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Biden menace de freiner l’aide militaire à Israël : Réactions en Israël et aux États-Unis

Le président américain a toutefois assuré que les Etats-Unis continueraient à "faire en sorte qu'Israël soit protégé par le Dôme de fer"

Le président américain Joe Biden écoutant lors d'une réunion bilatérale élargie avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des responsables du gouvernement américain, le 18 octobre 2023. (Crédit : Evan Vucci/AP)
Le président américain Joe Biden écoutant lors d'une réunion bilatérale élargie avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des responsables du gouvernement américain, le 18 octobre 2023. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Le président américain Joe Biden a averti mercredi, pour la première fois, qu’il « ne livrerait pas » certaines armes à Israël, dont les Etats-Unis sont le premier soutien militaire, en particulier des « obus d’artillerie », en cas d’offensive majeure à Rafah.

C’est la première fois que le président américain pose ainsi publiquement des conditions au soutien militaire américain à Israël.

« S’ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées (…) contre des villes », a dit le démocrate de 81 ans dans un entretien avec la chaîne CNN.

« Nous ne livrerons pas les armes et les obus d’artillerie qui ont été utilisés » jusque-là, a encore déclaré Joe Biden.

Interrogé sur la décision américaine de suspendre la semaine dernière la livraison d’une cargaison de bombes, il a commenté : « Des civils ont été tués à Gaza à cause de ces bombes » américaines, et ajouté : « C’est mal. »

Il a toutefois assuré que les Etats-Unis continueraient à « faire en sorte qu’Israël soit protégé par le Dôme de fer », son bouclier de défense anti-aérienne.

Le président américain Joe Biden (au centre) se dirigeant vers un système de défense anti-missile « Dôme de fer », lors d’une visite à l’aéroport Ben Gurion, à proximité de Tel Aviv, en Israël, le 13 juillet 2022. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

Interrogé sur l’opération militaire qu’Israël a d’ores et déjà lancée à Rafah, localité du sud de la bande de Gaza où plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés, Joe Biden a dit qu’elle ne touchait pas des « centres de population », laissant donc entendre qu’il ne s’agit pas là de l’offensive majeure qu’il redoutait.

Interrogé pour savoir si Israël avait déjà franchi une ligne rouge à Rafah, il a répondu : « Pas encore. »

« Je l’ai dit clairement à Bibi (le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ndlr) et au cabinet de guerre, ils n’auront pas notre soutien s’ils entrent vraiment dans les centres de population », a encore affirmé le président américain.

« Nous ne prenons pas nos distances avec la sécurité d’Israël, nous prenons nos distances avec la capacité d’Israël de faire la guerre dans ces zones », a-t-il déclaré.

Des personnes inspectant un cratère d’impact sur le site d’un bâtiment touché par des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 mai 2024. (Crédit : AFP)

Joe Biden a endossé le rôle de premier soutien à Israël à la suite de l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, date à laquelle 3 000 terroristes armés ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 252 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.

Selon un haut responsable américain sous couvert d’anonymat, une cargaison composée « de 1 800 bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 1 700 bombes de 500 livres (226 kg) » a été suspendue la semaine dernière.

Le Premier ministre israélien martèle depuis des mois être déterminé à lancer une offensive terrestre d’ampleur contre la ville de Rafah où, affirme-t-il, se cachent les derniers bataillons du groupe terroriste islamiste du Hamas, mais où sont réfugiés aussi 1,4 million de Palestiniens, dont plus d’un million déplacés par sept mois de combats et de bombardements qui ont laissé en ruines le reste de la bande de Gaza.

Le ministre du Patrimoine, Amichay Eliyahu (Otzma Yehudit), a réagi à la menace du président américain en la comparant au pacte de Munich conclu par l’ancien Premier ministre britannique Neville Chamberlain avec l’Allemagne nazie.

