« Bibi va-t-il en finir avec Israël ? » demande The Economist dans son dernier numéro
Pour l'hebdomadaire britannique, le gouvernement de Netanyahu se dirige tout droit vers une crise constitutionnelle. Il appelle au réalignement des électeurs les plus modérés
En couverture de son dernier numéro, le prestigieux hebdomadaire britannique The Economist dresse le portrait du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans le cadre d’un éditorial mettant en garde contre son projet de réforme judiciaire de grande ampleur.
« Bibi va-t-il en finir avec Israël ? », titre ce numéro, qui emploie le surnom bien connu de Netanyahu.
L’éditorial affirme que les mesures prises par le gouvernement Netanyahu pour réformer le système judiciaire risquent bien d’ouvrir une véritable crise constitutionnelle, l’État juif étant particulièrement vulnérable aux dissensions internes.
« Ce devrait au contraire être un moment propice pour Israël », dit l’éditorial, citant à l’appui la sécurité relative du pays et son économie prospère.
« Mais au lieu de se réjouir, Israël fait face à une crise. Les réformes judiciaires proposées par le gouvernement de coalition de droite risquent de saper l’État de droit et affaiblir la démocratie israélienne. »
L’éditorial estime que Netanyahu risque de détruire les acquis du passé et met Israël en danger avec sa réforme judiciaire, citant à l’appui de sa démonstration les manifestations de grande ampleur contre la réforme, doublées des mises en garde de responsables de la sécurité, chefs d’entreprise et universitaires, et le manque de consensus au sein de la société.
Cette lutte pourrait très bien déboucher sur une épreuve de force entre le gouvernement et la Cour suprême, forçant l’armée et la population à choisir leur camp, dit-il.
L’article affirme qu’Israël est « exceptionnellement vulnérable » aux troubles civils en raison de la dépendance de l’économie – axée sur les nouvelles technologies – aux dépenses de recherche et développement et à la rétention des cerveaux les plus talentueux.
Israel is in turmoil. A struggle over its identity has become polarised. Moderate Israelis must resist Binyamin Netanyahu’s power grab—and prevent him from breaking the country https://t.co/G3ueeFHeVF pic.twitter.com/iyrnztldim
— The Economist (@TheEconomist) March 16, 2023
Selon lui, le pays serait également en danger en raison de son partenariat crucial avec les États-Unis, aujourd’hui très inquiets de la réforme, et parce que les politiques radicales sont de nature à attiser les troubles en Cisjordanie et chez les Arabes israéliens.
« Cette réforme juridique devrait être suspendue », conclut l’éditorial, appelant à trouver un meilleur équilibre, dans le consensus, entre les tribunaux et la Knesset.
L’article plaide également en faveur d’un réalignement politique, relevant que la plupart des électeurs sont modérés, mais que l’électorat s’est divisé autour de l’empreinte « toxique » de Netanyahu.
« Son temps est révolu. Pour empêcher Bibi de précipiter Israël dans les abysses, les modérés doivent lui résister et faire pression pour que s’impose un gouvernement qui mette à l’abri l’unique véritable démocratie libérale du Moyen-Orient », dit-il.
Le mois dernier, l’hebdomadaire avait publié une caricature qui tournait en dérision la réforme et montrait Netanyahu en train de donner un coup de batte à « l’indépendance judiciaire ».
Le journal avait également publié un éditorial intitulé « La réforme judiciaire israélienne est une réponse épouvantable à un problème bien réel », déjà très critique envers les projets du gouvernement Netanyahu.