le système des "salaires" mensuels des palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes pour des délits liés au terrorisme
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
A la suite des demandes répétées de la part d’un député de l’opposition, le ministre des Affaires Etrangères allemand a reconnu que les fonds destinés aux « martyrs » et aux palestiniens emprisonnés en Israël ne proviennent pas uniquement de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), mais également en partie de la trésorerie de l’Autorité palestinienne (AP).
L’Allemagne soutient l’AP en allouant environ 160 millions d’euros par an. Ces fonds sont destinés au développement de projets spécifiques, et non pas pour des prétendus « salaires » pour les prisonniers palestiniens et les proches des terroristes tués.
« Des institutions palestiniennes effectuent des paiements aux familles des prisonniers et aux familles des terroristes tués ou blessés, y compris aux familles des agresseurs », selon un document du ministère des Affaires étrangères en date du 1er septembre. Le Times of Israel en a obtenu une copie.
Ce document indique que les prisonniers palestiniens bénéficient d’un soutien financier de la Commission des détenus et ex-détenus de l’OLP, parce que l’AP a cessé de payer les prisonniers après que le ministère des affaires des détenus et ex-détenus ait été dissous il y a deux ans. « Le gouvernement fédéral enquête sur des éléments qui indiqueraient que l’AP a contribué aux finances de la Commission des détenus de l’OLP », selon le document.
De plus, les familles des Palestiniens tués ou blessés par les forces israéliennes, notamment ceux qui ont été attaqués par les troupes israéliennes bénéficient d’allocations, reconnaît le document. « Ces paiements semblent provenir d’un fonds pour les tués et les blessés. Or ce fonds ne fait pas partie du budget de l’OLP, mais est financé par la trésorerie de l’AP. »
Ce document a été envoyé au député Volker Beck, qui dirige le groupe d’amitié inter-parlementaire germano-israélienne, en réaction à une deuxième requête soumise le 22 août après que la réponse du gouvernement à une question précédente l’ait laissé insatisfait.
Berlin dit ne pas financer l’OLP, mais uniquement certains des projets de l’AP, notamment dans les domaines du développement de la culture et de l’éducation, de l’aide humanitaire et de la prévention civile des crises.
« Si une partie de ces paiements (aux prisonniers palestiniens ou à leur famille) provient effectivement du budget de l’Autorité palestinienne, le gouvernement fédéral en référera à l’AP et à ses partenaires », peut-on lire dans le document.
En 2014, Mahmoud Abbas, président de l’AP, et également à la tête de l’OLP, a fermé le ministère des affaires relatives aux détenus et ex-détenus de l’AP et l’a transformé en une commission subordonnée a l’OLP.
« Le but de cette stratégie volontairement déroutante est de réduire la pression sur l’AP par les pays donateurs qui ne veulent pas que leur argent soit injecté dans le soutien du terrorisme », explique Yigal Carmon, le président de l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI) à la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine en juillet.
« Par contre, les bureaux sont restés les mêmes et le fonctionnaire responsable a simplement bénéficié d’un nouveau nom de poste. L’argent provient toujours de l’AP, qui le reçoit des pays donateurs, et l’organe qui coordonne tout cela reste l’AP. »
Plus tôt en août, Beck, membre du parti écologiste, a demandé par écrit à prendre connaissance de ce que le gouvernement allemand sait de ces paiements effectués par l’AP en faveur des prisonniers et des proches des terroristes blessés ou tués.
Au nom du gouvernement, Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires Etrangères a répondu simplement que l’AP n’a plus payé les prisonniers depuis la dissolution du ministère des affaires relatives aux prisonniers en 2014, et que l’OLP soutient les familles des palestiniens détenus en Israël.
« Les Palestiniens se justifient en disant qu’il faut à tout prix éviter que ces familles ne basculent dans la pauvreté. En effet, les Palestiniens sont victimes de peines collectives telles que la démolition de logements et la confiscation des permis de travail. La valeur de la subvention dépendra, entre autres de la durée de détention », écrit Steinmeier. « A la connaissance du gouvernement fédéral, la cause de la détention n’est pas un facteur de disctinction. »
Dans sa réponse écrite à Beck, Steinmeier n’évoque pas les paiements effectués en faveur des terroristes et de leurs familles.
Beck a promis d’insister auprès de Berlin à ce sujet.
“C’est une bonne chose que la politique de l’autruche du gouvernement prenne fin maintenant”, indique Beck au Times of Israel. « L’Allemagne et l’Union européenne doivent faire comprendre à l’AP et l’OLP que ces paiements aux terroristes et à leurs proches sont inacceptables et ne resteront pas impunis.
Il est inconcevable que le contribuable allemand finance une institution qui donne de l’argent aux familles des meurtriers d’Hallel Ariel, a-t-il ajouté. Ariel, 13 ans a été poignardée à mort dans son sommeil à son domicile de Kiryat Arba le 30 juin dernier.
La réponse du gouvernement allemand montre bien que Berlin sait très bien comment fonctionne ce soutien au terroriste, explique Beck.
« Mais le fait qu’ils ferment les yeux devant ce problème est incompréhensible. Lorsqu’en 2014 j’ai soulevé ce problème au ministre palestinien des Affaires sociales, il a coupé court à notre déjeuner. Les hauts fonctionnaires du bureau de liaison allemand à Ramallah étaient présents lors de ce repas. »
Selon la loi palestinienne, Ramallah paye 160 millions d’euros par an aux prisonniers et aux familles des terroristes. Les allocations mensuelles des prisonniers augmentent proportionnellement à la durée de la peine.
Selon MEMRI, l’allocation varie de 1 500 shekels par mois pour une peine allant de un à trois ans, à 13 000 shekels pour peine de trente ans et plus. Un supplément de 78 dollars est accordé aux terroristes de Jérusalem et de 130 dollars pour les terroristes arabes israéliens.