Le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu s’exprime pendant les funérailles de Matan Elmaliach, victime du terrorisme, au cimetière de Maale Adumim, le 22 février 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

« Joe Biden peut être [Winston] Churchill mais il choisit d’être Chamberlain, il choisit le déshonneur et obtiendra à la fois le déshonneur et la guerre », a tweeté Eliyahu, citant la célèbre critique de Churchill à l’égard de Chamberlain.

De son côté, Simcha Rothman (HaTzionout HaDatit) a relayé la déclaration de Mitt Romney selon laquelle « les tergiversations de Biden sur les armes d’Israël sont une mauvaise politique et un message terrible pour Israël, nos alliés et le monde ».

Donald Trump, ancien président des États-Unis et actuel candidat du parti républicain à l’élection présidentielle, a critiqué le président Biden pour avoir conditionné la fourniture d’armes et le soutien des États-Unis à l’absence d’incursion d’Israël à Rafah, affirmant que Biden prend le parti du Hamas dans le conflit et « conduit le monde tout droit à la Troisième Guerre mondiale ».

Dans un message publié sur son réseau social Truth, Trump affirme que
« Crooked Joe prend le parti de ces terroristes » – en référence au Hamas –
« tout comme il s’est rangé du côté des groupes radicaux qui envahissent nos campus universitaires, parce que ses donateurs les financent ».

L’ancien président des États-Unis et candidat à l’élection présidentielle de 2024, Donald Trump, s’exprime lors de la réunion annuelle de la Conservative Political Action Conference (CPAC), le 24 février 2024, à National Harbor, dans le Maryland. (Crédit : Mandel NGAN / AFP)

« Biden est faible, corrompu et mène le monde tout droit à la Troisième Guerre mondiale », affirme-t-il, affirmant une fois de plus que la guerre entre Israël et le Hamas n’aurait pas été déclenchée s’il avait été président.

D’éminents démocrates pro-israéliens ont reproché à Biden d’avoir menacé d’interrompre le transfert d’armes offensives à Israël si Tsahal menait une offensive à Rafah.

« Nous ne sommes pas du tout d’accord et nous sommes profondément déçus », a déclaré le sénateur américain John Fetterman (Pennsylvanie).

Le représentant Ritchie Torres (New York), qui a exprimé ouvertement son soutien à Israël depuis le 7 octobre, a déclaré à Axios qu’il soupçonnait Biden de « se plier à l’extrême gauche ».

Le Représentant Ritchie Torres, Démocrate-New York, interroge des témoins lors d’une audience d’un comité spécial de la Chambre dédié à la lutte contre la Chine, au Capitole, le 28 février 2023, à Washington. (Crédit : AP Photo/Alex Brandon)

« On dirait que c’est la pression politique de l’année électorale qui l’a motivé. C’est mon impression », a-t-il ajouté. « J’aimerais que le président fasse ce qu’il faut pour Israël et reconnaisse que l’extrême gauche n’est pas représentative du reste du pays. »

Torres a également publié une déclaration sur X pour dénoncer cette décision, affirmant que les « messages contradictoires de l’administration tournent en dérision notre crédibilité en tant qu’allié ».

« Personne ne prendra notre parole au sérieux », a-t-il écrit, notant les promesses précédentes du président américain de soutenir la sécurité d’Israël de manière « inébranlable« .

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU a estimé jeudi « difficile à entendre et très décevante » la menace du président américain de cesser la livraison de certaines armes à Israël en cas d’offensive d’ampleur à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

L’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, Gilad Erdan, s’exprime lors d’une réunion du Conseil de sécurité au siège des Nations unies, le 18 avril 2024. (Crédit : AP Photo/Yuki Iwamura)

« C’est une déclaration très dure à entendre et décevante de la part d’un président à qui nous avons été reconnaissant depuis le début de la guerre », a déclaré Gilad Erdan à la radio publique israélienne.

