Blinken à Abbas : Washington soutient « des mesures tangibles pour la création d’un Etat palestinien »
Alors qu'il tente de rallier la région à une vision d'après-guerre pour Gaza, la rencontre aurait été « tendue » tandis que des centaines de personnes à l'extérieur manifestaient

Après avoir rencontré mardi les dirigeants israéliens à Tel Aviv, le secrétaire d’État américain Antony Blinken arrive à Ramallah pour une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Debout devant une photographie du Dôme du Rocher de Jérusalem et un drapeau palestinien, les deux hommes, flanqués de leurs collaborateurs, ont échangé un e poignée de main.
Le secrétaire d’Etat américain « a réaffirmé mercredi que les Etats-Unis soutenaient des mesures tangibles pour la création d’un Etat palestinien ».
Il a également insisté sur le fait que « tous les impôts palestiniens collectés par Israël (devaient) être systématiquement transférés à l’Autorité palestinienne, conformément aux accords passés », alors qu’Israël bloque ces fonds, ce qui entraîne des difficultés financières pour l’Autorité palestinienne.
Israël collecte des recettes fiscales mensuelles au nom de Ramallah sur les importations et les exportations, et transfère ces fonds à l’AP, mais retient fréquemment une partie de ces fonds, notamment en raison du paiement par Ramallah d’allocations aux condamnés pour terrorisme et aux familles des terroristes tués. L’Etat hébreu a récemment averti qu’il n’autoriserait pas l’Autorité palestinienne à transférer des fonds destinés aux services et aux salaires dans la bande de Gaza, alléguant que cet argent pourrait parvenir au Hamas alors qu’Israël est en guerre contre le groupe terroriste.
Lors de cette rencontre avec Abbas, Blinken a également évoqué la nécessité d’introduire « des réformes administratives » susceptibles de « bénéficier au peuple palestinien ».
Blinken a aussi abordé la « volatilité accrue » en Cisjordanie, où il y a eu une vague d’attaques terroristes contre des Israéliens et une augmentation des opérations de Tsahal pour réprimer le Hamas et d’autres groupes terroristes.

Abbas a déclaré au secrétaire d’État américain en visite que la bande de Gaza faisait partie intégrante du projet d’État palestinien et qu’elle ne devait pas être isolée à la suite de la guerre menée par Israël contre le Hamas, selon un communiqué officiel.
Le communiqué, publié par l’agence de presse palestinienne WAFA, cite encore Abbas affirmant que les Palestiniens ne devraient pas être déplacés de la bande de Gaza ou de la Cisjordanie.
Abbas a par ailleurs appelé à « la tenue d’une conférence de paix internationale pour mettre fin à l’occupation israélienne du territoire de l’État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale, afin de parvenir à la paix et à la sécurité pour tous », d’après WAFA.
Des sources ont confié à Sky News Arabia que la réunion a été « tendue » et marquée par des « discussions ».
Selon le reportage, Abbas aurait demandé à Blinken de faire pression sur Israël pour qu’il débloque les fonds gelés de l’AP. « Si vous ne parvenez pas à débloquer les fonds, comment pourriez-vous faire pression sur Israël pour parvenir à la paix et à la création d’un État palestinien ? » aurait demandé Abbas.
Blinken a ensuite réitéré ses demandes pour que Abbas entreprenne des réformes au sein de l’AP, toujours selon Sky News Arabia.
Des centaines de Palestiniens ont défilé dans les rues de Ramallah pour protester contre la visite du secrétaire d’État américain.

Les manifestants brandissaient des pancartes disant « Blinken, tu n’es pas le bienvenu ici », ainsi qu’une pancarte avec des triangles rouges sous le nom de Blinken, comme ceux utilisés dans les vidéos de propagande du Hamas sur les attaques contre des soldats de Tsahal.
A protest march in Ramallah, Palestine, rejecting the visit of US Secretary of State Anthony Blinken. pic.twitter.com/bOyHcaZeJZ
— Darine (@Darineeli) January 10, 2024
La manifestation a ensuite été dispersée par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne.
Plus tard dans la journée de mercredi, Blinken devait rencontrer les dirigeants jordaniens et égyptiens, deux alliés des États-Unis qui servent depuis longtemps de médiateurs dans le conflit israélo-palestinien, dans la ville jordanienne d’Aqaba, sur la mer Rouge.
Antony Blinken se rendra àussi Bahreïn mercredi, ajoutant une étape à son marathon diplomatique au Moyen-Orient, selon un responsable du département d’Etat.
Il y rencontrera le roi Hamad bin Isa Al Khalifa dans le cadre de ses discussions sur les moyens d’éviter une escalade du conflit entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.