« Il est assez clair que n’importe quelle pression sur Israël, n’importe quelle restriction qui lui est imposée, même de la part d’alliés proches soucieux de nos intérêts, est interprétée par nos ennemis » et « leur donne espoir », a-t-il ajouté. « De nombreux juifs américains ont voté pour le président et pour le parti démocrate, et maintenant ils hésitent. »

« Si Israël est empêché d’entrer dans une zone aussi importante que le centre de Rafah, où il y a des milliers de terroristes, d’otages et les dirigeants du Hamas, comment l’objectif d’anéantir le Hamas est-il censé être atteint ? », a interrogé l’ambassadeur israélien.

« Au final, l’Etat d’Israël fera ce qu’il pense doit être fait pour la sécurité de ses citoyens », a-t-il affirmé.

Le sénateur républicain Lindsey Graham a aussi dénoncé la décision de l’administration Biden.

Le sénateur républicain Lindsey Graham, s’exprimant lors de l’audition de la commission judiciaire du Sénat sur la sécurité des enfants en ligne « Big Tech and the Online Child Sexual Exploitation Crisis », au Capitole, à Washington, le 31 janvier 2024. (Crédit : Mark Schiefelbein/AP)

« Si nous bloquons les armes nécessaires pour détruire les ennemis de l’État d’Israël à un moment de grand péril, nous en paierons le prix », a déclaré Graham. « C’est obscène. C’est absurde. Donnez à Israël ce dont il a besoin pour mener la guerre qu’il ne peut se permettre de perdre ».

Le chef des Républicains au Sénat, Mitch McConnell, a pour sa part estimé que Biden avait cédé « à la pression politique intérieure de la base anti-israélienne de son parti et des communistes du campus qui ont décidé de brandir le drapeau du Hamas et du Hezbollah ».

McConnell a jugé que cette décision était « dévastatrice » et qu’elle allait « enhardir l’Iran et ses mandataires terroristes ».

Le sénateur indépendant Bernie Sanders, candidat à sa réélection, quant à lui, a affirmé que « le président Biden a tout à fait raison d’interrompre la livraison de bombes à ce gouvernement israélien d’extrême droite. Mais ce n’est qu’une première étape ».

Bernie Sanders estime en effet que les États-Unis doivent maintenant exiger « un cessez-le-feu immédiat, la fin des attaques sur Rafah et la livraison immédiate de quantités massives d’aide humanitaire aux personnes vivant dans le désespoir ».

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a écrit sur X qu’
« Israël continuera à combattre le Hamas jusqu’à sa destruction » après la menace du président américain Joe Biden de ne pas livrer d’armes en cas d’incursion totale à Rafah.

« Il n’y a pas de guerre plus juste que celle-là », a ajouté. Katz.

Le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, a tweeté : « le Hamas aime Biden ».

Le chef de l’opposition Yair Lapid a appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à limoger le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir après ce tweet.

« Si Netanyahu ne renvoie pas Ben Gvir aujourd’hui, il met en danger chaque soldat de Tsahal et chaque citoyen de l’État d’Israël », a déclaré Lapid dans un communiqué.

Lapid a églament déclaré que la menace de Biden était le résultat de
« l’échec de la gestion du gouvernement d’Israël ». S’exprimant sur Radio 103FM, Lapid a affirmé que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu « a déplacé les arguments vers la sphère publique », ajoutant que « la transformation de cette affaire en désaccord public en temps de guerre est entièrement imputable au gouvernement. »

« Nous n’étions pas censés en arriver là », a-t-il ajouté. « Le Premier ministre, une minute après que les Américains nous ont donné 14 milliards de dollars, s’est rendu à Yad Vashem le jour de la commémoration de l’Holocauste où il a déclaré que ‘si Israël devait rester seul, il restera seul’. Les Américains ont été offensés par cette déclaration. »

Le député du parti HaTzionout HaDatit, Ohad Tal, a dénoncé le « fossé entre les belles paroles que le président Biden a prononcées cette semaine sur le fait de ne pas oublier les horreurs du 7 octobre, et [ses] actions ». Il l’a également accusé de « ne pas avoir fait le bon choix » entre « le mal absolu et le bien ».

Dans le discours qu’il a prononcé mardi à l’occasion de Yom HaShoah, Biden avait déclaré que « sept mois et demi plus tard, les gens oublient déjà que le Hamas a déclenché le terrorisme, que c’est le Hamas qui a brutalisé les Israéliens, que c’est le Hamas qui a pris des otages et qui continue à les retenir captifs ».

Selon l’Associated Press, le président a retardé l’annonce de sa nouvelle politique d’armement d’Israël jusqu’à la fin de son discours.

« La position du président Biden sur Rafah et les ventes d’armes conditionnelles ne met pas seulement Israël en danger, mais aussi l’ensemble du monde libre », a déclaré Dan Illouz (Likud).

« Depuis le 7 octobre, Israël a vaillamment mené le combat mondial pour la liberté. La politique [de Biden] risque de compromettre notre lutte vitale contre l’horrible organisation terroriste du Hamas, menaçant ainsi la sécurité mondiale et encourageant le terrorisme dans le monde entier ».

La cheffe du parti Avoda Merav Michaeli s’entretenant avec le chef de Yesh Atid Yaïr Lapid lors d’une conférence de presse à la Knesset, à Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La présidente sortante du parti travailliste, Merav Michaeli, a critiqué Netanyahu et sa coalition de droite dure.

« Netanyahu et son gouvernement continuent d’aggraver la situation stratégique d’Israël et nous rapprochent de plus en plus d’un danger existentiel », a-t-elle écrit sur Twitter.

« C’est ce que Netanyahu a fait tout au long de son mandat. Maintenant, tout cela est étalé au grand jour, et son acolyte est un jeune homme embarrassant qui ne sait que crier ‘c’est moi le patron ici' », écrit-elle, faisant référence au récent tweet de Ben Gvir.

« Netanyahu est dangereux pour Israël », a ajouté Michaeli.

Désavouant les critiques « irresponsables et insultantes » de Ben Gvir à l’encontre de Biden, le président israélien  Isaac Herzog qualifie le dirigeant américain de « grand ami de l’État d’Israël ».

Le président Isaac Herzog lors d’une cérémonie en l’honneur d’Amir Yaron, dont le mandat vient d’être prolongé pendant encore cinq ans, à la résidence présidentielle, à Jérusalem, le 18 décembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/FLASH90)

S’exprimant lors d’une cérémonie d’État commémorant la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, Herzog a déclaré que cet événement constitue « une occasion notable de remercier les alliés de l’État d’Israël aujourd’hui encore, et en particulier notre plus grand allié, les États-Unis d’Amérique. Je voudrais remercier le président Biden, qui est un grand ami de l’État d’Israël et qui l’a prouvé dès le premier jour de la guerre.

Dans une pique à Ben Gvir, Herzog a indiqué que « dans le contexte des nouvelles de ce matin, il est important pour moi de dire que même lorsqu’il y a des désaccords et des moments de déception entre amis et alliés, les différends devraient être résolus d’une certaine manière, et il est de notre responsabilité à tous d’éviter les déclarations et les tweets sans fondement, irresponsables et insultants qui nuisent à la sécurité nationale et aux intérêts de l’État d’Israël. »

Le Jour de la Victoire, célébré en Russie le 9 mai, est la fête laïque la plus importante du pays. Il commémore la détermination de l’Armée rouge soviétique et les pertes subies pendant la Seconde Guerre mondiale.

Israël organise également des événements ce jour-là pour les immigrants de Russie et des anciens pays soviétiques, dont les vétérans de l’armée. Le Royaume-Uni, les États-Unis, la France et d’autres pays célèbrent le Jour de la Victoire en Europe (V-E Day) le 8 mai, date à laquelle l’Allemagne s’est officiellement rendue aux forces alliées.

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